Moscou joue sur le rouble pour amortir le choc
La Russie a jusqu'ici laissé filer le rouble pour annihiler l'impact sur ses recettes budgétaires de la chute du baril.
Par Yves Bourdillon
« L'année 2016 ne sera pas simple. » L'euphémisme du ministre russe des Finances, Anton Silouanov, lors d'une interview télévisée mercredi, résume bien les sombres perspectives de l'économie russe. Certes, le pétrole ne représente qu'un dixième du PIB, mais il fournit plus du tiers des recettes budgétaires. Le budget 2016 a été bâti sur l'hypothèse d'un baril à 50 dollars, nettement audessus du cours actuel. Anton Silouanov a reconnu qu'il s'attendait désormais à un cours moyen de 40 dollars, ce qui entraînerait une récession de 2 % en 2016.
L'Etat russe a adopté une stratégie assez simple et efficace jusqu'ici pour compenser la chute des cours : laisser filer le rouble au même rythme que tombe le baril, afin de maintenir constantes les recettes en monnaie nationale et donc « sanctuariser » ses dépenses sociales et son budget militaire.
Mais cette stratégie a ses limites car, avec un rouble passé mardi sous les 80 pour 1 euro, un plus bas depuis la crise spéculative de l'hiver 2014, elle entraîne un regain d'inflation sur les produits importés, notamment alimentaires. Au vu de la stagnation économique actuelle, le gouvernement a réduit les effectifs dans l'administration ou le secteur de la santé, pour préserver ses subventions aux secteurs en difficulté : banque, construction, automobile.
Y. B.