Le Cac 40 résiste à la chute de Kering, Wall Street prêt à pardonner la contreperformance de Tesla au profit de ses ambitions dans l’électrique abordable

Après une matinée d’hésitation, la Bourse de Paris semble vouloir s’installer dans le vert, épaulée par STMicro et l’orientation dans l’ensemble positive des futures de Wall Street. A mi-séance, le Cac 40 prend 0,4% à 8.039 points dans un volume d’affaires de 880 millions d’euros.

En tête de l’indice, on retrouve donc STMicroelectronics : +5,8%. Le fabricant de semi-conducteurs surfe sur le bond de 10% que fait ASM International à Amsterdam après des commandes supérieures aux attentes reçues au premier trimestre ainsi que sur les perspectives optimistes de l'américain Texas Instruments, qui anticipe une amélioration de la demande de composants industriels et automobiles.

La progression de l’entreprise franco-italienne prend le dessus sur la chute de 7% de Kering, au plus bas depuis octobre 2017. Les affaires ne s’arrangent pas le groupe de luxe, et en particulier sa marque phare Gucci, puisqu’il anticipe un recul de 40% à 45% de son résultat opérationnel courant consolidé au premier semestre, après la baisse de son 10% chiffre d’affaires trimestriel. « Changer la vision créative et élever les prix en même temps est une tâche plus difficile dans l'environnement actuellement mitigé du secteur, ce qui nécessite un délai plus long pour que les bénéfices soient visibles », a commenté Rogerio Fujimori, analyste chez Stifel.

Parmi les autres baisses du jour, post-trimestriels, Air Liquide, Orange, Eurofins Scientific lâchent de 1,5% à 6%.

Tesla va accélérer le lancement de véhicules abordables

Les contrats futures sur indices américains oscillent entre l’équilibre pour le Dow Jones et le S&P 500 et un gain de 0,4% pour le Nasdaq 100.

Premier des « 7 Magnifiques » à publier cette saison, Tesla a annoncé hier soir des résultats trimestriels en forte baisse et inférieurs aux attentes (-55% pour le bénéfice sur un an et -9% pour le chiffre d’affaires). Mais le cours du constructeur automobile prend plus de 11% en avant-Bourse alors que son dirigeant Elon Musk a déclaré lors du call investisseurs que la production de véhicules électriques plus abordables pourrait commencer plus tôt qu’anticipé initialement, ce que les analystes de Wall Street réclamaient à cor et à cri.

« Bien que les détails (sur les nouveaux modèles) soient peu nombreux, il s'agit d'une manœuvre intelligente de la part de Musk, car elle justifie le flux de trésorerie négatif et les dépenses d'investissement plus élevées, souligne Kathleen Brooks, directrice de recherche chez XTB. Contrairement à de nombreuses entreprises qui réduisent leurs dépenses d'investissement, Tesla va à contre-courant... et se place en position de force alors que le marché de l’électrique devient plus concurrentiel et que la sensibilité au prix augmente ».

Visa et Texas Instruments s’adjugent près de 3% et de 7% respectivement en avant-Bourse suivant des trimestriels plus favorables qu’attendu par le marché. Les publications resteront le centre névralgique de la journée avec les comptes de Boeing et de Hasbro en début d’après-midi, suivis par Meta, Ford et IBM dans la soirée.

L'activité américaine a ralenti en avril

Car au-delà des résultats, aucune donnée macroéconomique importante n’est attendue aujourd’hui. Il faudra patienter jusqu’à demain pour le PIB américain du premier trimestre et jusqu’à vendredi pour l’inflation PCE de mars, deux statistiques très attendues pour jauger d’une possible réaction de la Fed.

Les investisseurs voient la banque centrale procéder à sa première baisse de taux en septembre. Elle pourrait s’arrêter là, voire en voter une de plus, mais le marché n’anticipe plus du tout trois détentes en 2024. Depuis le début d’année, les attentes ne font que fondre au vu de la force de l’économie et de la rigidité de l’inflation, faisant grimper les rendements des bons du Trésor et le dollar. Mais hier, le dix ans américain et le billet vert ont cédé du terrain en réaction au ralentissement surprise de l’activité dans les secteurs manufacturier et des services aux Etats-Unis ce mois-ci. « Les chiffres étonnamment mous des PMI suggèrent que l'économie américaine perdra un peu de son élan au deuxième trimestre », a résumé Tony Sycamore, stratège chez IG.