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« S’il ne fait rien sur ses émissions de CO₂, le transport maritime sait parfaitement qu’il ira dans le mur »

En dressant le parallèle avec le secteur aérien, le géographe Antoine Frémont pointe, dans un entretien au « Monde », les efforts à fournir de la filière maritime pour atteindre la neutralité carbone.

Propos recueillis par 

Publié le 28 avril 2024 à 15h00, modifié le 29 avril 2024 à 14h15

Temps de Lecture 1 min.

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Le premier porte-conteneurs au monde propulsé au gaz naturel liquéfié lors de son lancement, à Shanghai, le 25 septembre 2019. Le premier porte-conteneurs au monde propulsé au gaz naturel liquéfié lors de son lancement, à Shanghai, le 25 septembre 2019.

Antoine Frémont est géographe, enseignant au Conservatoire national des arts et métiers et titulaire de la chaire Transports, flux et mobilités durables. Il appelle à une meilleure conscientisation de la filière maritime en matière de climat.

Qu’est-ce qui a déclenché la prise de conscience climatique du secteur maritime ?

Comme dans l’aérien, les choses ont bougé dès que l’opinion publique a pris la mesure des émissions de CO2 en mer. Peu à peu, l’idée s’est diffusée que les bateaux ne pouvaient plus faire totalement ce qu’ils voulaient. Cela rappelle les marées noires. Il a fallu de grandes catastrophes pour que, sous la pression de l’opinion, la législation évolue et torde le bras des compagnies maritimes, notamment aux Etats-Unis et en Europe.

Lire aussi le décryptage (2023) | Article réservé à nos abonnés Quel est l’impact climatique du transport maritime ?

Toute la filière est-elle en mouvement aujourd’hui ?

Le transport maritime sait parfaitement que, s’il ne fait rien, il ira dans le mur. C’est une remise en cause existentielle qui démarre avec les compagnies les plus en pointe, comme dans l’aérien, là encore. Actuellement, ce sont les grands transporteurs de conteneurs qui montrent la voie. Ils ont d’autant moins le choix que les gens entendent parler des superprofits de ces entreprises, depuis la fin de la pandémie de Covid-19. On le voit en France avec [le troisième armateur mondial] CMA CGM, qui se diversifie dans l’[acqusition de] médias, ou au Danemark avec Maersk, désormais perçu comme un pilier de l’économie mondialisée.

Où en est-on réellement ?

D’après les études du cabinet norvégien DNV, plus de la moitié des nouvelles commandes de bateaux n’ont plus recours au fioul conventionnel. Mais, parmi les nouvelles solutions, 40 % sont au gaz naturel liquéfié, une énergie fossile. Nous sommes donc entrés dans une phase transitoire, car le parc ne saurait être transformé du jour au lendemain.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés La filière maritime réfléchit à sa révolution verte

A quand remonte la précédente rupture technologique ?

C’était au XIXe siècle, quand le transport maritime est passé de la voile à la vapeur et que l’on a adopté le diesel. La voile n’a pas été effacée d’un coup, à l’époque. Dans l’océan Indien, du reste, il existe encore des boutres à voile qui assurent le transport de marchandises. Quand une révolution de cette ampleur se produit, il y a toujours un effet cumulatif. Une innovation ne remplace jamais complètement une technologie existante.

L’Europe a-t-elle une carte à jouer ?

Il est intéressant de voir que les Etats-Unis misent tout sur la technologie. Avec leur dispositif de lutte contre l’inflation, ils investissent dans l’innovation plutôt que de modifier la réglementation. En Europe, c’est le contraire. Quant à la Chine, elle fait un mélange des deux. Ce qui est sûr, c’est que les nouveaux carburants du maritime comme de l’aérien supposent de produire en amont de l’hydrogène. Il va falloir des quantités phénoménales d’hydrogène vert, et donc d’électricité verte. C’est le nouveau nerf de la guerre.

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