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Interview

Stéphane Richard : " Nous devons construire une offre, avec ou sans la CMN, pour répondre aux besoins de l'île " (31/07/2006)

LE DIRECTEUR GÉNÉRAL DE VEOLIA TRANSPORT

Par Julie CARCELLER

Publié le 31 juil. 2006 à 03:30

La remise des dossiers en réponse à l'appel d'offres pour la délégation de service public afin d'assurer la desserte maritime de la Corse est prévue vendredi prochain. Contrairement à 2001, cette fois-ci la SNCM et la CMN ne vont pas déposer une proposition commune.

Qu'est-ce que cela change ?

Il est en effet très probable qu'il n'y aura pas, à ce stade de la procédure, de proposition commune. Je le déplore, car je crois que l'équipe formée par la CMN et la SNCM est bonne pour la Corse. Les dirigeants de la maison mère de CMN, STEF-TFE, ont estimé que cette association ne devait pas être reconduite, car ils y posent un préalable sur l'évolution de la participation de la SNCM au capital de la CMN qu'il ne nous est pas possible de satisfaire. Nous prenons acte de cette situation avec regret.

Nous devons être capables de construire une offre, avec ou sans la CMN, qui réponde aux besoins de la Corse et à la délégation de service public, la DSP. Il peut encore se passer des choses d'ici à la fin de l'année, de nouvelles formes d'associations entre la SNCM et la CMN ne sont pas à exclure. Il s'agit de répondre aux besoins de la Corse. Nous ferons tout pour gagner cet appel d'offres, tout pour donner envie aux Corses de nous attribuer cette DSP.

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Vous parlez d'une querelle d'actionnaires née de la dénonciation par STEF-TFE d'un pacte qui la lie à la SNCM. Pourquoi ne pas saisir la justice pour trancher ce litige ?

Un pacte d'actionnaires lie la SNCM et la CMN depuis 1992. Nous nous situons dans l'application de cet engagement à l'inverse de STEF-TFE. Ce pacte donne la possibilité aux parties en cas de divergences stratégiques lourdes d'exercer une option d'achat sur la partie qui prend l'initiative de le rompre. Nous considérons que CMN a rompu unilatéralement ce pacte et nous nous apprêtons à exercer notre droit. Nous attendons dans les prochains jours la réponse de STEF-TFE.

Si elle devait être négative ?

Nous engagerons une procédure au tribunal de commerce afin qu'il tranche ce litige au plus vite.

La SNCM et la CMN ont mené des discussions ces dernières semaines afin de parvenir à une solution. Vous y seriez opposés. Pourquoi ?

Je souhaite trouver un accord avec la CMN, et c'est pour cette raison que j'ai accepté de participer, à l'invitation de M. Francis Lemor, le président de STEF-TFE, à des discussions et ce à partir du moment où il retirait son préalable, à savoir l'engagement ferme et définitif de la SNCM sur une rétrocession intégrale de sa participation dans la CMN. Nous ne sommes pas en mesure de prendre un engagement, aujourd'hui, sur ce sujet. A partir du moment où était levé ce préalable, nous avons discuté afin d'esquisser une solution équilibrée dans laquelle les deux compagnies répondaient ensemble à l'appel d'offres et où la SNCM rétrocédait une part du capital de la CMN à STEF-TFE de façon à arriver au co-contrôle, alors que la SNCM détient aujourd'hui 69 % des droits économiques. C'était un geste important. Je regrette que STEF-TFE ne l'ait pas compris. Il y a des milliers d'emplois en jeu et la bonne exécution du service public, ne l'oublions pas !

Vous avez, semble-t-il, proposé à la CMN de rentrer au capital de la SNCM à un prix dix fois supérieur à celui auquel vous avez acheté votre participation à l'Etat. Ne donneriez-vous pas là un argument supplémentaire à ceux qui disent que l'Etat a bradé la SNCM ?

Ces chiffres sont fantaisistes. En face des conditions financières de la privatisation, il faut considérer l'immensité des risques. Vos questions aujourd'hui en donnent un aperçu. De quoi s'agit-il ? Il y a eu, l'année dernière, un long processus au cours duquel tout le monde a pu manifester son intérêt pour la SNCM. STEF-TFE, sollicité, a préféré ne pas donner suite. C'est l'association BCP-Veolia qui a repris la SNCM. Il est impossible et injustifiable aujourd'hui de faire rentrer qui que ce soit sur les bases de cette privatisation. Cela dit, un rapprochement entre la SNCM et la CMN pourrait être, à terme, la vraie bonne solution industrielle. Dans ce schéma, pourquoi les actionnaires de la CMN ne deviendraient-ils pas les actionnaires de la SNCM ?

Certains opérateurs ont caressé l'idée de voir repousser cet appel d'offres afin que l'Assemblée de Corse puisse se prononcer sur ce dossier dans un contexte apaisé. Cela est-il encore possible ?

En droit, oui. Les collectivités ont la possibilité de proroger d'un an une délégation de service public. Est-ce que c'est souhaitable ? Je ne le crois pas. Prolonger une période d'incertitude et d'instabilité, ce serait jouer avec le feu, car une telle décision serait très mal accueillie socialement. N'oublions pas les 2.400 familles à Marseille et en Corse concernées par l'avenir de la SNCM. Nous n'avons que trop traîné dans cette affaire. Mon conseil à ceux qui en ont la responsabilité, c'est de respecter le calendrier.

Et si l'Assemblée de Corse se prononçait en modifiant sensiblement les termes de la DSP ?

Le cahier des charges a été voté par l'Assemblée de Corse. Nous nous y conformons strictement dans notre réponse à l'appel d'offres. Nous ne voulons pas préjuger du résultat de cette compétition maintenant. Nous mettons toute notre énergie a élaborer l'offre la plus attractive pour la Corse.

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Sur le plan de recapitalisation que va examiner Bruxelles, STEF-TFE affirme que vous devrez démontrer que la CMN est indispensable à la survie de la SNCM pour conserver votre participation ?

Je ne partage pas l'interprétation de STEF-TFE. Sur ce point, tout le monde se prévaut d'avis plus ou moins informels. Ce que je peux dire sur les échos que j'ai reçus, c'est que la thèse de M. Lemor est loin d'être confirmée. Bruxelles, habituellement, ne rentre jamais dans les débats opposant des actionnaires privés. Que la Commission européenne mène une enquête approfondie, c'est normal.

Sur le point particulier de la participation de la SNCM dans la CMN, la Commission européenne a déjà tranché dans le passé : elle a considéré qu'il s'agissait d'un actif stratégique pour la SNCM et, de ce fait, non susceptible de constituer une obligation de cession.

PROPOS RECUEILLIS PAR ANTOINE BOUDET

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