[go: up one dir, main page]

Publicité

La présidence européenne de Tony Blair n'a pas convaincu l'opinion publique britannique

Par Pierre de Gasquet

Publié le 30 juin 1998 à 01:01

Bien naïf qui aurait pu croire que six mois de présidence de l'Union européenne suffiraient à faire basculer une opinion publique britannique majoritairement anti-euro. Mais, à l'aune de Tony Blair, tout auréolé de sa popularité inoxydable, l'apparent immobilisme de l'opinion britannique reste décevant.

Le récent « coup de sifflet » du « Sun » de Rupert Murdoch, qui a cru déceler un tournant pro-euro dans le message de Tony Blair au sommet européen de Cardiff, sonne comme un rappel aux réalités. Selon le très sérieux institut Mori, 54 % des Britanniques restent opposés à la monnaie unique, contre seulement 29 % d'opinions favorables. Hormis cette donnée de base, le bilan de la présidence britannique est sans doute moins ténu qu'il n'y paraît.

De l'avis général des capitales européennes, le sommet de Cardiff a conclu l'exercice britannique par un sans-faute. Non qu'il se soit traduit par des avancées considérables sur les points clefs de l'Agenda 2000 ou la question cruciale du financement de l'élargissement de l'Union.

Mais, en évitant tout affrontement stérile sur l'épineuse question des « soldes nets » et en fixant un calendrier pour la réforme des institutions communautaires, la présidence britannique a sauvé les apparences d'un climat de concorde entre les Quinze.

Publicité

Qu'importe si les réformes de fond de la politique agricole commune (PAC) et des fonds structurels, timidement évoquées en janvier, ou la question de la révision à la baisse de la contribution de Bonn, étiquetée comme une manoeuvre « électoraliste », sont repoussées au lendemain des élections allemandes. La présidence européenne de Tony Blair peut se targuer d'avoir renoué un dialogue constructif avec le reste de l'Union, rompant avec dix-huit ans d'« isolationnisme conservateur ».

L'ensemble de la presse britannique, y compris le « Times » de Murdoch, lui en sait gré. Les escarmouches franco-britanniques du printemps dernier sur le Conseil Euro 10 sont déjà oubliées.

Tout juste le Premier ministre travailliste a-t-il pris soin de préciser qu'il n'était pas question de renégocier le « british rebate » obtenu par Margaret Thatcher dans le cadre des accords de Fontainebleau de 1984. « Même après cet abattement, qui est d'environ 2 milliards de livres, nous payons encore 2,5 milliards de livres (25 milliards de francs) par an, ce qui fait de nous le cinquième contributeur net au budget communautaire bien que nous soyons au 11e rang en termes de prospérité économique ; nous payons notre part équitable », explique l'entourage de Tony Blair.

« Eloge de l'euro » à Cardiff
Le ton a changé. On est loin du cri du coeur thatchérien « I want my money back ! » de 1979. A l'actif de sa présidence européenne, le gouvernement Blair se targue d'avoir présidé au lancement de la monnaie unique, même si le Royaume-Uni reste en dehors de la zone euro, d'avoir « résolu la crise de la "vache folle" »en obtenant la promesse d'une levée de l'embargo sur le boeuf britannique et d'avoir jeté les bases des réformes économiques en matière d'« employabilité ». Sans compter le compromis obtenu avec les Etats-Unis sur le régime de sanctions des lois D'Amato et Helms-Burton, le 18 mai dernier, qui vient mettre du baume au coeur des groupes pétroliers français, ou les progrès en matière de réduction de l'effet de serre.

Pour couronner le tout, le Premier ministre britannique s'est même offert le luxe d'un bref « éloge de l'euro » au sommet de Cardiff en considérant la monnaie unique comme « un facteur de stabilité ». Un mot de trop pour le quotidien populaire « The Sun », qui y voit déjà la menace d'un abandon de la livre.

Malgré les dénégations de Tony Blair, qui réaffirmera aujourd'hui sa position prudente lors du lancement de la Banque centrale européenne (BCE), l'idée d'une accélération du calendrier du référendum sur l'euro commence à circuler depuis Cardiff. Jugée sage et raisonnable il y a six mois, la politique de « wait and see » du New Labour, annoncée à l'automne dernier, apparaît aujourd'hui comme plus risquée dans la City.

PIERRE DE GASQUET

Entreprise - Solo.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres
Publicité