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Témoignage

« Styliste dans le luxe, j'ai lancé un site de location de vêtements de mode »

TEMOIGNAGE// Léa Germano, 30 ans, a été styliste durant six ans pour de grandes maisons, parmi lesquelles Balmain et Marc Jacobs. En 2020, elle décide d'entreprendre et lance Studio Paillette, son entreprise de location de vêtements.

Un oeil de styliste et une patte « mode », le style de Léa Germano témoigne de l'identité colorée et audacieuse de sa marque de location « Studio Paillette ».
Un oeil de styliste et une patte « mode », le style de Léa Germano témoigne de l'identité colorée et audacieuse de sa marque de location « Studio Paillette ». (Studio Paillette)

Par Marion Simon-Rainaud

Publié le 23 janv. 2024 à 11:30Mis à jour le 23 janv. 2024 à 11:38

« Grâce au travail de mon père chez Pernod Ricard, je grandis entre Paris, Madrid et New York. Une fois le bac en poche, j'étudie le design dans des écoles de mode réputées, telles que la Parsons School à New York, la Central Saint Martins à Londres et l'Institut Français de la mode à Paris. Je dessine depuis petite, ce parcours tourné vers la création me correspond bien.

Diplômée en 2015, je démarre une carrière de styliste dans le luxe et passe par des grandes maisons comme Marc Jacobs (propriété de LVMH, comme le journal Les Echos, NDLR) et Balmain. Je dessine alors des collections de vêtements et je fais aussi du 'styling' sur des shoots et des défilés, c'est-à-dire que je façonne le style de la marque en associant les vêtements et accessoires sous forme de 'looks'.

Après la création, le business

Progressivement naît l'envie de donner au grand public la possibilité d'accéder à des pièces 'mode'. Depuis mon enfance, j'ai baigné dans cette culture, ma grand-mère et ma mère - l'une bras droit du patron d'un grand magasin américain, la seconde, acheteuse au Bon Marché - m'ayant transmis ce goût des belles pièces.

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Jusqu'à ce qu'une forte fibre entrepreneuriale s'éveille en moi. Je me rends compte que lorsque je travaille sur une seule partie d'un projet, cela me frustre. J'ai besoin de m'attaquer chaque jour à des challenges différents et d'apprendre, quitte à essuyer des échecs.

Un défi passionnant

La mode est une industrie extrêmement polluante, où tous les process sont à repenser. Un défi passionnant. Mon idée ? Proposer un vestiaire accessible, cool, circulaire et renouvelable à l'envi. Le service que j'imagine alors, la location de vêtements au quotidien, n'existe pas. Seule la location de vêtements de tenues de soirées est un peu développée - et encore, beaucoup plus dans les pays anglosaxons qu'en France.

Quand je crée mon business baptisé 'Studio Paillette', en 2020, je suis encore styliste chez Balmain. Forte de mes expériences pro, je suis en mesure de photographier des looks, créer un site web et tester une version bêta de la plateforme de la location avec mon associé d'alors, designer UX/UI - à qui lui a succédé mon père il y a deux ans, qui cherchait alors une nouvelle aventure dans l'entrepreneuriat et l'écologie.

Une levée d'un million d'euros

Je profite alors d'un plan de départs pour quitter Balmain et lancer mon projet. Je le lance grâce à mes économies, à une subvention de la BPI, et des prêts d'honneur et classiques auprès de la Banque populaire, pour un total d'environ 170.000 euros. Trois ans plus tard, en avril 2023, je réussis à lever 1 million d'euros auprès de business angels pour développer l'activité logistique et tech, mais aussi pour investir dans l'équipe et le marketing.

Notre business model est simple : plus de 30 marques haut de gamme comme AMI, Inès de la Fressange ou Essentiel Antwerp nous cèdent des produits de collections passées et actuelles. En échange, nous mettons ces pièces en location et publions du contenu sur les réseaux sociaux. Cela leur permet de toucher de potentiels futurs clients via nos 13.300 abonnés sur Instagram, ainsi que grâce à tous les comptes de créateurs de contenu qui publient les produits qu'ils nous louent.

Au départ, convaincre ces marques de collaborer directement avec Studio Paillette, pour les proposer à la location sur notre plateforme, a été mon plus gros défi. Et l'enjeu est de taille car dans la mode, les 'beaux noms' font venir les autres.

30 marques & 1.000 clients

Côté clients, le système est simple : nos quelque 1.000 clients paient une pièce louée pour un mois (à partir de 12 euros/mois), rien de plus. Il n'y a pas d'abonnement. Seule condition : se créer un compte chez nous et louer la pièce pour au moins un mois. Ce tarif inclut le transport et le nettoyage.

Nous faisons toutefois face à une difficulté : comme les Français connaissent peu le principe de la location de vêtements, il faut faire un gros travail pour les convaincre de sauter le pas. Mais on peut s'appuyer sur des arguments solides pour les convaincre. Exemples : les tissus et la qualité des vêtements que l'on a soigneusement sélectionnés sont bien supérieurs à ceux de la fast fashion (qui s'usent très vite) pour un prix compétitif. Surtout, impossible de se lasser de ce vestiaire sans cesse renouvelé.

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Pour relever ces défis, nous sommes aujourd'hui huit dans l'équipe. Nos bureaux sont situés au sein de La Caserne, un incubateur de marques écoresponsables situé dans le 10e arrondissement de Paris. Là-bas, il y a aussi un espace boutique pour que les clients puissent essayer les tenues.

Objectif : 10.000 clients d'ici 2025

Mes journées sont longues, je fais des points réguliers avec chaque personne pour développer la boîte. Je suis à la fois directrice artistique sur la sélection des 3.000 produits disponibles sur la plateforme, la création des shootings photo et la communication, ainsi que tête chercheuse de nouvelles marques. En parallèle, je cherche à générer de nouvelles sources de revenus pour nos activités (location de produits, services de com' et d'influence pour les marques).

Les perspectives pour la suite ? Cette année, je veux faire de Studio Paillette un média mode de référence et multiplier le nombre de nos clients par dix, pour atteindre 10.000. Ensuite, d'ici à cinq ans, nous proposerons une offre à l'international, en ouvrant différents hubs Studio Paillette à l'étranger. A plus long terme, je rêve aussi de revenir à ma passion d'origine en créant ma propre marque… pour la proposer en location sur Studio Paillette, bien sûr ! »

À noter

Si vous avez aussi une belle (ou moins belle) histoire à raconter, n'hésitez pas à nous contacter : redaction-start@lesechos.fr

Et pour lire d'autres témoignages inspirants, c'est ICI.

Léa Germano, avec Marion Simon-Rainaud

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