Les cliniques renoncent à la grève
Plusieurs syndicats de médecins libéraux dénoncent la levée du préavis des établissements.
Par Solveig Godeluck
« Nous avons noué un dialogue constructif avec la ministre » : c'est la première fois que l'intransigeant Lamine Gharbi, président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), fait montre de sa satisfaction depuis le début du bras de fer avec Marisol Touraine et ses équipes sur le projet de loi santé, en novembre. Hier matin, le syndicat patronal a annoncé qu'il renonçait à la grève prévue à partir du 5 janvier. « Nous avons décidé de lever ce préavis car les dangers sont écartés », a expliqué Lamine Gharbi.
La grande peur des cliniques, c'est d'être tenues à l'écart du « service public hospitalier » (SPH), en raison des dépassements d'honoraires facturés par les médecins libéraux qui y travaillent. Le projet de loi santé qui crée ce nouveau label stipule dans sa rédaction initiale que l'ensemble des médecins qui oeuvrent dans les établissements SPH doivent rester en secteur 1, c'est-à-dire pratiquer des tarifs opposables.
Une pierre angulaire
La ministre ne veut pas reculer sur ce principe, car l'accessibilité financière est une pierre angulaire du service public. Mais elle a lâché du lest, acceptant de négocier des « dérogations ». Dès lundi, un groupe de travail de concertation va se réunir pour réécrire l'article contesté du projet de loi. Seront invités par le ministère les syndicats de médecins libéraux, l'Ordre des médecins, sans doute l'Assurance-maladie. Le texte remodelé passera devant le Parlement au printemps. Toutefois, si les patrons des établissements privés renoncent à la grève, plusieurs syndicats de médecins n'entendent pas rendre les armes. « La FHP n'a obtenu que des déclarations d'intention, alors que nous n'avons aucune confiance dans le cabinet Touraine », explique Philippe Cuq, porte-parole du Bloc, qui appelle quelque 15.000 chirurgiens, anesthésistes, obstétriciens à boycotter les salles d'opération lundi. « Il faut fermer les blocs opératoires, renchérit Eric Henry, du petit syndicat de spécialistes SML. Nous demandons le retrait de cette loi qui va détruire le système de santé français. » L'Umespe-CSMF, premier syndicat de spécialistes, « appelle l'ensemble des praticiens des plateaux techniques lourds à rejoindre au plus vite le mouvement de l'ensemble des médecins libéraux ».
Dans ce climat tendu, la concertation qui s'ouvre est risquée pour l'exécutif, car les médecins, remontés, vont tenter d'obtenir une revalorisation de leurs honoraires. C'est l'une des raisons de la grève des généralistes depuis Noël. MG France a d'ailleurs appelé à une fermeture des cabinets le 6 janvier.
S. G.