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Salins du Midi : le conflit fait tache d'huile

Par Paul Molga

Publié le 31 août 1998 à 01:01

Rien ne va plus aux Salins du Midi depuis la menace de son propriétaire, le groupe américain Morton, leader mondial de l'exploitation salinière, de fermer le site si le plan social qu'ils ont proposé en juin n'aboutissait pas. Jeudi, premier jour de la récolte, les 200 salariés du site camarguais s'étaient mis en grève pour protester contre ce plan de licenciements portant sur une cinquantaine d'emplois (30 suppressions de postes, 11 externalisations, 9 départs en préretraite). « On ne peut pas nous faire supporter à la fois la menace d'un arrêt des activités et des mesures d'économies uniquement fondées sur l'emploi », devaient alors scander les représentants des syndicats CGT et CGC à l'occasion d'une tentative avortée de conciliation à l'Inspection agricole du travail.

Devant l'inflexibilité de la direction, le mouvement de grève a donc été reconduit à l'unanimité aujourd'hui et la colère s'étend désormais à d'autres sites du groupe Salins du Midi : à Aigues-Mortes, près de Montpellier, les 350 salariés, qui ont également reçu l'annonce d'un important plan social pour l'automne avec comme objectif une économie de 40 % sur le prix du sel séché, cesseront le travail pour 24 heures aujourd'hui, tandis qu'à Varangeville (Alsace) un mot d'ordre de grève pourrait être lancé cet après-midi.

Menace sur l'équilibre territorial
A l'origine de ce bras de fer : une demande d'économies émanant de la société Elf Atochem, dont l'usine de Saint-Auban (Alpes-de-Haute-Provence) absorbe 40 % du sel récolté en Camargue. Elle fait valoir qu'elle paie un coût de transport important dans le prix de la tonne qui lui est facturé par les Salins compte tenu de l'absence d'aménagement routier pour traverser le Rhône. Sur ce point, les collectivités locales et l'Etat ont mis la main à la poche et accordé cet été 7,5 millions de francs de subventions aux Salins du Midi pour compenser le surcoût de sa liaison fluviale (elle s'effectue par bac à raison de deux wagons à chaque traversée).

Mais, pour la direction de l'établissement, le compte n'y est pas. Elle soutient que 7 millions d'économies sont encore nécessaires pour aligner ses tarifs sur ceux de la concurrence. Pour parvenir à cet objectif, elle a proposé aux salariés une annualisation du temps de travail sur la base de 34 heures hebdomadaires et veut geler les avantages acquis, notamment en matière de prime. « D'accord sur le principe », répondent les syndicats, mais à la condition que l'accord ne soit assorti d'aucun licenciement et que l'aménagement du temps de travail, rendu d'autant plus nécessaire par le caractère très saisonnier de l'activité, s'effectue à des conditions « socialement acceptables ». « Les négociations butent notamment sur les seuils de travail que la direction voudrait porter à 12 heures quotidiennes et 51 heures hebdomadaires », confie-t-on de source syndicale.

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Devant le refus de la direction d'infléchir ses positions, les salariés veulent donc maintenant porter l'affaire sur le plan politique, arguant des menaces pour l'équilibre territorial. Ils sont déjà assuré du soutien de Michel Vauzelle, président (PS) du conseil régional, qui estimait vendredi que « la région ne peut accepter une telle situation conflictuelle ».

PAUL MOLGA

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