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Une majorité d'universités font le pari de l'autonomie

Le 1er janvier, 51 universités sur 83 seront passées aux responsabilités et compétences élargies. Si le processus donne davantage de souplesse et d'initiative aux établissements, il continue néanmoins de soulever des critiques.

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Par Maxime Amiot

Publié le 31 déc. 2009 à 01:01

Acte deux, scène 1. Demain, 33 universités passeront à l'autonomie budgétaire, rejoignant quelque 18 autres établissements déjà sous ce statut depuis le 1erjanvier 2009, en application de la loi LRU votée en août 2007. Sur les 83 universités françaises, désormais une large majorité (60 %) aura fait le choix de l'autonomie. « L'expérience donne envie aux autres », se réjouit la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse. En tout, les établissements autonomes se verront confier une masse salariale de 5,3 milliards d'euros et plus de 97.000 emplois. D'ici à 2012, l'ensemble des établissements aura accédé à l'autonomie.

Répartir les emplois
Jusqu'ici gérée par l'Etat, la masse salariale des universités leur sera désormais pleinement dévolue. « Cela va nous apporter de l'agilité et de nouvelles marges de manoeuvre », se réjouit Guy Chatelineau, président de l'université Rennes-I, qui passe à l'autonomie le 1erjanvier, avec un budget total de 256 millions d'euros. Plutôt que remonter au ministère pour négocier leurs postes, les établissements autonomes peuvent recruter librement des contractuels et répartir les emplois comme ils l'entendent. Le processus de recrutement des enseignants change également : tandis qu'auparavant ceux-ci devaient passer devant une « commission de spécialistes », nommée pour quatre ans et réunie à date fixe, ils sont désormais jugés par un comité de sélection, composé pour moitié de représentants extérieurs à l'université.

Même liberté du côté des rémunérations, avec la possibilité de mettre en place des primes ciblées. Après un an d'autonomie, l'université d'Aix-Marseille-II a mis en place une prime de 20.000 euros destinée à la « meilleure équipe pédagogique », ainsi qu'une prime de « qualité pédagogique », basée sur l'évaluation des professeurs par leurs étudiants. Comprise entre 3.500 euros et 15.000 euros annuels par personne, 54 enseignants devraient pouvoir en bénéficier. Enfin, une prime d'excellence scientifique sera attribuée à 20 % des enseignants-chercheurs.

Performance des établissements
Cette « culture du résultat », chère à Valérie Pécresse, se retrouve dans le nouveau système d'allocation des moyens, prévu par la loi sur l'autonomie : il prévoit que 20 % du budget octroyé aux universités sera désormais affecté en fonction de la performance des établissements en matière de formation et de recherche, contre 3 % actuellement. L'autre partie (80 %) est attribuée en fonction de la « réalité de l'activité des établissements ». Elle prend notamment en compte le nombre d'étudiants présents aux examens (et non plus celui des étudiants inscrits) et le nombre d'enseignants-chercheurs publiant pour la recherche. Autant d'évolutions qui inquiètent fortement les syndicats d'étudiants et d'enseignants. Au coeur de la contestation des étudiants à l'automne 2007, la loi LRU est accusée d'ouvrir la voie à la privatisation des établissements et de mettre en concurrence les universités. La question de la gouvernance fait débat. Désormais, les conseils d'administration sont resserrés - trente membres contre une soixantaine auparavant -, et plus diversifiés - les membres extérieurs à l'établissement sont mieux représentés. Une organisation accusée de donner trop de pouvoirs aux présidents - qui ont par exemple le dernier mot en matière de recrutement -et que certains d'entre eux critiquent ouvertement. « Etre élue, comme je le suis, par un collège de 30 membres ne comprenant que 14 enseignants-chercheurs me paraît trop peu représentatif. D'autant moins dans une université pluridisciplinaire comme la nôtre », regrette Josette Travert, présidente de l'université de Caen Basse-Normandie, qui a réformé ses statuts, mais qui passera d'ici à 2012 à l'autonomie.

MAXIME AMIOT

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