Par Valérie Leboucq
Bernard Arnault, le patron et principal actionnaire du groupe LVMH, se veut raisonnablement optimiste pour 1996. Sans se risquer à une prévision chiffrée, il table sur une nouvelle croissance tant du chiffre d'affaires que du profit net. Celui-ci s'est élévé à 4 milliards de francs en 1995, en hausse de 10 % hors éléments exceptionnels.
Par action, le résultat net dilué (après distribution d'une action gratuite l'an dernier) atteint 46,46 francs, en hausse de 10 % lui aussi. Tout comme le dividende qui, y compris l'avoir fiscal de 9,62 francs, s'élèvera à 28,87 francs représentant un confortable « pay out » de 41 %.
Cette générosité n'a pas empêché le groupe de continuer à se désendetter. Fin décembre, la dette nette s'élevait à 2,2 milliards de francs (contre 3,4 milliards fin 1994), soit 6 % des capitaux propres. Simultanément, la capacité d'autofinancement a progressé de 17 % à 5,9 milliards pour des investissements industriels de 1 milliard et 800 millions d'acquisitions.
Constance dans la stratégie
Au 30 avril, les ventes consolidées du groupe ont légèrement augmenté. Cela malgré la faiblesse persistante du yen (23 % des facturations) et la morosité européenne. A court terme, Bernard Arnault table sur la remontée du dollar, et le maintien de taux d'intérêt bas. A moyen terme, LVMH tirera profit d'une stratégie qui n'a pas varié depuis que Bernard Arnault dirige le groupe: enrichissement de la valeur des marques grâce à un rythme soutenu de lancement de nouveaux produits, acquisitions, si nécessaire, pour s'adjoindre de nouveaux métiers (comme celle du joaillier Fred), et internationalisation accrue. Une stratégie fondée également sur le mariage original entre vins et spiritueux d'un côté, maroquinerie et parfum de l'autre, résultant de l'alliance conclue en 1987 entre les familles Vuitton, Moët et Hennessy. Comme à chaque assemblée générale et réunion d'analystes, Bernard Arnault a réaffirmé hier son intention de conserver ses deux pieds au groupe : « L'investissement dans les vins et spiriteux fait partie de la stratégie à long terme du groupe. » Mais en neuf ans, les activités dans le luxe n'ont cessé de creuser l'écart à leur profit. Elles pèsent désormais 60 % du chiffre d'affaires consolidé et, surtout, représentent une rentabilité des capitaux investis quatre fois supérieure.
V. L.