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Au deuxième jour du procès du meurtre d'Arthur Noyer, Nordahl Lelandais s'excuse : "Désolé, Arthur..."

JOURNAL DE BORD. Nordahl Lelandais a livré sa version des faits sans être interrogé. Il a choisi de le faire en s'adressant au portrait de sa victime, Arthur Noyer. Par ailleurs, l'image flatteuse qu'il a présentée a connu quelques avanies au gré des témoignages de ses ex-partenaires sexuels.

Sans vraiment convaincre de sa sincérité, Nordahl Lelandais s'est adressé au portrait d'Arthur ce mardi. Sans vraiment convaincre de sa sincérité, Nordahl Lelandais s'est adressé au portrait d'Arthur ce mardi.
Sans vraiment convaincre de sa sincérité, Nordahl Lelandais s'est adressé au portrait d'Arthur ce mardi. © Radio France - Valentin Pasquier pour France Bleu

Le portrait d'Arthur, apporté par ses parents depuis l'ouverture du procès à Chambéry, a mission d'affirmer sa présence, par delà la mort, et aussi de déstabiliser le monolithe. La force de Lelandais est de s'en servir dans un moment clé, il retourne la difficulté, il l'utilise. La demande de pardon qu'il ne parvient pas à formuler en affrontant le regard des parents, il la propose à ce portrait figé : "Désolé Arthur... je sais que tu es face à moi. Désolé pour ta famille qui est peinée d'entendre ce que je raconte..." Nordahl Lelandais sanglote, un peu, les yeux rougis, en fixant le visage de sa victime, posé au sol. Les parents semblent saisis, plus qu'émus, par cette adresse si directe, le tutoiement de l'homme qui a tué leur fils. 

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Ensuite, Nordahl Lelandais redonne sa version d'un auto-stoppeur, ivre, énervé qui le frappe à deux reprises à la lèvre. Lui ne fait que répliquer, en somme. Il ne s'attarde pas sur ses propres coups. Il prend son temps pour décrire le jeune homme à terre. "A un moment, il tombe en arrière, je le vois KO. Je réécoute s'il y a de l'air dans sa bouche, je mets un doigt au niveau... (long silence) de sa carotide. Je tente un massage cardiaque". Ces gestes du parfait secouriste laissent songeur. Lelandais livre sans hésitation son récit. Il maîtrise, y compris son moment d'émotion.  

Des désirs pas communs

Le gendre idéal apparu à l'aube du procès a vu ce mardi sa fleur bleue se faner à l'exposition du tableau de chasse. Le Don Juan de l'Avant-Pays savoyard. 20 ans/30 ans/40 ans/50 ans... Homme ou femme. La palette sexuelle du vorace est sans limite. Et le séducteur adore filmer les ébats, parfois à l'insu de ces dames qui se retrouvent dévoilées sur des sites licencieux. Devant la cour, durant six heures, les témoignages de cinq relations bousculent l'assurance du "nouveau Nordahl" entrevu la veille. Il n'est pas si "normal" que cela. La première conquête citée à la barre, lycéenne à l'époque, "avait bien conscience d'être un plan cul" au gré des chemins isolés, ou dans la voiture de Christiane Lelandais - ce qui nous a valu la veille cette réaction clinique de la maman "Oh ! Tant qu'il a pas sali ma voiture !" La deuxième décrit des besoins sexuels au-dessus de la moyenne privilégiant l'insolite : capots de voiture, toilettes, ou en promenant le chien. 

La première conquête à témoigner, lycéenne à l'époque
La première conquête à témoigner, lycéenne à l'époque © Radio France - Valentien Pasquier

Maître Jakubowicz tente de restaurer l'image du dernier romantique en lisant la lettre de sept pages que son client a envoyé à l'une de ses dulcinées. Des bisous, des cœurs dessinés. "Nono" "ton lapin" "ton beignet". "Pensez-vous, madame, que beaucoup de femmes ont reçu de telles lettres d'amour ?" Réaction de Juliette à la missive de Roméo : "Ça me donne très envie de vomir." Réhabilitation ratée.

Lorsqu'on demande à Richard de résumer les désirs sexuels de Lelandais, il synthétise : "Pas communs". De fait. Richard est un jeune gay de 30 ans contacté sur un site spécialisé. Une dizaine de rapports et 800 SMS échangés, tous très hard. Richard témoigne avec beaucoup de courage. Il n'oublie aucun détail. Le voici donc, avec Nordahl, au bord du lac d'Aiguebelette. Richard, de latex vêtu, joue un scénario d'enlèvement, enfermé dans le coffre de l'Audi avec un Lelandais déguisé en militaire. Godes, menottes, laisse... Pas commun en effet. Mais il n'a "jamais senti le danger"

Le profil libertin prend des contours plus inquiétants, beaucoup moins "ludiques". L'accusé trompe à tour de bras, mais il ne supporte pas qu'on le quitte. Un grand classique. Un peu moins classique dans l'intensité de la réaction. "_Je vais te jeter du haut de la "Dent du chat", je vais te jeter sur le carrelage". S_errage de bras. Celle qui veut rompre est secouée comme une feuille de papier. Pour une autre, c'est encore plus extrême. Course-poursuite en voiture . "Je l'ai vu dans ses pupilles noires, je savais que j'allais mourir. Il me harcelait. Ça s'est fini quand il a été arrêté pour Maëlys". Ses deux plaintes ont été classées sans suites. 

Remis en cause par ces femmes, le gentleman frimeur secoue la tête en levant les sourcils frénétiquement, triturant ses doigts. Agacé. Intolérant à la frustration, dit l'accusation. Intolérant à la critique, c'est évident. Le presque quadragénaire a découvert le bouddhisme en prison, mais pour la première fois du procès, il perd sa posture zen. 

L'avocat qui se tait devant les journalistes

Vous avez entendu, sur France Bleu, maître Boulloud le défenseur des parties civiles, vous n'entendrez pas maître Jakubowicz, l'avocat de Nordahl Lelandais. Muet devant la presse depuis le début du procès. Un beau parleur aphone. De l'affaire Lelandais, il a écrit dans son livre "Soit je gagne, soit j'apprends" : "Le silence est le seul et peut être le meilleur moyen de communication". Alors Alain Jakubowicz daube avec un plaisir non dissimulé l'assaut quotidien des caméras et micros. "Un direct au 20 h de France 2 ... ha ha !  Vous n'y pensez pas, chère madame". S'il ne répond pas aux médias à l'extérieur, c'est pour mieux leur régler leur compte à l'intérieur de la salle des Assises, avec pour seuls spectateurs, les jurés. 

L'avocat muet devant la presse
L'avocat muet devant la presse © Radio France - Véronique Pueyo

Quand Richard, partenaire sexuel de l'accusé, déclare, secoué de pleurs, qu'il aurait pu finir comme le caporal Noyer, Alain Jakubowicz sort son atout maître : "Vous n'en savez rien, c'est parce que vous l'avez lu dans la presse !" Afin de discréditer une femme persuadée que Nordahl Lelandais allait la tuer, il la dénonce, elle est sur une chaîne de télé d'info continue avec ce bandeau-titre "Il a essayé de me tuer". "Ça tourne en boucle !" Il désigne à présent C8 et Cyril Hanouna dont on n'aurait pas pensé qu'il avait sa place dans ce procès. Un pseudo journaliste affirme chez Hanouna qu'il a eu ce témoin au téléphone la veille de sa déposition. Elle réfute, mais la témoin, vous l'aurez compris, est grillée.  

Diversion pour installer l'idée que Lelandais est une création purement médiatique. Éconduire les médias pour mieux les vilipender à l'audience. Stratégie de défense qu'il va user jusqu'à la corde. Le président de la cour lui fait quand même remarquer que, s'il n'avait pas mentionné ces émissions racoleuses, "on n'en saurait rien", on n'en aurait jamais parlé. "D'ailleurs, moi, je ne les regarde pas"

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