Canal J menace de tirer la leçon de la « loi du marché ».
Autre chaîne « historique » du câble, Canal J a également fait les frais, à Metz, des pratiques tarifaires de France Télécom Câble. Pour sa survie, elle a choisi de négocier et de « tirer la leçon de la loi du marché », quitte à réviser à l'économie ses investissements.
C'est la plus ancienne des chaînes du câble. La plus « vertueuse » aussi. Lancée voilà douze ans, Canal J, la pionnière des chaînes pour la jeunesse, consacre la moitié de son budget annuel (150 millions de francs) aux programmes : 90 % d'entre eux sont des inédits, achetés, mais surtout produits ou coproduits par la chaîne. Une politique volontariste d'investissements qu'elle pourrait être amenée à revoir.
Pour la diffuser, les câblo-opérateurs payent, en effet, en moyenne 5,40 francs par mois et par abonné, soit plus de deux fois la redevance consentie à une nouvelle chaîne comme Télétoon, filiale de TPS. A Metz, où le taux de pénétration du câble est de 65 % de la population, (un record en France), Canal J avait consenti, du coup, un effort sur son tarif, ramené à 3,70 francs pour France Télécom Câble... lequel lui a malgré tout préféré Télétoon, en octobre dernier. Canal J a fait appel de cette décision devant le tribunal de commerce de Paris, mais sans attendre le jugement, la chaîne a repris les négociations avec France Télécom Câble, sur le reste du réseau : son contrat tombe, en effet, à échéance à la fin de l'année. « Dans les relations entre câblo-opérateurs et les chaînes, ce sont les lois du marché qui prévalent, et Canal J en tirera la leçon », note amèrement Claude-Yves Robin, directeur général de la chaîne. « Si la situation du marché implique un ajustement du produit, et que le dumping nous oblige à baisser nos tarifs, nous devrons réduire aussi nos investissements. » Le projet de loi audiovisuel, présenté au Parlement fin mai, prévoit désormais que le CSA soit saisi, non pas par les collectivités locales, mais directement par les câblo-opérateurs des changements de plans de services, et puisse y opposer son refus. Tant le législateur que le régulateur restent cependant prudemment en retrait.
M. E.