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« L’Union européenne a adopté un modèle de pêche au thon néocolonial, exploitant à outrance les ressources et asservissant les économies locales »

Pauline Bricault et Frédéric Le Manach, responsables de l’ONG Bloom, dénoncent, dans une tribune au « Monde », la politique européenne de défense de la pêche industrielle, à l’occasion de la réunion de la Commission des thons de l’océan Indien, du 13 au 17 mai, à Bangkok.

Publié le 12 mai 2024 à 22h00 Temps de Lecture 3 min.

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« Loin des yeux, loin du cœur », telle semble être la devise de la diplomatie européenne pour perpétuer un modèle industriel qui ravage les écosystèmes marins et menace la souveraineté alimentaire des Etats côtiers de l’océan Indien. Au cœur des enjeux : le thon tropical.

Pour soutenir ce secteur-clé de la pêche industrielle européenne, l’Union européenne (UE) déploie, à quelques jours d’un sommet international, tout l’éventail de sa diplomatie, incluant stratagèmes éhontés et mauvaise foi, pour perpétuer un modèle de prédation néocolonial des ressources de l’océan Indien.

Alors que l’UE vient d’adopter une directive sur le devoir de vigilance, les coûts environnementaux et humains associés à ce marché ne peuvent être ignorés : pratiques de pêche destructrices, évasion fiscale, violations des droits humains, pressions politiques… La situation écologique est critique dans l’océan Indien, plaque tournante majeure de ce commerce : deux des trois espèces ciblées de thon tropical sont surpêchées, et la troisième est pêchée au-delà des avis scientifiques depuis des années.

Ces monstres d’acier utilisent des DCP

Les discussions politiques pour remédier à cette situation sont aussi en fâcheuse posture, tant les intérêts des Etats côtiers de la région (Kenya, Madagascar…), d’une part, et des puissances de pêche « distantes » (UE, Chine, Japon…), d’autre part, sont divergents ; ces derniers parasitant souvent les intérêts des premiers.

Les Seychelles par exemple, au cœur de la zone de pêche au thon, soutiennent les navires étrangers, notamment européens, qui y sont domiciliés et alimentent la conserverie de thon de la multinationale Thai Union (qui produit notamment les marques Petit Navire, John West et Mareblu, omniprésentes dans les supermarchés occidentaux), mais nie les revendications des pêcheurs locaux, sacrifiés face aux multinationales étrangères qui ont fait de l’océan Indien leur nouvel eldorado.

Les navires français et espagnols sont clairement identifiés comme les responsables majeurs de ce déséquilibre : leaders mondiaux incontestés avec trente-neuf des cinquante plus grands navires thoniers, ils rivalisent d’imagination depuis des années pour augmenter leurs captures malgré l’essoufflement des ressources, tout en jouissant d’un soutien inconditionnel de la Commission européenne et de leurs gouvernements et de leurs administrations respectifs. Mesurant jusqu’à 116 mètres de long, ces monstres d’acier utilisent des dispositifs de concentration de poissons (DCP) par milliers pour maximiser leurs captures.

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