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TÉMOIGNAGES - Coronavirus : un an de vie sociale transformée au gré des restrictions sanitaires

- Mis à jour le
Par
  • France Bleu

L'expression "distanciation sociale" est entrée dans notre vocabulaire il y a tout juste un an. Avec les confinements, le couvre-feu et les gestes barrières, la vie sociale est l'autre victime de la crise sanitaire. Vous nous avez raconté vos stratégies pour maintenir le lien avec vos proches.

Photo d'illustration - la vie sociale au temps du Covid Photo d'illustration - la vie sociale au temps du Covid
Photo d'illustration - la vie sociale au temps du Covid © AFP - Olivier Douliery

À l'occasion d'une journée spéciale consacrée à "ces douze mois qui ont changé nos vies", vous nous avez raconté à quoi ressemblait votre vie sociale depuis un an. Avec le confinement, le couvre-feu, les gestes barrières, la distanciation physique, la fermeture des lieux de sociabilité comme les bars et les restaurants ou encore la règle de pas plus de six personnes à table pour les fêtes de fin d'année, vos échanges et rencontres se sont bien souvent limités à des écrans interposés. Des sacrifices en apparence minimes vu les lourdes conséquences que le Covid-19 peut avoir sur la santé en cas de contamination. 

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Pourtant, selon la définition donnée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), "la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité". Fin janvier, l'institut de sondage Ifop s'est même demandé si la France était confrontée "à une épidémie de solitude" depuis le début de la pandémie. Parmi les sondés, le sentiment d'isolement augmente : 18 % d'entre eux disent se sentir seuls, c'est cinq points de plus qu'avant le début de la crise sanitaire

"Tout s'est arrêté le 13 mars 2020"

C'est le cas pour Philippe Déjardin, retraité niçois et passionné de jazz : "Pour moi tout s'est arrêté le 13 mars 2020", la date du dernier concert qu'il a organisé. Toute sa vie sociale était jusqu'ici bâtie autour de l'activité culturelle, qu'il soit organisateur d'évènements ou simple spectateur. "Avant le confinement, les gens me disaient 'On te voit partout, tout le temps, on ne sait pas comment tu fais pour être aussi actif'. Tout ça s'est arrêté il y a un an." Philippe estimait croiser au moins une cinquantaine de personnes chaque semaine. Aujourd'hui, ce chiffre est proche de zéro. À cause de la crise sanitaire, son projet de festival est tombé à l'eau, tout comme son projet de webradio autour du jazz. Pour maintenir un semblant de vie sociale, le retraité est devenu très actif sur les réseaux sociaux

C'est la seule chose qui me permet de continuer d'exister.

Chaque jour, il poste sur son compte Facebook des extraits de vidéos de concerts auxquels il a participé ou qu'il a organisés. Il échange aussi régulièrement avec d'autres mélomanes passionnés sur des groupes Facebook francophones ou anglophones. 

"On ne risque pas de se faire arrêter en descendant l'escalier"

Véronique, elle, vit dans une cité tranquille à Nantes, avec ses deux enfants. Faute de sorties avec ses amis, dès le premier confinement, elle s'est rapprochée de ses voisins de pallier ou d'immeubles : "On a installé une grande table de pique-nique en bas, ça nous a permis à tous de sortir de l'isolement, de se rencontrer et de passer du temps ensemble." Une situation exceptionnelle qui s'est pérennisée car, pendant la période, des liens forts se sont créés entre les habitants. "Maintenant, avec le couvre-feu, on se voit toujours dans la cité, on ne risque pas de se faire arrêter en descendant l'escalier ou en traversant le couloir", nous raconte Véronique. 

Avec ses voisins, ils organisent régulièrement des dîners ou des apéros, mais toujours en petit comité. Pour la Nantaise, cette période de restrictions a ouvert de nouvelles perspectives amicales : "Je sais que je continuerai à voir la plupart des voisins que je fréquente depuis un an, même lorsque les bars, les restaurants ou les salles de concert seront à nouveau ouverts."

Un cercle amical restreint 

Installée dans le nord de Paris, Louisa Amara n'a vu qu'une seule personne entre avril et mai dernier : son meilleur ami, le temps de balades d'une heure, dans un périmètre d'un kilomètre autour de chez elle. Depuis le début de la crise sanitaire, elle n'a fait aucune nouvelle rencontre amicale : "J'ai gardé le cercle amical que je connaissais déjà". Des amis proches, qu'elle continue de fréquenter en respectant scrupuleusement les consignes sanitaires. Par exemple, "pour la galette des rois, on était six, à deux mètres les uns des autres, la fenêtre grande ouverte et avec des plaids pour se réchauffer". Mais ce n'est pas toujours simple de maintenir ce lien "avec le télétravail, le couvre-feu, la famille à voir", le temps est compté. 

Pour elle, ce contexte rend avant tout quasi impossibles les rencontres amoureuses. Louisa Amara est célibataire depuis le 16 mars 2020, "la date du discours où Emmanuel Macron a dit : nous sommes en guerre", se rappelle-t-elle. Pour raconter son célibat en pleine pandémie, elle a créé un podcast

Bande-annonce de Single Jungle, le podcast des célibataires

L'isolement contraint par le confinement et l'absence de nouvelles rencontres ont plongé Louisa dans un état de sidération

L'autre n'était plus la rencontre amoureuse, l'autre est devenu une personne qui peut m'infecter, et moi je peux infecter mes parents qui sont des personnes à risque.

Des rencontres amoureuses en plein-air

Finalement, à partir de l'été, elle se décide à affronter sa peur d'être contaminée et rejoint des applications de rencontre, tout en préparant "une sorte de questionnaire médical assez intrusif" pour ses potentiels partenaires. Les parcs parisiens deviennent ses principaux lieux de rencontre, à défaut de bars ou de restaurants ouverts. Mais la bonne nouvelle pour la parisienne, "c'est que c'est sans doute la seule période de notre vie de célibataire où nos proches ne vont pas nous mettre la pression en nous demandant pourquoi on ne rencontre personne !

Dans ce contexte pourtant peu propice aux rencontres, Rosalie a réussi à trouver l'amour. À 26 ans, la Bretonne vit chez son père dans un petit village d'Ille-et-Vilaine et télétravaille pour une maison d'édition parisienne. Elle a aussi dû passer par une application de rencontres pour trouver l'âme-sœur : "Avant, le virtuel c’était le pire dans les relations sociales, maintenant cela nous sauve". C'est au cours de longues promenades qu'elle a appris à connaître son compagnon. Pour elle, la crise sanitaire rend les rencontres plus authentiques, en dehors du contexte stéréotypé de la séduction : 

Je trouve qu'on est plus attentif à l'autre, aussi parce que les rencontres sont plus rares

Se concentrer sur les personnes qui comptent

Selon Rosalie, sa vie sociale était "plus quantitative" avant la crise sanitaire, mais elle est aujourd'hui "plus qualitative" : "Paradoxalement, le confinement a boosté ma sociabilité, les rares moments de liberté m'ont poussé à faire bien plus de choses et à profiter de mes amis les plus proches, aussi par peur d'éventuelles nouvelles restrictions". Si la jeune femme reconnaît avoir perdu de vue des connaissances depuis un an, cette année était, pour elle, un bon moyen de se recentrer sur les personnes qui comptent vraiment dans sa vie.

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