Le Meilleur des Mondes, émission de France Culture, portait le 5 mai dernier sur les croyances dans ce haut lieu de technologies et de grandes entreprises qu’est la Silicon Valley, aux États-Unis. François Saltiel recevait Olivier Alexandre, sociologue, chargé de recherche au centre national de la recherche scientifique (CNRS)* ; Julie Momméja, docteure en media studies, chercheuse à la Sorbonne Nouvelle et à l’université Lyon II ; et Blaise Mao, rédacteur en chef d’Usbek & Rica, revue dont le dernier numéro traite des “nouvelles routes de la foi”.
L’impulsion donnée par les géants de la tech au culte de la productivité et leur tendance à être performatifs se retrouvent dans une passion assumée pour la pratique du yoga et de la méditation au sein des entreprises : quitte à rester longtemps sur son lieu de travail, autant y trouver un équilibre à travers la possibilité de pratiquer une spiritualité.
À la fois pour des raisons de qualité de vie au travail et de rétention des talents, la firme met ainsi tout en œuvre, par des perks (“avantages” en anglais), pour incarner le centre social, le lieu de sens, de la vie de ses salariés et s’ériger comme “entreprise-providence” dans un contexte de recherche d’optimisation de soi.
Pour briser l’image de l’entrepreneur voulant simplement gagner de l’argent, une véritable injonction à appartenir à une communauté spirituelle, soucieuse des générations futures, qui pratique le yoga et la méditation, continue de se diffuser dans cette région de la Californie. L’émission tire ainsi la réflexion de la spiritualité artificielle, soluble dans les algorithmes et les applications de gamification — et dans un marché de la zen tech colossal de près de 533 millions de dollars.
* Auteur de La Tech. Quand la Silicon Valley refait le monde (Éditions Seuil, 2023).
À retrouver sur le site de France Culture.