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L'Allemagne rassurée par le succès du salaire minimum

Introduit il y a un an, il n'a pas fait augmenter le chômage.

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Par Thibaut Madelin

Publié le 31 déc. 2015 à 01:01

Les Cassandre avaient prévu une destruction massive d'emplois. Le salaire minimum, introduit le 1er janvier 2015 en Allemagne, n'a pas eu les conséquences redoutées, même s'il est sans doute trop tôt pour juger ses effets à long terme. « Contrairement à certaines craintes bruyantes, on ne constate aucun plissement de l'économie ni de pertes d'emplois », s'est réjouie dans une interview la ministre du Travail sociale-démocrate (SPD), Andrea Nahles, parlant de « la plus importante réforme sociale des dernières décennies ».

Deux défis clefs

Avant son introduction, à 8,50 euros de l'heure, de nombreux économistes allemands avaient prévu plusieurs centaines de milliers de pertes d'emplois. Le très orthodoxe Hans-Werner Sinn, ancien président de l'institut de conjoncture munichois IFO, avait même évoqué la destruction à terme de quelque 900.000 postes. Douze mois plus tard, c'est l'inverse qui s'est produit. Le marché de l'emploi allemand comptait 43,5 millions d'actifs en octobre 2015, 400.000 de plus qu'un an plus tôt. Le chômage plafonne à 4,5 %, selon Eurostat.

Dans certains secteurs, où les salaires étaient nettement inférieurs à 8,50 euros brut de l'heure, on assiste à un transfert de contrats sur la base d'un « minijob » (payé jusqu'à 450 euros par mois) vers des contrats de travail traditionnels, fût-ce à temps partiel. C'est le cas dans la gastronomie et la restauration, où plus de 60.000 emplois assujettis à l'assurance sociale obligatoire ont été créés depuis un an. Revers de la médaille : les « minijobs », qui restent un instrument de flexibilité très prisé des PME, perdent une partie de leur attrait. Selon l'Agence centrale des minijobs, qui les recense, leur nombre a baissé de 2,7 %, ou 187.125, entre septembre 2014 et septembre 2015, à 6,5 millions. Mais c'est aussi l'objectif.

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Le smic allemand reste soumis à deux défis clefs cette année. Premièrement, la commission composée à parité de représentants des employeurs et des salariés (plus deux experts) doit déterminer d'ici à mi-2016 si son niveau doit être adapté au 1er janvier 2017. Le syndicat des services Ver.di plaide pour un salaire minimum de 10 euros de l'heure. La hausse moyenne de 2,7 % des salaires en Allemagne au troisième trimestre donne des munitions aux syndicats, au grand dam des employeurs qui craignent pour leur compétitivité. Le gouvernement ne siège pas à cette commission, mais la perspective des élections de septembre 2017 pourrait influencer les choses. « Comme l'Allemagne se porte bien économiquement et que les salaires ont augmenté, le salaire minimum devrait aussi en profiter », estime ainsi la ministre Andrea Nahles.

Deuxième défi : l'intégration des réfugiés sur le marché du travail. En 2015, plus de 1 million de demandeurs d'asile sont arrivés en Allemagne. Théoriquement, ces forces vives pourraient combler la pénurie de main-d'oeuvre qui menace le pays vieillissant. Mais, dans la pratique, seule une minorité est qualifiée et parle allemand. Pour accélérer les choses, les employeurs plaident pour que les réfugiés soient payés moins que le salaire minimum pendant six mois après leur embauche, comme cela est prévu po ur les chômeurs de longue durée.

Correspondant à Berlin Thibaut Madelin

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