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OMC : un nouveau compromis agricole sur la table

Par Richard Hiault

Publié le 30 juil. 2004 à 01:01

C'est cette nuit au siège de l'Organisation mondiale du commerce que les 147 pays membres devaient prendre connaissance des nouvelles propositions sur le dossier agricole ainsi que du nouveau texte devant servir de cadre général aux négociations sur l'ensemble des dossiers. Réunis à Genève pour un Conseil général de l'organisation, les délégués ont, théoriquement, jusqu'à ce soir minuit pour aboutir à un accord en vue de relancer le cycle de Doha, destiné à libéraliser encore plus les échanges commerciaux internationaux. Un troisième échec après les ministérielles de Doha et de Cancún apparaîtrait, évidemment, comme un sérieux revers pour l'OMC. C'est dire la volonté de ses membres de parvenir à de réelles avancées. Hier, c'est sur le terrain de l'agriculture que les progrès étaient sensibles.

Fruit des discussions marathon menées mercredi par l'Union européenne, les Etats-Unis, le Brésil, l'Inde et l'Australie, le texte rédigé par l'ambassadeur de la Nouvelle-Zélande à l'OMC, Tim Groser, représente sans doute le moins mauvais compromis possible à ce stade pour tous les participants, selon des délégués. Il offrirait aux agriculteurs de l'Union européenne, comme à ceux du G10, la protection prolongée d'une longue liste de « produits sensibles », un réaménagement des soutiens internes et la reconnaissance de la multifonctionnalité de l'agriculture européenne, c'est-à-dire de son rôle dans la préservation des paysages ou la défense de l'environnement. Les pays en développement auraient droit à une protection équivalente de leurs produits sensibles et obtiendraient même des concessions américaines aux pays africains producteurs de coton. De leur côté, les grands exportateurs de produits agricoles du Groupe de Cairns verraient s'ouvrir pour la première fois la perspective d'une élimination des subventions à l'exportation européennes et américaines.

« Une gestion catastrophique »

Au final, ce compromis serait plus contraignant pour les Etats-Unis, en particulier à l'égard de la politique américaine de soutien à ses agriculteurs, par rapport au premier texte, présenté le 16 juillet par l'OMC. Il n'en demeure pas moins que les résultats obtenus par ces cinq grands pays n'ont pas manqué de faire grincer quelques dents. Ces discussions constituent « une gestion catastrophique du processus », a accusé Luzius Wasescha, négociateur en chef de la Confédération helvétique. « Ils se considèrent comme les dirigeants du monde et ils ne sont même pas capables de négocier correctement », a-t-il tempêté. En attendant, ce texte sur l'agriculture doit servir de contribution au nouveau projet d'accord global préparé par l'ambassadeur japonais, Shotaro Oshima, et qui devait être également rendu public hier dans la nuit. En effet, « l'agriculture ne représente que 10 % des échanges mondiaux, contre 70 % pour les produits industriels et 20 % pour les services », rappelait récemment un haut responsable européen.

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Or, sur le plan industriel, hier les blocages semblaient toujours de mise, l'Union européenne et les pays pauvres du G90 continuant à s'opposer sur la baisse des droits de douane. L'Union européenne, qui veut ouvrir les marchés des pays en voie de développement, juge que la formule de baisse des droits de douane proposée dans le projet de texte de l'OMC le 16 juillet dernier « est le minimum qu'[elle puisse] accepter », a indiqué une porte-parole du commissaire européen au Commerce, Pascal Lamy. Mais, de leur côté, les pays du G90 « ne veulent pas du texte » en question, a indiqué un délégué africain membre du G90. Ce texte avait déjà été proposé en septembre dernier lors de la Conférence ministérielle de l'OMC à Cancún, qui s'est soldée par un échec. « Nous ne sommes pas d'accord avec ce texte, qui n'a pas été négocié et limite nos marges de flexibilité. Nous voulons au contraire que la baisse des droits de douane puisse se faire sur la base du volontariat », a ajouté le délégué africain.

Dans l'immédiat, les 147 pays n'ont plus que quelques heures pour étudier les deux textes et se prononcer avant l'échéance de minuit, qui pourrait cependant être repoussée. Le Conseil des ministres européens doit ainsi se réunir formellement ce matin à Genève pour entendre le rapport de Pascal Lamy.

R. H. ET L. T.

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