D’habitude, Frantisek Miko est trompettiste dans l’orchestre de la présidence slovaque. Mais ce samedi 31 octobre, ce militaire est aux avant-postes d’une opération que le premier ministre de ce petit pays d’Europe centrale, Igor Matovic, a comparé « au débarquement de Normandie ». Comme l’ensemble de l’armée, le musicien a été mobilisé pour organiser le test des 5,5 millions de Slovaques. « Les forces armées sont parvenues à organiser cela au mieux au vu du temps qui leur était imparti », vante le militaire en treillis, en faisant visiter fièrement l’école de Bratislava qui lui a été assignée.
Les habitants du quartier sont autorisés à entrer au compte-gouttes dans le bâtiment. Après un bref prélèvement dans le nez, ils sont invités à patienter une vingtaine de minutes dans la cour de récréation. La Slovaquie a en effet opté pour des tests antigéniques. Plus rapides que les tests PCR classiques, mais aussi moins fiables, ils sont disponibles en France, sans ordonnance, depuis samedi.
En cas de résultat négatif, un certificat bleu est remis, qui fera office de laissez-passer pour circuler librement durant les prochaines semaines dans le pays. Les malades doivent, eux, immédiatement se mettre en quarantaine. « Sur 168 tests, nous n’en avons pour l’instant eu aucun positif », raconte le soldat en fin de matinée, avant de prendre sa pause déjeuner.
A l’entrée, une armada de volontaires accueillent bénévolement les habitants. En plus des 6 000 soldats, le pays a mobilisé 5 000 policiers et l’ensemble de son personnel médical. Ce sont en effet des médecins ou des étudiants en médecine qui pratiquent les prélèvements. L’Autriche et la Hongrie ont aussi envoyé 250 praticiens en renfort. Seuls les enfants de moins de 10 ans et les personnes âgées sont dispensés de test. Ceux qui refusent de se faire tester doivent se mettre en quarantaine pendant dix jours.
Eviter l’instauration d’un strict confinement
Si le Luxembourg et Monaco ont déjà proposé à leur population de se faire tester, aucun pays européen n’a encore réalisé une campagne d’une telle ampleur, et surtout sur un seul week-end. Tout cela a pour but d’éviter l’instauration d’un confinement aussi strict que dans le reste de l’Europe, tandis que la deuxième vague frappe fortement une Slovaquie presque complètement épargnée par la première.
Alors que plusieurs hôpitaux du pays sont à la limite de leur capacité, le premier ministre slovaque a promis que l’opération permettrait de sauver « des centaines de vies ». « Les tests antigéniques peuvent détecter rapidement les personnes à forte charge virale, les plus touchées. Leur isolement peut influencer l’évolution défavorable actuelle de la situation épidémiologique », a ainsi expliqué le directeur général de la santé, Jan Mikas, en implorant ses concitoyens de venir se faire tester.
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