Société Générale est la banque qui présente la plus faible valorisation en Europe, ce qui fait d’elle une cible de choix

La consolidation bancaire en Europe pourrait connaître un nouvel élan. Alors que l’espagnole BBVA a lancé, il y a moins d’une semaine, une OPA hostile sur sa compatriote Sabadell, le président Macron a indiqué hier qu’il serait ouvert au rachat de Société Générale par un rival européen, comme Santander, conformément à sa volonté d’une plus grande intégration de l’UE.

Lors d’une interview avec l’agence d’informations financières Bloomberg, en marge du sommet « Choose France », le chef d’Etat français a répondu que « oui, bien sûr » il y est favorable, de même qu’il aimerait que BNP Paribas puisse acheter des concurrents plus petits parmi les autres pays membres. Selon lui, l’incapacité de la plus grande banque de la zone euro en termes de capitalisation à réaliser des fusions-acquisitions soulève « plusieurs questions ».

Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, s’est lamenté aujourd’hui, lors de l’assemblée générale de la banque qu’il dirige, que « seul un acteur domestique peut acheter un autre acteur domestique. Une contre-offre d’une banque non espagnole est juste impossible. Les synergies seraient faibles et l’exigence supplémentaire de fonds propres serait accrue ce qui reviendrait à payer plus que le prix d’achat. »

« Traiter en tant qu'Européens signifie que vous ne pouvez pas vous contenter d'un simple échange d'informations. Traiter en tant qu'Européens signifie que vous avez besoin d'une consolidation en tant qu'Européens », estime-t-il. Il avait milité pour une « Europe puissance » lors de son discours de la Sorbonne, en avril, au cours duquel il a poussé pour une union des marchés de capitaux, comme d’autres éminents europhiles ces derniers mois.

L’idée, ici, est de libérer la puissance financière de l’Europe pour financer la transition énergétique, la défense et les technologies de demain, comme l’intelligence artificielle, pour stopper le déclassement du Vieux Continent face à la concurrence des Etats-Unis et de la Chine. Emmanuel Macron milite pour des mariages au sein des banques européennes pour débloquer 1.000 milliards d’euros dans l’UE.

Une décote de 60%

Société Générale est la grande banque la plus faiblement valorisée en Europe. Elle est l’une des cibles naturelles, aux côtés de Commerzbank, ABN Amro ou Monte di Paschi. La banque de la Défense affiche une décote de 60% par rapport à son actif net tangible par action de 62,80 euros. Les établissements les mieux valorisés en Bourse sont aussi les plus rentables. C’est ainsi qu’Unicredit se négocie avec une prime d’environ 3%. La rentabilité de la banque italienne sur les fonds propres tangibles (selon les données annualisées du premier trimestre 2024) s’élève à 19,5%, contre 4,1% seulement pour Société Générale. Le plan stratégique du nouveau directeur général, Slawomir Krupa, vise une rentabilité de 6% cette année, avant 9 à 10% en 2026.

L’idée d’un rapprochement entre Société Générale et UniCredit pourrait, par exemple, refaire surface. Les actions de la banque française gagnent plus de 4% sur le Cac 40.