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Non, les scientifiques de la Terre ne rejettent pas l’anthropocène

Un collectif de « géoscientifiques » déplore, dans une tribune au « Monde », le refus de la Commission internationale de stratigraphie de faire entrer la Terre dans une nouvelle époque géologique, celle des humains. Ils soulignent que les activités industrielles pèsent lourdement sur le dérèglement climatique et transforment la planète.

Publié le 30 avril 2024 à 14h00, modifié le 30 avril 2024 à 15h58 Temps de Lecture 3 min.

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L’histoire de notre planète est-elle entrée dans une nouvelle époque sous l’effet des activités des sociétés humaines industrielles qui ont supplanté les forces géologiques ? La géohistoire a-t-elle rencontré l’histoire des humains ?

Alors que la commission de travail sur l’anthropocène avait recommandé l’acception du terme, la Commission internationale de stratigraphie (CIS) a récemment tranché : la proposition de faire débuter au milieu du XXsiècle une nouvelle époque géologique nommée « anthropocène », époque des humains, n’a pas été votée. La stratigraphie découpe le temps en tranches et en établit les limites par le biais de débats et de votes.

Aux yeux des stratigraphes « réfractaires », les activités humaines ne sont pas comparables aux processus géologiques : elles ont affecté de manière hétérogène notre planète depuis plusieurs milliers d’années. Les partisans de l’anthropocène sont donc soupçonnés de confondre un événement « transformant » avec une limite géologique.

Ce vote résonne comme une trahison pour tous ceux qui se mobilisent pour inventer des manières plus respectueuses d’habiter la Terre. La CIS n’est pas une instance représentative de toute une communauté comme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. C’est une petite assemblée qui veille sur les « tables de la loi » du découpage de la géohistoire. Cette loi n’est pas celle des processus terrestres, c’est celle des « arrangements » humains qui nous permettent de projeter sur le fil des transformations terrestres un découpage humain.

Par ce choix, la communauté des stratigraphes « réfractaires » a cristallisé une fracture au sein de la communauté des sciences de la Terre qui s’est considérablement élargie au point qu’aujourd’hui, plutôt que de géologie, on parle des géosciences qui voient la Terre comme un système intégré. Récemment, le concept de zone critique analyse, au sein de la fine pellicule habitable, comment se transforme une zone rocheuse en un milieu de vie. Lorsqu’on travaille sur la zone critique, cet espace qui est précisément la niche écologique de tous les humains et de l’ensemble du vivant, l’évidence d’une récente détérioration majeure est aveuglante. L’anthropocène ne fait plus aucun doute.

Intégrer l’histoire, la sociologie, la philosophie…

Cette poignée de stratigraphes dubitatifs jette le doute sur l’ensemble d’une communauté d’experts et de défenseurs de la Terre. Elle imagine que notre planète pourrait continuer avec ses propres lois comme dans l’« ancien régime climatique » et que l’activité des humains ne constitue qu’un épiphénomène. Elle reprend une vieille distinction entre la nature avec ses lois (physiques, biologiques…) et les affaires humaines (l’histoire, la sociologie…).

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