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Pour travailler dans la tech, ils se sont formés seuls et gratuitement

Une connexion internet et un ordinateur. Voilà les seuls outils nécessaires pour se former seul à de nombreux métiers de la tech. Récits.

Dès les années 2000 sont apparus les premiers tutos pour s'initier au développement web puis, au cours des années 2010, l'offre de contenu a commencé à se structurer.
Dès les années 2000 sont apparus les premiers tutos pour s'initier au développement web puis, au cours des années 2010, l'offre de contenu a commencé à se structurer. (iStock)

Par Roman Epitropakis

Publié le 20 mars 2024 à 07:00Mis à jour le 28 mars 2024 à 08:59

« J'hésitais à intégrer les métiers du numérique mais un ami m'a dit'dans ce secteur, on te juge sur tes compétences, pas sur tes diplômes' », témoigne Théo Delabre. Cet ancien manager dans le milieu de la restauration a pris un virage à 180° pour se former à la cybersécurité. Partant de zéro, il a finalement réussi les tests pour intégrer une alternance au sein de Metsys, un intégrateur de solutions de cybersécurité, d'infrastructure et de cloud. Quel a été le pont pour y arriver ? « Je consommais avidement tout ce que je trouvais sur le web : Try Hackme, Kackbox, Cisco », raconte le jeune homme de 27 ans.

Comme Théo, nombreux sont les autodidactes qui démarrent un nouveau projet professionnel par les ressources en ligne et gratuites. Cela tombe bien, les métiers tech sont tout à fait adaptés à ce mode d'apprentissage derrière un ordinateur.

Toujours plus de contenu en ligne

Dès les années 2000 sont apparus les premiers tutos pour s'initier au développement web puis, au cours des années 2010, l'offre de contenu a commencé à se structurer. « Il y a dix ans, j'étais dans le paramédical, et puis j'ai commencé à me former à WordPress deux ou trois heures le soir plusieurs fois par semaine. J'utilisais différentes ressources comme Le Site du Zéro ou la chaîne WPMarmite sur YouTube. Je me suis rendu compte que je pouvais être autoentrepreneur avec tout ce que j'apprenais », témoigne Julien Guiard, 36 ans, aujourd'hui dirigeant du cabinet Maintenance WP, qu'il a fondé. Dans son équipe, Julien a recruté en 2021 une ancienne infirmière de bloc opératoire qui s'est formée gratuitement pendant un an comme développeuse via la même plateforme (Le Site du Zéro, devenu aujourd'hui OpenClassrooms) en parallèle de son travail.

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OpenClassrooms, est une référence pour se former seul et gratuitement grâce à des cours vidéo de plusieurs heures en libre accès mais d'autres ressources existent. On peut mentionner des sites comme Stack Overflow pour se former à la programmation informatique, les plateformes de Mooc (My Mooc, Fun Mooc…), et bien sûr les centaines de chaînes YouTube (IT-Connect, The Train Code, Edureka !…), où la maîtrise de l'anglais est néanmoins requise.

Mais depuis les années 2010, beaucoup de ces comptes ont basculé vers une offre payante. « Les créateurs de contenus avaient d'abord besoin de se faire connaître et partager largement et gratuitement leurs cours. Aujourd'hui, ils ont compris qu'ils peuvent proposer quelques cours gratuits et monétiser le reste, témoigne Alexandre Pereira, autodidacte qui s'est formé sur la création de sites web et le code. Je dirais que le pourcentage de ressources gratuites a diminué mais, en parallèle, il y a toujours plus de contenu en ligne. On peut encore totalement s'autoformer. »

Ainsi OpenClassrooms n'a pas manqué le virage du payant. Bien qu'un large panel (apprentissage de Pithon, Java, PHP…) soit accessible gratuitement via une simple inscription, la plateforme propose aussi des formations diplômantes payantes. Il existe de multiples sources pour financer ces formations en ligne en sollicitant par exemple le Compte professionnel de formation (CPF), France Travail ou encore auprès de la Région Île-de-France.

Une offre abondante et gratuite de la part des éditeurs de logiciel

Si beaucoup de « profs du web » monétisent leur contenu, une autre catégorie d'acteurs au contraire débarque avec des contenus gratuits et très formateurs. Il s'agit des géants de la tech, en particulier des éditeurs de logiciel, qui déploient tambour battant des formations gratuites parfois très poussées, le but étant de convertir in fine le maximum de professionnels à leurs solutions et donc d'accroître leur poids sur le marché.

Microsoft France veut former 100.000 Français à l'intelligence artificielle cette année grâce à sa plateforme baptisée « A vous l'IA ». Le géant américain Oracle offre depuis 2020 des programmes gratuits en ligne sur une multitude de domaines : IA, cybersécurité, programmation, transformation digitale des entreprises… « Les cours peuvent durer 2 heures ou 90 heures, tout dépend de la technicité du sujet. Il y a des vidéos, des exercices, une fonctionnalité pour questionner des instructeurs, des cas pratiques… tout cela gratuitement », présente Valérie Hayotte, chargée des formations à Oracle. Au terme de ces cursus en ligne, les apprenants peuvent décider de passer une certification (souvent payante quant à elle), qui accroît l'attractivité d'un CV auprès des recruteurs.

Alix Kwedi s'est spécialisée dans le logiciel d'analyse de données marketing vendu par l'entreprise américaine Salesforce. Déjà initiée à ce logiciel lors de ses premières expériences professionnelles, elle a profité de son temps libre pendant la pandémie pour se perfectionner grâce aux contenus que l'éditeur américain mettait gratuitement en ligne. « J'ai suivi l'école en ligne de Salesforce qui s'appelle Trailhead. Il s'agit de séries de vidéos, de cours théoriques, de tutos et d'exercices pratiques. Mais j'allais aussi regarder les vidéos sur YouTube et les forums. Quand j'étais confrontée à des cas pratiques particulièrement difficiles, je contactais des experts Salesforce via LinkedIn. Il y a une bonne communauté de partage. »

Pendant deux ans, Alix s'est formée toute seule, en y consacrant au moins trois heures par jour en parallèle de son travail en marketing digital. Puis elle a passé trois certifications avant d'intégrer le cabinet Easyfront, intégrateur et société de conseil spécialisé dans les solutions de Salesforce, en tant que spécialiste du logiciel. Mais l'apprentissage n'est jamais fini : « Il faut suivre l'évolution des logiciels qui peuvent prendre de l'importance sur le marché sur le marché mais cela ne m'inquiète pas, poursuit Alix. Si avec mon background, j'ai pu me former sur Salesforce, alors je pourrai recommencer sur un autre logiciel sans problème. »

Roman Epitropakis

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