Dans un ouvrage édité par Thames & Hudson et réalisé sous la direction de l’historienne de l’art Maria Luisa Frisa, Dior explore les multiples sources d’inspiration de ses carrés de soie et leur place au sein de la maison depuis l’époque de Christian Dior, au début des années 1950. Parcourant soixante-dix ans d’histoire de la mode en 760 pages, ce beau livre illustré se présente sous la forme d’une « foulard-thèque », un répertoire complet qui analyse sous toutes les coutures cet incontournable accessoire textile. Cet « atlas » de 425 foulards, carrés, écharpes… organisé par thèmes – Paris, jeux d’optique, cosmogonies, flore, bestiaire, colorama, messages, etc. –, est enrichi des photographies de Brigitte Niedermair mises en scène dans un portfolio inaugural particulièrement réussi.
En introduction, Maria Grazia Chiuri, directrice artistique des collections femme de la maison Dior, qui aime porter des carrés noués en bandana, signe un texte personnel sur son rapport au foulard, se remémorant celui arboré par sa grand-mère et son arrière-grand-mère dans les Pouilles. A l’époque, les femmes nouaient autour de leur cou une pièce de coton blanc le soir en brodant sur le pas de leur porte ou aux petites heures du matin en préparant les repas de la journée. Sa grand-mère portait également un foulard noir destiné aux travaux des champs.
Les carrés s’impriment en pleine page, tour à tour minimalistes, avec des à-plats de couleurs, ou plus baroques, gorgés de roses, de parterres chatoyants de fleurs, d’animaux sauvages façon toile de Jouy… Cet ouvrage offre une plongée dans l’histoire de la mode, dont on suit l’évolution des goûts et des tendances, tout en proposant une lecture sociologique de ces dernières décennies à travers les messages qui ponctuent les foulards. A l’image de la série dessinée par l’illustrateur Alexandre Sache pour la ligne Miss Dior de Marc Bohan, avec des slogans tels que « C’est non non non et non ! » (1969), typiques de la vague contestataire de l’époque.
Des textes d’historiennes de la mode
Plus qu’une somme visuelle, ce recueil, qui se veut didactique, contient un ensemble de textes d’historiennes de la mode consacrés à cet accessoire symbolique : Maria Luisa Frisa, professeure à l’Institut universitaire d’architecture de Venise (IUAV), Claire Allen-Johnstone, conservatrice adjointe des textiles, de la mode et du mobilier au Victoria and Albert Museum, à Londres, Elda Danese, chercheuse spécialiste de l’histoire du textile à l’IUAV, et Emilie Hammen, professeure à l’Institut français de la mode.
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