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En Slovaquie, le commanditaire présumé du meurtre du journaliste Jan Kuciak de nouveau acquitté en appel

Vendredi 19 mai, le tribunal a jugé insuffisantes les preuves de l’implication directe du sulfureux homme d’affaires Marian Kocner en dépit d’un « haut niveau de suspicion ». En 2018, l’assassinat du jeune reporter avait provoqué une vague de manifestations qui avait poussé le premier ministre populiste d’alors, Robert Fico, à la démission.

Par  (Vienne, correspondant régional)

Publié le 19 mai 2023 à 20h19, modifié le 19 mai 2023 à 21h10

Temps de Lecture 3 min.

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L’homme d’affaires Marian Kocner, le 19 décembre 2019, à Pezinok, en Slovaquie. L’homme d’affaires Marian Kocner, le 19 décembre 2019, à Pezinok, en Slovaquie.

Plus de cinq ans après un double assassinat qui avait choqué toute la Slovaquie, le mafieux Marian Kocner a été de nouveau acquitté, en appel cette fois, vendredi 19 mai. Il était accusé d’avoir commandité le meurtre du jeune journaliste d’investigation Jan Kuciak et de sa compagne, Martina Kusnirova, survenu en février 2018. « Même un haut niveau de suspicion ne signifie pas que l’accusé est coupable », a fait valoir Ruzena Sabova, la présidente du tribunal spécialisé dans le crime organisé de Pezinok, dans la banlieue de Bratislava, en confirmant, à la surprise générale, la décision d’acquittement prononcée en première instance, en 2020.

L’assassinat du couple à son domicile avait profondément choqué ce pays d’Europe centrale, déclenchant en 2018 un mouvement de protestation inédit depuis la fin du communisme, en 1989. Après des semaines de manifestations, le premier ministre d’alors, le national-populiste de gauche Robert Fico, accusé d’avoir laissé proliférer la mafia, avait été forcé de démissionner. Il avait ensuite largement perdu les élections législatives de 2020 après de multiples révélations sur sa proximité avec M. Kocner, identifié par les enquêteurs comme le commanditaire du meurtre.

Menaces et pactes de corruption

Aujourd’hui âgé de 60 ans, cet oligarque avait mis la main, en coulisses, sur une bonne partie des élites politiques et judiciaires proches de M. Fico, à coups de menaces et de pactes de corruption. S’il a aussi été établi sans doute possible qu’il avait menacé et placé sous surveillance Jan Kuciak dans le but de discréditer les nombreuses révélations dérangeantes publiées par ce journaliste de 27 ans sur le site Aktuality.sk, les juges d’appel ont, en revanche, de nouveau estimé vendredi qu’il n’est pas certain que le mafieux avait commandité son assassinat.

Tout au long de la procédure, M. Kocner, qui purge par ailleurs une peine de dix-neuf ans de prison pour une de ses nombreuses fraudes, a toujours clamé son innocence dans l’assassinat. « Je ne suis pas un saint, mais je ne suis pas non plus un meurtrier », a-t-il encore affirmé au dernier jour de son procès en appel. Or, « les preuves fournies doivent prouver sans équivoque et avec le plus haut degré de certitude que l’accusé est la personne qui a commis l’acte », a estimé la juge, en faisant jouer le bénéfice du doute dans le même sens qu’en première instance.

Lire aussi le reportage (2020) : Article réservé à nos abonnés En Slovaquie, les aveux du tueur du journaliste Jan Kuciak

M. Kocner a notamment pu profiter du sens ambigu des messages saisis sur son téléphone. Prudemment, il avait l’habitude de communiquer de façon très métaphorique avec sa confidente, Alena Zsuzsova, qui a, elle, été reconnue coupable, vendredi, d’avoir recruté l’équipe de tueurs et a été condamnée à vingt-cinq ans de prison. Le verdict de vendredi fait de cette femme, sans véritables ressources connues, la seule commanditaire du double assassinat, en estimant qu’elle aurait pu l’organiser dans le dos du mafieux parce qu’elle aurait « eu peur de perdre ses revenus » si son bienfaiteur était mis en prison. Avec le même motif, elle a aussi été reconnue coupable d’avoir essayé de faire éliminer deux procureurs parce qu’ils enquêtaient sur les affaires de M. Kocner.

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