Le procureur de la République de Draguignan, Pierre Couttenier, a annoncé dimanche 10 décembre l’ouverture d’une enquête sur la mairie de Fréjus (Var), « dans le prolongement » des nombreuses révélations de la journaliste de L’Obs Camille Vigogne Le Coat dans son livre, Les Rapaces (Les Arènes, 224 pages, 20 euros). Selon L’Obs, qui a révélé l’information, l’enquête porterait sur des soupçons « d’attributions de marchés publics » irrégulières, de « prises illégales d’intérêts » et de « favoritisme ».
Le livre, paru le 2 novembre, dénonce une série d’irrégularités au sein de la mairie dirigée par David Rachline. Le jeune élu Rassemblement national (RN) a été porté à la tête de Fréjus en 2014 sur la promesse de mettre fin à l’affairisme que connaît la ville. A l’opposé de cet engagement, l’autrice détaille notamment un système d’entente conduisant, selon elle, à la corruption, impliquant l’élu et un influent homme d’affaires local, bénéficiaire de plusieurs marchés publics, qui partage déjeuners et virées en mer avec M. Rachline.
L’ouvrage évoque également le train de vie opulent de l’édile d’extrême droite, bien au-delà de ses indemnités d’élu d’une ville de 56 000 habitants. Citant notamment des enregistrements audio, l’ouvrage révèle un usage dispendieux d’argent liquide par M. Rachline, qui a ainsi acheté une montre à 15 000 euros. Le livre évoque aussi les soirées arrosées organisées par le maire de 36 ans, au cours desquelles, sur fond d’alcool, des propos racistes et antisémites auraient été entendus.
La « profonde sérénité » de M. Rachline
M. Rachline, qui a fait voter par son conseil municipal le financement de sa défense sur le budget de la mairie, nie en bloc les accusations. Dans un communiqué reproduit dans l’ouvrage, il dénonçait les « fantasmes et les fausses accusations », assurant : « Je n’ai jamais reçu aucune enveloppe de quiconque. Je gagne honnêtement ma vie et d’ailleurs, tous mes revenus sont publics puisqu’ils proviennent exclusivement de mes mandats électifs. »
Sollicité dimanche, M. Rachline assure de sa « profonde sérénité » à l’annonce de l’ouverture d’une enquête « suite à la parution du livre diffamatoire publié par une journaliste militante d’extrême gauche ». Pour lui, l’enquête judiciaire permettra de « rétablir la vérité » sur la gestion municipale afin d’en finir avec « cette abjecte cabale ». Il annonce enfin que la Ville compte porter plainte contre Mme Vigogne Le Coat. Sollicité également, son conseil, Me Alexandre Varaut, qui devait déjà déposer plainte au nom de M. Rachline, n’a pas répondu.
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