Le fabricant et éditeur français Roset (marques Ligne Roset et Cinna) lance, cette année, la plus grande réédition de mobilier de son histoire, avec une première salve de dix-huit pièces signées Pierre Guariche (1926-1995). Explications du président du groupe, Michel Roset, 75 ans, alors que d’autres modèles du créateur sont dans les cartons.
Pourquoi avoir choisi aujourd’hui d’éditer Pierre Guariche ?
Avec Pierre Guariche, c’est un peu l’histoire d’un rendez-vous manqué. Quand je suis rentré du service militaire, dans les années 1970, pour m’impliquer dans l’entreprise familiale, passée d’une fabrique de cannes pour ombrelles, fondée en 1860 par mon grand-père, à celle de chaises, mon père, Jean Roset, avait pris le tournant du design contemporain. Dans l’explosion créative des années 1970, il avait saisi l’opportunité de pérenniser notre affaire en se tournant vers le client particulier. Il a commencé à travailler avec Michel Ducaroy, créateur en 1973 du Togo, ce siège-coussin symbole de toute une génération. Croqué par Claire Bretécher dans ses albums de bande dessinée Les Frustrés, il a fait de nous une marque non conventionnelle, voire subversive. Jusqu’à nos jours, puisque ce canapé au ras du sol, vendu à plus de 1,5 million d’exemplaires, a encore le vent en poupe. L’idée nous était venue de collaborer avec Pierre Guariche, mais cela ne s’est pas fait, peut-être parce que c’était l’époque de ses grands chantiers.
Parmi les designers talentueux d’après-guerre – les « jeunes loups », disait-on –, vous avez choisi de rééditer d’abord Pierre Paulin…
Dès 2006, j’ai approché Pierre Paulin pour rééditer certaines de ses créations. Ainsi est sorti, à partir de 2008, le sofa Pumpkin aux rondeurs sensuelles, conçu à l’origine pour les appartements privés de Claude et Georges Pompidou au palais de l’Elysée. Pierre Paulin a contribué, avec nous, à le moderniser et à le rendre plus confortable. Idem pour une dizaine de ses meubles qui sont toujours en vente chez Ligne Roset, comme le bureau épuré Tanis, une version contemporaine du bureau CM141. Si j’ai accepté, à la demande des ayants droit, de rééditer Pierre Guariche en 2024, c’est que l’esprit de légèreté et d’économie des matériaux avec lequel il avait répondu au besoin de meubles en grande série dans une France en reconstruction fait écho à notre philosophie d’entreprise du patrimoine vivant : meubler pour durer intelligemment, respectueusement, en restant beau. Ses créations astucieuses, élégantes et compactes n’ont pas pris une ride, comme le canapé deux places et la table de repas extensible que nous rééditons.
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