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Outsite s'assure 300 millions d'euros pour ouvrir des colivings/coworkings partout en Europe

EXCLUSIF// Acheter des hôtels, ça coûte beaucoup d'argent. Alors, l'entreprise américaine Outsite a convaincu trois fonds d'investissement de les acquérir eux-mêmes, et de les rénover, pour qu'elle puisse y développer ses grandes colocations où il fait bon télétravailler. Une promesse à 300 millions d'euros qui servira à ouvrir notamment six nouveaux lieux « Outsite » en France d'ici cinq ans.

Un lieu de coliving d'Outsite à Santa Teresa, au Costa Rica.
Un lieu de coliving d'Outsite à Santa Teresa, au Costa Rica. (Outsite)

Par Fleur Bouron

Publié le 16 nov. 2023 à 06:00

C'est noël avant l'heure pour les 'digital nomades', ces freelances sans port d'attache qui voguent d'un pays à l'autre . La start-up américaine Outsite va ouvrir, d'ici 2028 en Europe, une centaine de nouvelles colocations « all inclusive » pensées pour le télétravailleur moderne. Au programme : un spot paradisiaque, un bon lit, et du wifi haut débit. Le mantra : « vivre dans un endroit magnifique avec des personnes intéressantes ».

Une croissance que se sont engagés à financer trois fonds d'investissement, deux français et un portugais : Extendam, Keys REIM, et Stone Capital, à hauteur de 300 millions d'euros. Ils achèteront des hôtels en France, en Espagne, au Portugal, en Italie et dans quelques villes comme Berlin et Amsterdam, et financeront les travaux pour les convertir en grande colocation avec espace de coworking. Ces lieux seront ensuite gérés par Outsite. Un modèle, sans bail ni loyer, qui ne fait pas peser les risques d'un scénario à la WeWork qui loue ses locaux.

Les freelances du monde entier - enfin surtout les Américains qui représentent la grande majorité de la clientèle de la start-up - peuvent déjà poser leurs valises à Lisbonne, Biarritz, Tulum, Venice Beach à Los Angeles et dans 44 autres endroits du globe. Ils ont la garantie d'y trouver une literie de qualité, une salle de bain, partagée ou non, et des espaces communs (salon, cuisine, bureau etc.) pour rencontrer d'autres télétravailleurs, et bien sûr une connexion internet.

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Des lieux de vie, et de travail, suffisamment uniformisés pour gommer l'incertitude d'une décoration douteuse dans un appartement Airbnb, et suffisamment authentiques pour ne pas ressembler à un hôtel. Le supplément d'âme promis : des soirées « cheese & wine », une session de surf, ou une balade à vélo sont régulièrement proposées par le « community manager » de chaque colocation. (Oui, l'anglais est de mise dans ce tableau d'une « mondialisation heureuse ».)

Une histoire de garage dans la Silicon Valley

C'est Emmanuel Guisset, le cofondateur, qui a eu cette idée. Il débarque en Californie en 2010 pour le compte d'une start-up belge. « Je travaillais dans un coworking à San Francisco, c'était l'âge d'or des entrepreneurs », raconte le CEO, belge lui aussi, de 40 ans. Il quitte sa boîte et avec elle, San Francisco devenue trop chère pour lui, et commence à voyager. « Pour les 'digital nomades', c'était dur de trouver un logement adapté, calme et de qualité, mais pas trop cher pour des séjours longue durée. »

Ainsi naît la première colocation d'Outsite. Il loue une maison à Santa Cruz, en Californie fin 2015, et aménage « avec des meubles Ikea » le garage en espace de coworking (oui dans la 'Valley', tout commence dans un garage). Les premiers digital nomades viennent y séjourner pour surfer quelques vagues en soirée dans cette station balnéaire proche de San Francisco. L'étincelle prend, alimentée par la révolution du télétravail. Emmanuel Guisset s'associe avec ses premiers clients, Liz Rivot et Stijn Beauprez, et entre dans un incubateur.

Très vite, ce nouvel acteur du coliving cherche à augmenter son nombre de chambres par colocation. Elle abandonne le modèle des maisons de particuliers, et vise désormais à transformer des hôtels. L'objectif : passer de 10 à 40 chambres par coliving en moyenne. « C'est ce qui procure la meilleure expérience », assure l'entrepreneur.

Les digitales nomades peuvent rester entre trois jours et quatre mois maximum sur place ; le séjour moyen dure deux semaines. Et les montants varient selon les lieux : à partir de 351 dollars la semaine dans la maison bordelaise, 541 dollars à Madère (Portugal), ou encore 385 dollars à Marrakech.

15 millions de dollars de chiffre d'affaires

La majorité des colivings-coworkings sont réservées aux membres. L'adhésion coûte 150 dollars. Outsite annonce aujourd'hui 5.000 inscrits, et un taux de remplissage moyen de ses collocations de 70 %. Si le covid a mis un coup d'arrêt à l'activité, il a fait ensuite exploser le marché, « un mal pour un bien », souligne Emmanuel Guisset qui annonce 100 % de croissance en 2022, 63 % en 2023 et revendique 15 millions de dollars de chiffre d'affaires. « On sera rentable à partir du second semestre 2024 », assure l'entrepreneur.

Et pour continuer à se développer, Outsite veut aussi se positionner sur le segment famille d'ici deux ans, et table sur l'essor de l'école à la maison. « Car jusqu'à présent, on perd nos membres quand ils ont des enfants, on les retrouve quand ils divorcent », ironise Emmanuel Guisset qui envisage de lever six à huit millions de dollars. Une somme qui viendrait s'ajouter aux 11 millions déjà levés.

Confortée par leur expérimentation lisboète, l'entreprise veut aussi développer au rez-de-chaussée de ses colivings, des coworkings ouverts à tous, et notamment aux locaux. « Le Portugal, ça cartonne en ce moment , et on identifie un gros potentiel en Espagne », assure l'entrepreneur. En France, un nouveau lieu de 40 chambres devrait ouvrir dans le 9ème arrondissement parisien d'ici fin 2024.

Fleur Bouron

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