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Joe Biden dans le piège de son soutien à Israël

Le projet américain de résolution évoquant « un cessez-le-feu immédiat » à Gaza s’est heurté aux veto de la Chine et de la Russie, qui voulaient infliger un revers diplomatique à Washington. Le président des Etats-Unis paie au prix fort son alignement sans réserves sur les positions israéliennes au début du conflit.

Publié le 23 mars 2024 à 10h37 Temps de Lecture 2 min. Read in English

Jour après jour, les Etats-Unis enchaînent les humiliations au Proche-Orient. Le vendredi 22 mars, un projet de résolution évoquant « la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat » à Gaza s’est heurté aux veto de la Chine et de la Russie au Conseil de sécurité des Nations unies. Rejoints par Alger, Pékin et Moscou, qui souhaitent pourtant publiquement un arrêt des combats, ont jugé le texte « hypocrite » parce qu’il ne contenait pas un appel explicite à ce que les armes se taisent.

Ce faisant, ils ont privé de levier le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, en visite le jour même en Israël. Ce dernier s’est heurté au premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui a écarté d’un revers de main ses réserves à propos d’un éventuel assaut militaire israélien contre Rafah, la dernière ville de la bande de Gaza à n’avoir pas été la cible des opérations destructrices de l’armée israélienne. Plus d’un million de Palestiniens y sont concentrés dans des conditions précaires, alors que le spectre de la famine plane sur la bande de terre.

Il fait peu de doute qu’en bloquant le projet de résolution américain la Chine et la Russie ont moins pensé au sort des Palestiniens qu’à l’opportunité d’infliger un revers diplomatique aux Etats-Unis. Ce calcul est d’autant plus cynique que la question palestinienne est l’une des rares à faire l’objet d’un consensus entre grandes puissances sur l’objectif à long terme de création d’un Etat palestinien.

Washington peut cependant difficilement s’indigner. Depuis le début de la crise ouverte par les massacres de civils israéliens par le Hamas, le 7 octobre 2023, suivi de la riposte meurtrière et dévastatrice d’Israël afin de détruire la milice islamiste et de libérer les otages capturés à cette occasion, les Etats-Unis ont mis à trois reprises leur veto à des projets de résolution aux Nations unies, dont deux proches de celui qu’ils ont présenté vendredi. Ils ont multiplié par ailleurs les livraisons de munitions à l’armée israélienne, alimentant des carnages à répétition dont sont majoritairement victimes des civils palestiniens.

Durcissement de ton

Le président Joe Biden paie ainsi au prix fort son alignement sans réserves sur les positions israéliennes au début du conflit, faute d’avoir pris la mesure de l’actuelle coalition au pouvoir en Israël, la plus extrémiste de l’histoire du pays. Il a de même gravement sous-estimé la capacité de Benyamin Nétanyahou de se maintenir au pouvoir coûte que coûte, en dépit du rejet dont il fait l’objet du fait du fiasco sécuritaire lors des massacres du 7 octobre.

Le durcissement progressif du ton à l’égard de l’Etat hébreu opéré depuis le mois de février n’a produit pour l’instant aucun effet. En guise de message de bienvenue à Antony Blinken, le gouvernement israélien a d’ailleurs annoncé le 22 mars la saisie de 800 hectares de terre en Cisjordanie occupée, la plus importante depuis la signature des accords d’Oslo, en 1993, selon l’organisation pacifiste israélienne Shalom Akhshav.

Ces humiliations subies par les Etats-Unis ne concernent pas que leur image. Elles compromettent également toute perspective diplomatique à moyen terme dans la région. Elles exposent enfin le président démocrate au risque d’une abstention sanction, lors de la présidentielle de novembre, de la part de segments de son électorat, notamment les jeunes et les Afro-Américains, indignés par cette diplomatie de l’impuissance.

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