Le suspect de la tentative de meurtre du premier ministre slovaque, Robert Fico, est passé samedi 18 mai devant le tribunal pénal de Pezinok, au nord-est de Bratislava. Il a été renvoyé en détention provisoire parce que « l’on craint une évasion potentielle ou que l’activité criminelle se poursuive », a déclaré Katarina Kudjakova, la porte-parole du tribunal. La décision du tribunal suit la requête présentée vendredi par le procureur, qui a inculpé le suspect de tentative de meurtre avec préméditation.
L’homme, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur M. Fico mercredi, et l’a touché à quatre reprises. Les faits se sont déroulés alors que M. Fico saluait ses partisans après une réunion du gouvernement délocalisée à Handlova, dans le centre de la Slovaquie. Il a été transporté à l’hôpital par hélicoptère et y a subi une intervention chirurgicale qui a duré cinq heures.
M. Fico, en poste depuis que son parti populiste centriste, le SMER, a remporté les élections générales à l’automne 2023, a subi une nouvelle intervention de deux heures vendredi. « L’intervention chirurgicale d’hier, qui a duré deux heures, a contribué à un pronostic positif sur l’état de santé du premier ministre », a déclaré samedi la ministre de la santé slovaque, Zuzana Dolinkova, aux journalistes.
« Si le tir était parti quelques centimètres plus haut, il aurait atteint le foie du premier ministre », a raconté le ministre de l’intérieur, Matus Sutaj Estok, à la chaîne de télévision TA3.
Le ministre de la défense et vice-premier ministre, Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a affirmé devant les journalistes que ce dernier était conscient. « Je ne pense pas qu’il puisse être transporté à Bratislava dans les prochains jours, car son état est encore grave », a-t-il poursuivi.
Il a ajouté que les médecins avaient retiré tout ce qui était potentiellement infectieux de ses blessures au cours de l’opération de vendredi. « Il faudra quatre ou cinq jours à l’organisme pour commencer à surmonter de telles blessures, mais nous n’en sommes pas encore là », a souligné M. Kalinak, se félicitant de la bonne forme physique du chef du gouvernement, connu pour être un adepte de la course à pied et de la musculation.
Le pays profondément choqué
M. Fico effectue son quatrième mandat en tant que premier ministre après avoir fait campagne sur des propositions de paix entre la Russie et l’Ukraine, pays voisin de la Slovaquie, et sur l’arrêt de l’aide militaire à Kiev, ce que son gouvernement a fait par la suite.
La tentative d’assassinat a profondément choqué ce pays de 5,4 millions d’habitants, membre de l’Union européenne et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, déjà fortement divisé sur le plan politique depuis plusieurs années.
La présidente pro-occidentale sortante, Zuzana Caputova, et son successeur, Peter Pellegrini, un allié de M. Fico qui prendra ses fonctions en juin, ont appelé leurs concitoyens slovaques à s’abstenir de toute « confrontation » après l’agression. Ils ont convoqué une réunion de tous les chefs de partis parlementaires pour mardi afin de faire preuve d’unité à la suite de l’attentat. Mais certains hommes politiques ont déjà lancé des accusations contre leurs adversaires, les accusant d’être à l’origine de l’attentat.
Robert Kalinak, vice-premier ministre et plus proche allié de M. Fico, a critiqué vendredi les hommes politiques de l’opposition et certains médias pour avoir qualifié M. Fico de criminel, de dictateur ou de serviteur du président russe Vladimir Poutine avant l’attentat. « Tous ces mensonges sont la principale raison pour laquelle Robert Fico se bat aujourd’hui pour sa vie », a-t-il déclaré dans un message publié sur le site Internet de la SMER.
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