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Retraites : la majorité des syndicats critiquent l'idée de porter à 42,5 ans la durée de cotisation

Par Dominique Seux

Publié le 26 févr. 1999 à 01:01

Un impôt taxant l'utilisation des téléphones portables et les transactions immobilières pour financer les retraites : cette idée ne fait pas partie de la palette de mesures que préconise le Plan pour sauver les régimes de répartition. Elle vient d'Ukraine, pays dont le président, Leonid Koutchma, a signé un décret en ce sens mercredi pour payer les arriérés de pensions ! Mais elle aurait peut-être provoqué un tollé moins important dans les rangs d'une grande partie des syndicats que la piste envisagée par Jean-Michel Charpin, l'allongement à 42,5 ans de la durée de cotisation nécessaire pour qu'un salarié parte à la retraite avec une pension à taux plein (« Les Echos » d'hier). Aujourd'hui, cette durée est de 39 ans (40 ans en 2003) dans le privé et de 37 ans et demi dans la fonction publique et les entreprises publiques. Au cours de la dernière séance de travail thématique, les partenaires sociaux ont eu hier du mal à établir un « diagnostic partagé » avec le commissaire au Plan sur les conclusions que celui-ci remettra au Premier ministre fin mars.

Les partis politiques se montrent évidemment prudents sur la réforme des retraites à quelques mois des élections européennes. Lionel Jospin a l'intention de faire de même : il informera les Français des enjeux du sujet, puis organisera une phase de concertation, dont les modalités restent inconnues, avant de prendre des décisions promises avant la fin de l'année. Les syndicats, eux, ont tous en tête les mouvements de 1995 nés de la volonté d'Alain Juppé de remettre en cause certains avantages des régimes de retraite du secteur public. Dès le début des travaux de la commission Charpin, ils ont dénoncé le « catastrophisme » des prévisions, en vertu desquelles il y a aura sept retraités pour dix actifs en 2040, contre quatre pour dix aujourd'hui. Ils ont obtenu que des scénarios plus favorables soient étudiés comme celui d'une baisse drastique du taux de chômage.

Des choix inéluctables
Ils sont aujourd'hui pris entre deux feux : ils ont conscience que des choix sont inéluctables et qu'un nouveau tour de vis pour le seul secteur privé serait difficile à expliquer à leurs adhérents non fonctionnaires, mais ils ont mesuré la mobilisation de ces derniers et de la « base ».

Globalement critiques, les prises de position des uns et des autres recoupent l'état de leurs forces dans le secteur privé et public. Sous le titre« Le conditionnement continue », Force ouvrière, dont les adhérents se trouvent surtout dans les rangs du public, dénonce des propositions considérées comme une « provocation ». L'Union nationale des syndicats autonomes (Unsa, dont la Fédération de l'Éducation nationale) et le Groupe des dix (dont SUD) les jugent « inacceptables ». La tonalité est la même à la FSU, qui dénonce le « contresens » à retarder l'âge de la retraite alors que le chômage des jeunes reste « massif ». Au nom de la CGT, Jean-Christophe le Duigou, qui avait évoqué un rapprochement des retraites du public et du privé mercredi, a paru battre en retraite hier en qualifiant de « dangereuse et contradictoire » l'idée de l'allongement des cotisations. La CGT milite, elle, pour une réforme de l'assiette des cotisations patronales, qui n'a de fait pas été étudiée par le Plan. Cette piste est aussi évoquée par la CGC, pour qui reculer l'âge de la retraite, c'est « l'oeuf de Christophe Colomb ». « Si les entreprises continuent à faire partir leurs salariés à partir de 55 ans », les faire partir en retraite plus tard, c'est « faire un transfert de la branche retraite vers la branche chômage ».

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Face à ce front du refus, la CFTC, pour qui « il y aura des convergences entre le public et le privé », et la CFDT, qui refuse de prendre position sur des « hypothèses de travail » avant de voir ce que le gouvernement en retiendra _ mais Nicole Notat avait assuré mercredi qu'il fallait que le dossier « bouge » _ en apparaissent du coup plus ouverts... Les syndicats, en revanche, sont restés silencieux, excepté FO, sur le fond de réserve, dont l'abondement par des recettes de privatisation constitue une piste sérieusement étudiée par le gouvernement.

DOMINIQUE SEUX

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