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En Slovaquie, le premier ministre, Robert Fico, veut mettre la main sur l’audiovisuel public

Le pouvoir prorusse de ce pays d’Europe centrale reproche aux journalistes « de pratiquer la censure » en « autorisant une seule opinion sur le Covid et l’Ukraine ».

Par  (Vienne, correspondant régional)

Publié le 14 mars 2024 à 17h58, modifié le 15 mars 2024 à 09h10

Temps de Lecture 3 min.

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« Nous voulons une Slovaquie décente », sur une pancarte lors d’une manifestation pro-ukrainienne contre la politique du gouvernement slovaque, à Bratislava, le 12 mars 2024. « Nous voulons une Slovaquie décente », sur une pancarte lors d’une manifestation pro-ukrainienne contre la politique du gouvernement slovaque, à Bratislava, le 12 mars 2024.

Après la justice, les médias. Alors que le parquet de Slovaquie spécialisé dans la lutte contre la criminalité organisée et la corruption s’apprête à devoir fermer ses portes, mercredi 20 mars, sur décision de la coalition populiste et prorusse du premier ministre, Robert Fico, ce dernier veut passer sans attendre à l’étape suivante : l’indépendance de l’audiovisuel public.

La ministre de la culture, Martina Simkovicova, désignée par le parti d’extrême droite prorusse SNS, a présenté, lundi 11 mars, à Bratislava, un projet de loi visant à limoger le directeur de la Radio-télévision slovaque, la RTVS, et à mettre en place une nouvelle gouvernance à la botte du pouvoir. Mardi, M. Fico lui a apporté son soutien en reprochant notamment au groupe audiovisuel public sa « qualité déplorable » et de « créer une image médiatique tendancieuse souvent éloignée de la réalité ».

« Un contrôle politique » sur les programmes

L’annonce de ce projet de loi a suscité une vive réaction au sein de la RTVS, où 800 employés ont signé une lettre ouverte pour demander au gouvernement de « retirer son projet » qui viserait à établir « un contrôle politique » sur les programmes. L’opposition a aussi immédiatement dénoncé une « censure » et appelé les Slovaques à descendre dans la rue, vendredi soir, pour un nouveau cycle de manifestations après plusieurs semaines de protestations infructueuses contre la réforme judiciaire. Depuis Paris, l’ONG Reporters sans frontières a aussi appelé Bratislava « à retirer ce projet de loi dangereux pour l’indépendance de l’audiovisuel public ».

Ancienne journaliste d’une chaîne YouTube complotiste, Mme Simkovicova a ignoré ces critiques, accusant tout au contraire les médias publics, jeudi, de « pratiquer la censure » en « autorisant une seule opinion sur le Covid et l’Ukraine ». La ministre compte établir un « conseil des programmes », constitué exclusivement de personnes nommées par la majorité, qui pourra intervenir dans le contenu des émissions de la RTVS. Les membres du nouveau conseil d’administration, qui sera chargé de remplacer l’actuel directeur, seront eux aussi tous désignés par le pouvoir et limogeables selon son bon vouloir. Ces organismes « purement monochromatiques (…) font penser à des organes de censure », dénonce le directeur actuel de la RTVS, Lubos Machaj.

Lire aussi (en 2023): Article réservé à nos abonnés En Slovaquie, Robert Fico nomme des ministres prorusses

Cette offensive contre les médias n’est pas surprenante. Déjà premier ministre entre 2006 et 2010, puis entre 2012 et 2018, M. Fico, 59 ans, s’est toujours fait remarquer par ses propos agressifs contre les journalistes. Contraint de quitter le pouvoir sous la pression de la rue après l’assassinat du journaliste d’investigation Jan Kuciak, en 2018, il est redevenu chef de gouvernement en octobre 2023 à l’issue d’une campagne au cours de laquelle il n’avait jamais affiché son intention de réformer la justice et les médias. Mais, dès novembre, un de ses premiers actes a été d’exclure les médias critiques de ses événements publics. Fin février, il a aussi vivement pris à partie une journaliste de la RTVS qui avait osé lui poser une question sur ses prises de position prorusses.

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