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Les industriels américains font un intense lobbying auprès de Washington

Aux Etats-Unis, importateurs et détaillants d'un côté, producteurs de l'autre multiplient les pressions sur l'administration et les recours en justice. DE NOTRE BUREAU DE NEW YORK.

Par Nicolas Madelaine

Publié le 31 déc. 2004 à 01:01

Le décor est planté aux Etats-Unis pour une âpre bataille de lobbying l'an prochain autour de la levée des quotas sur le textile. L'envolée attendue des importations de robes, de tee-shirts, de sous-vêtements et de jeans chinois n'a pas encore eu lieu, mais les industriels ont déjà demandé à l'administration des protections. Leurs initiatives sont tellement prises au sérieux que les associations d'importateurs et de détaillants ont saisi la justice pour pouvoir profiter pleinement des baisses de prix que devrait entraîner la libéralisation du marché.

Les industriels ont déjà déposé 9 plaintes auprès du département du Commerce et de quatre autres agences fédérales. Ils veulent que soit utilisée la clause de l'accord de l'entrée de Pékin à l'OMC en 2001, qui permet aux Etats-Unis de protéger leur marché jusqu'en 2008 au cas où les importations d'un produit en provenance de Chine progressent de plus de 7,5 % par rapport à l'année précédente. Ils insistent sur le fait que leurs concurrents chinois bénéficient d'une devise sous-évaluée ainsi que de subventions et d'avantages fiscaux.

Impliquer les pays pauvres
Pour donner plus de poids à leur lobbying, les industriels vont chercher du soutien auprès de leurs rivaux d'hier à l'étranger. Depuis mars, les Américains et les Turcs font cause commune contre les Chinois. Des producteurs de dizaines d'autres pays comme le Sri Lanka et le Bangladesh les ont rejoints. Ils doivent se réunir à Washington le mois prochain.

Les Américains ne cachent pas que l'implication des pays pauvres donne du poids à leur requête. « Peut-être que les autorités du commerce mondial entendront les plaintes du tiers-monde », estime dans le « Wall Street Journal » Augustine Tantillo, la directrice générale de l'American Manufacturing Trade Action Coalition (Amtac).

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Lorsque, en 1994, les Etats-Unis avaient donné leur feu vert à la levée progressive des quotas sur les produits textiles, la Chine n'était guère une menace. Les choses ont bien changé. Aux Etats-Unis les importations de textiles, vêtements et chaussures chinoises ont représenté plus de 27 milliards en 2003, soit 50 % de plus qu'en 1999. L'industrie de la chaussette a vu sa part de marché local chuter de 76 % en 1999 à 40 % aujourd'hui. Entre 2001 et 2003, le nombre de chaussettes importées de Chine a été multiplié par 22, à 276 millions de paires. Les fabricants ont été parmi les premiers à demander des protections en prévision de la levée des quotas. L'administration s'attend à ce que d'autres secteurs les suivent dans les mois à venir.

Des mesures protectionnistes
La décision des autorités chinoises, annoncée mi-décembre, d'imposer des taxes sur les exportations de certains produits textiles chinois n'a pas apaisé les craintes des industriels américains. « L'impact de ces mesures sera à peu près nul », tranche Augustine Tantillo. L'administration américaine se montre aussi sceptique. « La Chine doit encore fournir de nombreux détails, selon le département du Commerce. Nous allons continuer à travailler avec elle pour faciliter la transition. »

Depuis le début des années 1960, date à partir de laquelle le marché américain a été protégé par des quotas, l'administration et le Congrès ont été plutôt sensibles au lobbying des industries textiles américaines. Récemment, le département du Commerce a pris des mesures techniques protectionnistes qui permettront de limiter la hausse des importations chinoises en début d'année prochaine.

C'est pourquoi les lobbies d'importateurs de produits textiles et de détaillants sont également sur le qui-vive. La fin des quotas devrait signifier pour eux une baisse de 5 à 22 % de leur prix d'achat. Ce qui profitera aux consommateurs, promettent-ils. Sous la bannière de l'Association américaine des importateurs de textiles et de l'habillement, qui représente des détaillants comme JC Tenney, Gap et Liz Clairborne, ils ont saisi la Cour de commerce internationale des Etats-Unis afin de bloquer toute tentative par le département du Commerce de limiter les importations chinoises. Fustigeant les procédés « secrets » et « arbitraires » du gouvernement sur la question, ils s'inquiètent de voir leur stratégie d'approvisionnement gênée l'an prochain.\

NICOLAS MADELAINE

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