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Avis d’expert

2024, année de transition

Confiants mais prudents, cinq majors, Apollo, Ardian, Blackstone, Carlyle et KKR, nous livrent leur vision du marché européen du capital investissement pour les douze prochains mois.

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Par Anne-Laure Julien

Publié le 19 janv. 2024 à 16:33

Les effluves de 2023 imprègnent encore ce début d’année. Affecté par la chute des investissements et la pénurie de sorties depuis un an, le monde du private equity avisé reste vigilant.

Pour commencer, tout n’est pas à jeter dans la cuvée précédente. Le marché favorable aux acheteurs et la baisse des multiples de valorisation ont créé des opportunités d’investissement l’an dernier. Et le fundraising a, certes, pris plus de temps mais au final, c’est presque un record de collecte que l’on observe en Europe. Selon PitchBook, en 2023 près de 120 Md€ de capitaux ont été levés à travers 117 fonds dont les flagships de CVC, KKR et Permira. Toutefois, jamais aussi peu de nouveaux fonds ont vu le jour depuis dix ans. On l’aura compris, les LPs privilégient en ces temps incertains les re-up et les offres multistratégies. Or la nécessité de fournir aujourd’hui une gamme diversifiée de services et de produits à un éventail plus large d’investisseurs va inéluctablement déboucher sur des fusions et des partenariats entre sociétés de gestion. La consolidation pourrait même s’accélérer si les performances des capitaux investis ces quatre ou cinq dernières années ne sont pas à la hauteur des attentes des LPs.

Sorties obligatoires

En matière de dealflow, le rebond des investissements risque d’être long et irrégulier. Notamment parce que l’écart persiste entre les attentes de prix des vendeurs et des acheteurs. L’impulsion viendra sans doute des sorties de portefeuille. Les contraintes de trésorerie et les échéances de dette imminentes des entreprises pourraient en effet créer des flux de transactions dès 2024. Ces deux dernières années, les GPs ont conservé beaucoup d’actifs, créant de la valeur en attendant un meilleur environnement de vente, mais la pression de l’exit va certainement s’intensifier cette année et la suivante.

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Du point de vue macroéconomique, les taux d’intérêt, bien qu’attendus à la baisse, resteront probablement élevés en 2024 avec des perspectives de faible croissance économique. Le tout dans un climat géopolitique tendu et sur fond d’élection présidentielle américaine à haut risque.

Sélectivité

Dans ce contexte, la sélectivité des actifs va sans doute se poursuivre, voire s’intensifier. En ligne de mire des géants du private equity, et sans surprise : les entreprises aux fondamentaux solides. En résumé, celles leaders sur leur marché, accompagnées par des managers de talents, et affichant une belle dynamique de croissance. Bref, « des entreprises pouvant rester robustes dans une économie en ralentissement ». Et si ces investisseurs professionnels regardent tous les secteurs, les thématiques autour du numérique et de la transition énergétique semblent privilégiées cette année encore.

Côté financement, la réouverture attendue du marché bancaire devrait redonner la pole position aux prêts syndiqués et aux obligations. Néanmoins, la percée opérée l’an dernier par le crédit privé en a fait une composante durable et complémentaire de l’arsenal du financement.

Finalement en ce début 2024 et contrairement à l’an dernier, les fonds d’investissement semblent parés pour affronter les éléments en tant qu’investisseur mais aussi comme actionnaire. Les revues de portefeuille et les budgets annuels prudemment établis ne se laisseront pas surprendre cette fois par un ralentissement d’activité en milieu de parcours. Or c’est peut-être de là que pourrait venir la surprise, une année « moins pire » que la précédente. Une sorte de transition avant rebond.

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