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Taïwan déterre les crimes de la dictature de Tchang Kaï-chek

Le deuxième mandat de la présidente Tsai Ing-wen sera décisif pour le chantier de la justice transitionnelle, un travail de mémoire par lequel l’île se démarque de la Chine.

Par  (Taipei, envoyé spécial)

Publié le 04 juin 2020 à 11h17

Temps de Lecture 6 min.

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La présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, consulte une liste de victimes de l’ère Tchang Kaï-chek, à Taipei, le 5 octobre 2018. La présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, consulte une liste de victimes de l’ère Tchang Kaï-chek, à Taipei, le 5 octobre 2018.

Condamné à douze ans de prison en 1971 pour un attentat qu’il n’a jamais commis, Fred Chin, 71 ans, aura attendu l’année 2019 pour voir révoquer le verdict qui lui vola sa jeunesse. Lors de la cérémonie qui l’innocenta le 7 juillet avec plusieurs milliers d’autres victimes, la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, prit le micro : « Tout comme un bout de papier vous a envoyé en prison, un bout de papier vous déclare innocent », reconnut-elle, admettant qu’il restait encore beaucoup à accomplir.

Réélue triomphalement en janvier, Mme Tsai, dont le deuxième mandat a débuté le 20 mai, entend bien mettre les bouchées doubles en matière de « justice transitionnelle », le processus consistant à solder les comptes de la « terreur blanche » de Tchang Kaï-chek, durant la loi martiale à Taïwan, entre 1949 et 1987. L’enjeu n’est pas que mémoriel : il s’agit pour la démocratie taïwanaise de creuser l’écart, d’un point de vue moral, avec une Chine continentale engluée dans l’autoritarisme. Alors que, le 4 juin, l’anniversaire du massacre de Tiananmen, il y a trente et un ans, est passé sous silence en Chine, l’agence taïwanaise en charge des affaires chinoises a appelé mercredi Pékin à « réexaminer l’incident du 4 juin » et « à présenter au peuple des excuses sincères ».

Seconde présidente du DPP, le Parti démocrate progressiste issu de la lutte contre la dictature, après Chen Shui-bian (2000-2008), Mme Tsai fut la première à donner à son parti une majorité absolue au Parlement, renouvelée lors des législatives de janvier 2020. C’est une condition sine qua non pour aller au-delà des mesures prises dans ce domaine par ses prédécesseurs, de Chen Shui-bian (2000-2008) du DPP, alors dépourvu des armes législatives nécessaires, à Ma Ying-jeou (2008-2016) du Kouomintang (KMT), l’ex-parti unique, qui se posait en défenseur de la démocratie mais se préoccupait avant tout de veiller au grain.

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L’offensive porta d’abord sur le patrimoine colossal du KMT, qui dut se défaire, au nom d’une loi de restitution des actifs mal acquis, d’une grande partie de ses possessions et filiales. L’audit des crimes de la dictature commence en mai 2018, avec la mise en place d’une Commission de justice transitionnelle dotée d’un large mandat en matière d’enquête et d’accès aux archives. Mais elle attire la controverse dès septembre de cette année-là, quand les propos « fuités » dans la presse de son directeur adjoint sur le passé douteux d’un candidat KMT aux municipales de 2018 permettent à ce parti de l’accuser d’être à la solde du DPP, alors qu’elle est censée être indépendante.

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