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Gestia Solidaire, l'agence de location qui sélectionne les moins bons dossiers, lève 565.000 euros

EXCLUSIF// Gestia Solidaire, une agence immobilière pas comme les autres, met en relation des propriétaires avec des aspirants locataires qui n'ont pas un dossier parfait. Cette start-up vient de boucler une levée de fonds pour étendre son activité et ainsi loger des milliers de Français en galère.

Avoir des garants ultra-solides, gagner 3 fois le montant du loyer… Dans les grandes villes au marché locatif ultra-tendu, comme Paris ou Lyon, difficile de se loger si l'on n'a pas un dossier plus que béton.
Avoir des garants ultra-solides, gagner 3 fois le montant du loyer… Dans les grandes villes au marché locatif ultra-tendu, comme Paris ou Lyon, difficile de se loger si l'on n'a pas un dossier plus que béton. (Aubin Laratte/Le Parisien/MAXPPP)

Par Faustine Mazereeuw

Publié le 22 nov. 2023 à 07:00

Des jeunes actifs en CDD, des parents séparés qui ne gagnent pas trois fois le montant du loyer, des étudiants qui n'ont pas de garants… Pour nombre de profils, trouver un bien à louer est relève du parcours du combattant. Une expérience vécue par Anne-Sophie Thomas. « Quand j'étais étudiante, je ne rentrais dans aucune case. Mes parents pouvaient se porter garants mais ne pouvaient pas payer mon loyer. Je ne pouvais pas non plus prétendre à des logements de type Crous. » Les chiffres montrent que son cas n'est pas isolé : en France, 8 millions de locataires pourtant solvables peinent à trouver un toit, selon un rapport de la Fondation Abbé Pierre datant de 2020.

C'est à partir de son expérience personnelle et de ce constat que germe une idée dans l'esprit d'Anne-Sophie : créer une agence de location qui donnerait leur chance aux profils atypiques. Après un master en droit immobilier et un MBA en économie urbaine et gestion immobilière au Canada, la jeune femme cofonde en 2020 Gestia Solidaire avec son frère Emmanuel Thomas.

« Il est possible de louer à des personnes qui ont moins de revenus grâce à des crédits et réductions d'impôts »

Le concept de cette entreprise labellisée « solidaire et d'utilité sociale » : proposer des biens à la location à des prix légèrement inférieurs à ceux du marché et sélectionner non pas les meilleurs, mais les moins bons profils. Pas besoin de toucher trois fois le montant du loyer, comme les propriétaires le demandent souvent, mais les locataires doivent quand même présenter une garantie d'Etat de type Visale.

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Et pour convaincre les propriétaires ? « Nous démarchons les bailleurs privés en leur montrant qu'il est possible de louer à des personnes qui ont moins de revenus grâce à des crédits et réductions d'impôts. Et nous proposons d'autres garanties comme une sécurité contre les loyers impayés et les dégradations à hauteur de 96.000 euros, ainsi qu'une aide aux travaux», expose Anne-Sophie. Gestia Solidaire gère aujourd'hui un peu plus de 200 biens à Lyon et à Paris principalement, ainsi que quelques logements à Nantes, Toulouse, Roubaix, Lille et Bordeaux.

Après une première levée de fonds auprès du grand public sur la plateforme We Do Good en février 2023, qui a permis de récolter 36.927 euros, Gestia Solidaire vient de boucler une seconde levée de 565.000 euros auprès d'investisseurs privés à impact. Parmi eux : Pascal Hostachy et François Paret, fondateurs du projet Voltaire, un service de formation à la maîtrise de l'orthographe, David Riahi, ancien CEO d'Agorastore, une société de vente aux enchères de biens immobiliers ou encore Richard Struhl, fondateur de Resoneo, un cabinet de conseil en marketing digital.

Objectif : 5.000 logements en métropole et en Outre-mer

Le processus de levée de fonds n'a pas été sans embûche. « Les fonds d'investissement nous reprochaient de ne pas être assez lucratifs - nous ne pouvons pas leur reverser plus de 25 % de nos bénéfices en dividendes sous peine de perdre notre agrément d'entreprise solidaire - et pas assez innovants d'un point de vue technologique », regrette Anne-Sophie. L'entrepreneuse décide alors de revoir la stratégie de l'opération en se tournant exclusivement vers des investisseurs privés et en abaissant l'objectif de la levée de fonds de 1 million à 500.000 euros. Objectif dépassé !

Grâce aux 565.000 euros levés, Anne-Sophie Thomas espère pouvoir accueillir de nouvelles recrues dans son équipe (qui dénombre dix collaborateurs à ce jour), notamment en communication. Et surtout, étendre son activité sur tout le territoire métropolitain et en Outre-mer. Ambition : proposer 500 logements à louer au premier trimestre 2024, et 5.000 sur cinq ans.

Pour cela, Gestia Solidaire, qui travaille principalement avec des propriétaires privés, compte développer sa collaboration avec des promoteurs, collectivités et aménageurs qui ont des projets immobiliers favorisant la mixité sociale. « En échange de conseils sur leurs projets, Gestia Solidaire récupère une partie des lots construits, qui sont ensuite vendus à des investisseurs privés puis mis en gestion par notre entreprise », explique Anne-Sophie Thomas. Dernier objectif de la levée de fonds : développer des outils numériques - algorithmes, plateforme - pour simplifier les demandes des locataires.

Et pour la suite ? Anne-Sophie se montre confiante. « Notre activité répond à un vrai besoin. De nombreuses personnes sont prêtes à s'investir dans des projets d'investissement qui rapportent, certes, un peu moins que des investissements classiques, mais qui ont du sens », conclut-elle.

Faustine Mazereeuw

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