Le néerlandais Randstad se renforce aux Etats-Unis en rachetant Strategix Solutions
L'information a surpris : il y a quelques mois, le président et fondateur du néerlandais Randstad, Frits Goldschmeding, insistait sur la nécessité pour son groupe de travail temporaire de croître de façon autonome. Or, six mois à peine après avoir pris la direction de la société, Hans Zwarts a annoncé vendredi que le groupe s'apprêtait à procéder à « une acquisition de taille », en fait la plus importante de son histoire.
Randstad se prépare en effet à débourser cash 1,7 milliard de florins (5 milliards de francs) pour avaler l'américain Strategix Solutions, un groupe de travail temporaire basé à Atlanta. Présent dans 36 Etats à travers ses 360 agences, Strategix affiche un chiffre d'affaires de près de 1 milliard de dollars (6 milliards de francs). Son bénéfice net s'est monté l'an dernier à 28,2 millions de dollars (170 millions de francs) et « devrait être beaucoup plus élevé en 1998 », selon Randstad.
Hans Zwarts a insisté sur le fait que cette acquisition appartient « aux opportunités qui se présentent rarement ». Filiale d'AccuStaff, Strategix était en effet promis à une entrée séparée en Bourse. Or, précise Hans Zwarts, quand il approcha la direction d'AccuStaff pour la convaincre de lui vendre Strategix, « tous les documents étaient prêts » pour une telle mise en Bourse.
Derrière Adecco et Manpower
En termes de puissance sur le marché américain, l'acquisition a effectivement toutes les caractéristiques d'une belle opportunité. Le chiffre d'affaire de Randstad passera de 7 à 9 milliards de florins (20,8 à 26,7 milliards de francs), propulsant la société néerlandaise du cinquième au troisième rang mondial, derrière Adecco et Manpower. Jusqu'à présent, les Pays-Bas représentaient 66 % de l'activité de Randstad et les Etats-Unis 6,3 % seulement. Une fois la transaction réalisée, la part réalisée sur le marché intérieur tombera à 51 % tandis que les Etats-Unis passeront à 27 % du chiffre d'affaires. En outre, « Nous disposerons d'une bonne base pour poursuivre notre croissance outre-Atlantique », estime Hans Zwarts.
Reste à financer l'acquisition. Disposant d'un crédit-relais jusqu'au 1er janvier, le groupe projette de faire appel aux investisseurs, à hauteur de 1,6 milliard de florins (4,7 milliards de francs). Or, non seulement le climat boursier n'est pas propice à la Bourse d'Amsterdam, mais l'annonce d'un prochain appel au marché a fait chuter le titre Randstad de 8,6 % vendredi. Randstad avait pourtant pris soin de publier le même jour de bons semestriels. Le chiffre d'affaires a augmenté de 29,4 % à 4,1 milliards de florins « alors que les marchés de l'intérim ont progressé de presque 26 % en Europe et de 7 % aux Etats-Unis ». Le bénéfice net est en hausse de 30 %, à 110,7 millions de florins (328,8 millions de francs), malgré une pression sur les marges accrue aux Pays-Bas et en France.
MAURITS SNYDERS