SÉLECTION OFFICIELLE - EN COMPÉTITION
Cinéaste français apprécié du grand public, régulièrement salué par la critique et familier du Festival de Cannes où il créa le choc en 2009 avec Un prophète, avant de remporter la Palme d’or en 2015 avec Dheepan, Jacques Audiard fait partie de ceux dont la venue sur la Croisette est attendue.
La règle se confirme cette année, qui annonce de surcroît l’incursion, à 72 ans, du cinéaste dans un nouveau registre. La comédie musicale. Cerise sur le gâteau, celle-ci se tient dans le milieu des cartels mexicains de la drogue. L’alliance frôle l’oxymore. Et réjouit avant même que l’on découvre de quoi il en retourne. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises.
Le début donne le « la ». Avec une offre qui, malgré la morale, ne se refuse pas. Rita (Zoe Saldana), une jeune avocate brillante sous-exploitée par le cabinet qui l’emploie, en tout cas, ne tergiverse pas longtemps. Lorsque Manitas, un redouté chef de cartel, la contacte et lui propose 12 millions de dollars pour qu’elle lui trouve la crème des chirurgiens esthétiques, elle fonce tête baissée. L’affaire, néanmoins n’est pas mince et la conduira sur plusieurs continents.
Une distance joviale
Pour cause, le gars dont on parle – carrure de rugbyman, voix caverneuse, visage grêlé, tatoué sous les yeux – n’a d’autre volonté que celle de devenir une… femme. C’est dire l’étendue du boulot ! Mais, ce rêve, il le caresse depuis l’enfance. Aujourd’hui, désireux de changer de vie, il se sent prêt à franchir le pas. Au prix de se faire passer pour mort auprès de sa femme, Jessica (Selena Gomez), et de ses deux enfants.
Quelques mois plus tard, passons les détails, voilà le caïd – totalement métamorphosé en Emilia (Karla Sofia Gascon) – de retour à Mexico, où lui prend l’envie de recontacter Rita (qui n’en croit pas ses yeux). Car s’il est femme, désormais, il n’en est pas moins un père qui se languit de ses enfants. Il souhaite les revoir. Rita, en passe d’être sa meilleure amie et alliée, n’a pas d’autre choix que de fondre. Elle l’aidera.
Le stratagème trouvé ne naît pas de la cuisse de Jupiter mais a ses chances. Emilia se présentera aux enfants en prétendant être leur tante. Banco. Tout le monde y croit, son ex-femme comprise, que le veuvage rend prompte à accueillir chez elle quelqu’un qui a si bien connu son mari.
Dans une comédie musicale, il est permis de rêver. D’aborder quelques-uns des thèmes de l’époque avec une distance joviale. Et de croire que changer d’apparence – accessoirement en devenant une femme – suffit à rendre bon. Comme il était prévu, la vie d’Emilia va alors prendre un virage à 180 degrés…
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