Le caricaturiste tunisien Tawfik Omrane a été relâché, vendredi 22 septembre, au lendemain de sa garde à vue pour des dessins critiquant le premier ministre, Ahmed Hachani, a-t-on appris auprès de sa famille. « Mon père a été libéré à 2 h 30 [1 h 30, heure de Paris], mais doit se présenter le 25 septembre devant le tribunal de première instance de Tunis », a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) sa fille Aya.
M. Omrane avait été placé en détention provisoire, jeudi, pour « atteinte à autrui » après qu’il eut publié sur les réseaux sociaux des caricatures critiques du chef du gouvernement de la Tunisie, Ahmed Hachani, a fait savoir son avocat, Me Ayachi Hammami, à l’AFP.
Il avait été arrêté jeudi vers 17 heures, heure locale, à son domicile de Megrine, dans la banlieue sud de Tunis, et conduit vers un poste de police, où il a été interrogé pendant trois heures à propos de deux caricatures publiées au début d’août sur sa page Omrane Cartoons qui critiquent le choix de M. Hachani au poste du chef du gouvernement, a précisé l’avocat. Un procureur a décidé de le placer en détention provisoire à l’issue de cet interrogatoire, a-t-il ajouté.
« C’est une autre violation contre la liberté de l’expression qui touche cette fois un grand caricaturiste », a déploré Me Ayachi Hammami, également un opposant à la politique du président tunisien, Kaïs Saïed.
Le premier ministre tunisien a affirmé dans un communiqué diffusé par ses services qu’il n’avait « rien à voir » avec l’arrestation du caricaturiste, ajoutant l’avoir apprise « par les médias ».
« Intimidation »
Agé de 64 ans, Tawfiq Omrane s’est fait connaître depuis les années 1980 par ses dessins politiques. Son arrestation a été vivement critiquée sur les réseaux sociaux par de nombreuses figures de la société civile qui ont dénoncé « une atteinte contre les libertés ».
Le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Mehdi Jelassi, a réclamé « la libération immédiate » du caricaturiste. Le SNJT et des ONG locales et internationales dénoncent régulièrement un recul des libertés en Tunisie depuis que le président, Kaïs Saïed, s’est arrogé les pleins pouvoirs, le 25 juillet 2021. Ces ONG dénoncent également « l’intimidation » des journalistes par des poursuites judiciaires et par des interpellations « purement politiques ».
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