Enurésie, énurésie nocturne (pipi au lit), énurésie diurne


Rédigé par Estelle B. et publié le 15 mai 2024

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L’énurésie désigne l’émission involontaire d’urines, qui survient le plus souvent la nuit (énurésie nocturne) mais aussi parfois au cours de la journée (énurésie diurne), chez un enfant de plus de 5 ans. Elle touche 10 à 15 % des enfants de 5 ans, mais seulement 1 à 2 % à 15 ans. Elle est plus fréquente chez les garçons, mais peut aussi survenir chez l’adulte. Les causes sont le plus souvent psychologiques, mais une cause physique doit être systématiquement recherchée.

Qu’est-ce que l’énurésie ?

L’énurésie correspond à l’émission involontaire d’urines chez un enfant âgé de plus de 5 ans. Elle peut aussi toucher l’adulte. La forme la plus connue d’énurésie est l’énurésie nocturne, couramment appelée le « pipi au lit », mais il existe aussi l’énurésie diurne, qui survient au cours de la journée. La miction est répétée, involontaire et inconsciente. L’enfant ou l’adulte va vider complètement sa vessie sans s’en rendre compte.

Bien que tabou, ce trouble est pourtant fréquent chez les enfants de plus de 5 ans. On estime que près de 500 000 enfants seraient concernés en France. On ne parle d’énurésie qu’à partir de l’âge de 5 ans, puisque les spécialistes considèrent qu’à cet âge un enfant a acquis le contrôle de ses sphincters. L’énurésie n’est pas une maladie, mais correspond à un mauvais contrôle du fonctionnement de la vessie. L’énurésie est une forme d’incontinence urinaire intermittente.

L’énurésie peut se manifester sous différentes formes avec un point commun : le fait d’uriner sans se maîtriser :

  • L’énurésie primaire: lorsque le trouble n’a pas été précédé d’une période de propreté d’au moins 6 mois chez l’enfant. C’est le cas de figure le plus fréquent.
  • L’énurésie secondaire: lorsque l’enfant a connu, au préalable, une période d’au moins 6 mois de propreté. Cette forme débute généralement entre 5 et 7 ans.  Les garçons sont 2 à 3 fois plus touchés que les filles.

À savoir ! Parallèlement à l’énurésie, existe l’encoprésie. L’encoprésie correspond à l’émission, volontaire ou non, de selles formées, semi-formées ou liquides, à des endroits socialement inappropriés, par un enfant âgé d’au moins 4 ans. Le trouble survient au moins une fois par mois pendant au moins trois mois, sans lien avec une pathologie de l’appareil digestif, neurologique ou digestive. Selon les estimations, environ 3 % des enfants de 4 ans seraient concernés par l’encoprésie. Comme pour l’énurésie, les garçons sont plus touchés que les filles et l’encoprésie peut être primaire ou secondaire. Chez certains enfants, énurésie et encoprésie peuvent co-exister ou se succéder.

L’énurésie peut fortement impacter le développement social et le bien-être psychologique de l’enfant, en particulier lorsqu’elle survient au cours de la journée. Elle impacte également la vie de la famille.

D’où vient l’énurésie ? Les causes

L’énurésie primaire représente la majorité des cas entre 75 voire 85 % des cas d’énurésie. Le nombre d’enfants souffrant de ce trouble diminue avec l’âge, mais le trouble peut persister jusqu’à l’adolescence, voire à l’âge adulte.

Selon les personnes, l’énurésie peut être nocturne et/ou diurne, régulière ou irrégulière, intermittente ou même épisodique.

Plusieurs causes sont évoquées pour expliquer l’énurésie primaire :

  • Un retard dans le processus de développement de la vessie ;
  • Une production trop importante d’urine dans la nuit (en raison d’une baisse d’hormone antidiurétique) ;
  • Une vessie plus petite ;
  • Des facteurs génétiques (dans 30 à 60 % des cas il existe un autre membre de la famille souffrant du même problème) ;
  • Un réveil nocturne difficile ;
  • Des facteurs périnataux (par exemple la prématurité).

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L’énurésie secondaire est généralement liée à un passage dépressif ou régressif de l’enfant (par exemple lors de la naissance d’un autre enfant, le départ d’un proche, l’échec scolaire, le harcèlement scolaire, etc.). Dans de plus rares cas, elle peut être un symptôme évocateur d’un diabète de type 1.

Comment reconnaître l’énurésie ? Le diagnostic

Si vous remarquez que votre enfant fait régulièrement pipi au lit ou qu’il lui arrive assez souvent de mouiller ses sous-vêtements au cours de la journée, il est recommandé de consulter pour en parler au médecin ou au pédiatre. Il pourra vous expliquer ce qu’est l’énurésie et vous indiquer quelques mesures hygiéno-diététiques à mettre en place. Surtout ne culpabilisez pas votre enfant ! L’énurésie est involontaire et inconsciente.

Le médecin effectue également un examen clinique de l’enfant et recherche des troubles associés, notamment des troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou encore des troubles anxieux et dépressifs, souvent liés à l’énurésie.

Le diagnostic de l’énurésie doit également écarter d’autres causes d’incontinence urinaire :

  • Un diabète de type 1, par des prises de sang pour doser le glucose sanguin ;
  • Une anomalie de l’arbre urinaire, en particulier en cas d’énurésie primaire ;
  • Une pathologie systémique, susceptible d’impacter le contrôle des sphincters.

Pour rechercher et écarter ces pathologies, des examens complémentaires spécifiques peuvent être prescrits. Dans le cas de l’énurésie, tous ces examens se révèlent normaux.

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Existe-t-il des traitements contre l’énurésie ?

L’énurésie n’est pas une maladie, mais des solutions existent pour la soulager et permettre à l’enfant, l’adolescent ou l’adulte de retrouver une continence normale.

En premier lieu, le médecin propose des mesures hygiéno-diététiques. Quelques mesures peuvent être facilement appliquées en cas d’énurésie :

  • Supprimer peu à peu les couches en les remplaçant par des alèses étanches ;
  • Ne jamais gronder l’enfant qui a fait pipi au lit, mais l’encourager à faire mieux la prochaine fois ;
  • Rassurer l’enfant ;
  • Répartir les boissons au cours de la journée, en limitant l’apport hydrique après 18h. Il est préférable d’expliquer à l’enfant le lien entre la boisson le soir et le pipi au lit afin qu’il les limitent lui-même ;
  • Donner de l’eau peu minéralisée (eau du robinet) et supprimer les boissons gazeuses ou sucrées le soir ;
  • Inciter l’enfant à aller régulièrement aux toilettes dans la journée (5 à 6 fois) et à ce qu’il y aille avant de se coucher ;
  • Apprendre à l’enfant à se détendre aux toilettes en laissant couler l’urine librement sans « pousser » ;
  • Expliquer qu’il faut se lever la nuit pour aller aux toilettes ;
  • Faciliter l’accès aux toilettes ;
  • Ne pas réveiller l’enfant pour le changer dans la nuit, mais lui déposer ses affaires à côté de lui, au cas où il se réveillerait ;
  • Faire tenir à l’enfant un calendrier nuits « sèches » et nuits « mouillées » ;

À savoir ! Un traitement par alarme peut également être mis en place après échec des mesures hygiéno-diététiques. Cette technique repose sur le déclenchement d’une alarme lors de fuite urinaire afin de réveiller l’enfant pour qu’il reprenne le contrôle de sa miction. Ce traitement est généralement moins bien toléré par l’enfant ou les parents. Par ailleurs, il n’est pas remboursé par l’Assurance maladie.

A partir de 6 ans, des médicaments peuvent également être prescrits par le médecin, uniquement dans certains contextes particuliers. Parlez-en avec le médecin qui suit l’enfant. Les deux médicaments utilisés sont la desmopressine et l’oxybutynine.

La desmopressine par voie orale est une molécule imitant l’action de l’hormone antidiurétique, c’est-à-dire qu’elle retient l’eau dans le corps et diminue donc son élimination par les urines. Il est conseillé aux parents de veiller à ce que leur enfant ne consomme pas de boissons dans l’heure qui précède et les 8 heures qui suivent la prise. En cas de maux de tête, de nausées ou de douleurs abdominales, il faut prévenir le médecin. Ce traitement nécessite un suivi médical étroit. En effet, lors de l’instauration du traitement, une dose trop élevée peut engendrer une intoxication à l’eau (fatigue inhabituelle, prise de poids rapidement, manque d’appétit, nausées, somnolence, etc.). Le traitement est généralement prescrit pour 3 mois. Il est ensuite arrêté afin d’apprécier la capacité naturelle de l’enfant à contrôler sa vessie. Si l’énurésie reprend, un nouveau traitement est mis en place.

L’oxybutynine peut être prescrite en cas d’échec à la desmopressine, notamment chez les enfants ayant une plus petite vessie. Ce traitement induit un relâchement des muscles de la vessie permettant d’augmenter la capacité de celle-ci. Des maux de tête, une sécheresse buccale, des diarrhées ou constipations sont des effets indésirables possibles.

Les médicaments ne sont pas toujours nécessaires pour soigner l’énurésie. Dans la majorité des cas, l’énurésie est d’origine psychologique. Un suivi psychologique est déterminant pour comprendre l’origine du mal-être de l’enfant et trouver des solutions pour que l’énurésie cesse.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Encoprésie : bases et traitement. www.snfcp.org. Consulté le 30 avril 2024.
– Pipi au lit (énurésie). www.ameli.fr. Consulté le 30 avril 2024.