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Haute-Savoie : 42 sépultures pas encore datées retrouvées lors de fouilles archéologiques près du lac Léman

Sur la route entre Thonon et Évian, un ensemble de sépultures probablement médiévales vient d’être mis au jour par les équipes de l’Inrap. Parmi les découvertes qu’il a permises : des éléments de dispositifs funéraires en bois dans un rare état de conservation. Mais le site apporte aussi son lot de mystères…

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Vue depuis l’est de la zone 1 du chantier de fouilles archéologiques. (A. Lattard/Inrap)

Par Pierre-Louis Lensel

Publié le 25 avr. 2024 à 10:57

Entre le 24 janvier et le 22 mars dernier, les nombreux automobilistes qui sont passés par la route départementale 1005 pour traverser la petite ville de Publier, sur la rive sud du lac Léman, ont pu être surpris par la présence de barrières tout le long d’un bas-côté. La cause : un chantier de fouilles installé juste derrière, mené par une équipe de l’Inrap. Mis en place à l’occasion de travaux liés à la voirie et aux HLM proches, lancés par la commune et Haute-Savoie Habitat, il a permis des découvertes notables : dans l’espace étudié, d’une superficie de 900 m² environ, 42 sépultures probablement médiévales ont été dégagées, faisant sans doute partie d’un ensemble plus large, installé autrefois sur un promontoire surplombant le lac. Elles étaient implantées sans organisation précise ; les corps étaient tous orientés ouest-est et leur position, à l’intérieur de la tombe, était très standardisée. « On n’a jamais eu de grandes surprises sur ce point, relève Alexia Lattard, responsable scientifique du chantier de fouilles : les squelettes ont été toujours déposés sur le dos, les bras plaqués contre le thorax, les mains sur le bassin/abdomen et les jambes toujours bien en extension. »

Des énigmes à éclaircir

Des motifs d’étonnement ont en revanche émergé sur d’autres aspects. L’état de conservation des tombes et des corps s’est notamment révélé très variable d’une fosse à l’autre – ce qui semble être lié à l’histoire du site, marqué par plusieurs terrassements et travaux au fil du temps. Non loin de squelettes très abîmés, des sépultures contenaient des matériaux d’ordinaire guère susceptibles de traverser les siècles : couvertures de bois au-dessus des corps ou parois de coffrages. « Ils ont été retrouvés à l'intérieur des tombes les plus enfouies, dans lesquelles un milieu stabilisé, probablement humide et à une température froide, paraît avoir permis cette étonnante conservation », estime Alexia Lattard.

Fouille minutieuse de la cage thoracique d'un défunt adulte.A. Lattard/Inrap

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La suite des études menées par l’équipe de l’Inrap devrait permettre d’en savoir plus sur les mystères du lieu, à commencer par l’époque précise des sépultures, pour l’instant très difficile à établir, même de manière imprécise. Des échantillons osseux vont être envoyés à cet effet en laboratoire pour leur datation au carbone 14. Une étude est aussi envisagée pour comprendre les liens possibles avec des découvertes réalisées sur un site connexe, dans les années 1970, par des membres du Groupement de recherche archéologique de Thonon (Grat). Dans les 11 tombes qu’ils avaient alors sauvées, un bel élément de ceinture en fer, damasquiné en argent avec des motifs, avait été mis au jour. « Pour ce qui nous concerne, nous n’avons rien trouvé de tel, pas même des coffrages en pierre, et le rapport à établir entre les deux ensembles de tombes reste à définir », souligne encore Alexia Lattard. Enfin, un travail en cours avec un géomorphologue permettra de mieux comprendre l’évolution du paysage de ce site proche du lac Léman au cours du temps. Les sépultures de Publier n’ont donc certainement pas fini de faire parler d’elles…

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