Tout est en place en Slovaquie pour faire du second tour de l’élection présidentielle, qui doit se tenir samedi 6 avril, un véritable référendum sur la politique prorusse du premier ministre, Robert Fico. A l’issue du premier tour organisé samedi 23 mars dans ce petit pays d’Europe centrale comptant 5,5 millions d’habitants, deux candidats aux visions diamétralement opposées sur la guerre en Ukraine sont arrivés en tête et s’affronteront dans deux semaines lors d’un scrutin qui s’annonce extrêmement serré.
Candidat de l’opposition libérale, pro-européenne et favorable au soutien militaire à Kiev, le diplomate Ivan Korcok, 59 ans, est arrivé premier avec 42,5 % des voix. Il sera opposé à l’ancien premier ministre et actuel président du Parlement, Peter Pellegrini, 48 ans, qui a obtenu 37 % des suffrages. Allié de coalition de M. Fico, ce dernier a fait toute sa campagne en défendant la décision du gouvernement de stopper tout soutien militaire public à l’Ukraine à l’occasion de son arrivée pouvoir, en octobre 2023.
« Nous avons terminé à la deuxième place, mais les résultats ont montré que la majorité des Slovaques ne veut pas d’un président libéral progressiste. Ils veulent un président qui n’entraînera pas la Slovaquie dans la guerre et qui parlera de paix », a répété M. Pellegrini dans la nuit de samedi à dimanche, en appelant les électeurs du candidat arrivé en troisième position, le complotiste d’extrême droite prorusse Stefan Harabin (11,7 % des voix), à le soutenir au second tour. Ce dernier s’est toutefois gardé d’appeler à voter pour lui.
Mobilisation de l’électorat urbain
De son côté, M. Korcok estime que « la paix ne peut pas être synonyme de capitulation » et promet, s’il est élu, de mener une cohabitation houleuse en faisant tout pour résister aux dérives illibérales du gouvernement de M. Fico, qui a récemment réussi à dissoudre le parquet spécialisé dans la lutte anticorruption et veut désormais mettre la main sur l’audiovisuel public. En Slovaquie, le président a un rôle surtout honorifique et ne peut pas déterminer la politique étrangère, mais il peut bloquer des nominations ou mettre son veto à l’adoption d’un projet de loi.
L’actuelle présidente libérale et pro-européenne, Zuzana Caputova, qui a renoncé à se représenter, a ainsi pu freiner la réforme judiciaire adoptée au pas de charge par la majorité en l’envoyant pour examen à la Cour constitutionnelle. Si elle est entérinée, cette loi aboutirait à blanchir plusieurs proches de M. Fico actuellement poursuivis pour corruption. En revanche, M. Pellegrini a, lui, promis d’accompagner sans rien dire tous ces reculs démocratiques ouvertement copiés sur la Hongrie voisine. Le premier ministre nationaliste magyar, Viktor Orban, lui a d’ailleurs apporté son soutien.
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