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L’affaiblissement de l’OMC, facteur de tensions

Le sommet de l’Organisation mondiale du commerce à Abou Dhabi devrait se clore sur deux accords limités alors que les tensions commerciales se doublent d’une dimension stratégique et géopolitique qui menace de dégénérer.

Publié le 27 février 2024 à 11h00, modifié le 27 février 2024 à 11h17 Temps de Lecture 2 min. Read in English

Le contraste est saisissant entre les modestes ambitions du sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui vient de s’ouvrir à Abou Dhabi (Emirats arabes unis) et les bouleversements qui sont à l’œuvre dans les échanges internationaux. La 13conférence ministérielle, qui s’achèvera jeudi 29 février, tentera d’aboutir à la signature d’un accord limité sur l’interdiction des subventions à la pêche et d’un autre sur le commerce électronique. Pendant ce temps, les tensions commerciales s’accentuent entre les trois principales zones d’échanges du monde : les Etats-Unis, l’Union européenne (UE) et la Chine.

Cette situation paradoxale n’est pas surprenante pour autant. En bloquant le fonctionnement de l’organe d’appel de l’OMC, instance indispensable au règlement des différends commerciaux, les Etats-Unis, sous l’impulsion de Donald Trump, sont parvenus à leurs fins : débrancher un outil essentiel du multilatéralisme pour lui substituer la loi du plus fort. Ce choix a été repris à son compte par son successeur, Joe Biden, ouvrant ainsi une période d’incertitudes qui est en train de prendre des proportions inquiétantes.

Le protectionnisme désormais assumé par les Etats-Unis pour endiguer la montée en puissance d’une Chine accusée de ne pas respecter les règles de l’OMC n’a qu’imparfaitement atteint ses objectifs. Alors que les barrières douanières et les mesures de rétorsion envers l’empire du Milieu se multiplient, le déficit commercial américain continue de se creuser. Pour amorcer une véritable réindustrialisation, les Etats-Unis n’ont pas hésité à contrevenir aux règles de l’OMC en lançant un gigantesque plan de subventions dans le domaine de la décarbonation, l’Inflation Reduction Act (IRA).

Les Européens hésitent

La politique de sanctions américaines, loin de persuader la Chine de rentrer dans le rang, n’a fait qu’inciter Pékin à chercher des échappatoires. Confronté à une sévère crise immobilière, le pays a accéléré sur la production industrielle. Des investissements massifs et une politique de subventions publiques ciblées ont créé des surcapacités qui aujourd’hui cherchent à s’écouler à l’export, menaçant de déstabiliser l’économie mondiale. Le marché des énergies renouvelables et des véhicules électriques risque ainsi de connaître un déferlement de produits chinois à bas coûts, qui pourrait être fatal à l’industrie européenne.

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Pris au dépourvu, les Européens hésitent sur la stratégie à suivre. Certes, Bruxelles fait preuve de davantage de réactivité que par le passé. Des enquêtes antidumping sont en cours en Chine, tandis qu’une taxe carbone aux frontières est entrée en phase de test en octobre 2023. Le défi pour l’UE consiste à faire front commun, alors que la Chine cherche déjà à aggraver les dissensions entre les Vingt-Sept. Trouver un alignement entre les intérêts européens et les aspirations des grandes entreprises allemandes, qui restent très dépendantes de leur activité en Chine, s’annonce délicat.

Dans cette confrontation mondiale, l’UE est la zone qui a le plus à perdre. Son modèle s’est construit sur les règles du multilatéralisme qui sont devenues inopérantes avec l’affaiblissement de l’OMC. Or, il y a peu de chance que l’institution de Genève retrouve à court terme un rôle majeur. Ce vide doit être néanmoins comblé, car les tensions commerciales se doublent d’une dimension stratégique et géopolitique qui menace de dégénérer. La communauté internationale a tout intérêt à se doter d’une architecture pour piloter cette coordination macroéconomique avant que les déséquilibres ne deviennent incontrôlables.

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