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Odeurs d'égout et remontées d'eaux usées, une résidence suffoque à Montpellier

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Les pannes récurrentes du système d'évacuation excèdent les habitants de la résidence Saint-Lazare à Montpellier. Douze familles sur 15 veulent porter l'affaire en justice.

Résidence Saint-Lazare à Montpelllier Résidence Saint-Lazare à Montpelllier
Résidence Saint-Lazare à Montpelllier © Radio France - Valentin BERTRAND

C'est (presque) devenu une obsession pour Nadia Maroudi. Descendre au sous-sol pour s'assurer que les eaux usées s'évacuent correctement. Une préoccupation propre à la résidence Saint-Lazare, située au nord des Beaux-Arts à Montpellier. 

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"Ça recommence" Une flaque à l'odeur repoussante est en train de grossir au pied de la pompe de relevage. Un appareil censé déverser les eaux usées dans les égouts.

Fuite d'eaux usées dans le sous-sol de la résidence Saint-Lazare à Montpellier
Fuite d'eaux usées dans le sous-sol de la résidence Saint-Lazare à Montpellier © Radio France - Valentin BERTRAND

"Si ça continue comme ça, dans trois jours ça touche l'ascenseur", s'affole-t-elle. La fuite sera finalement résorbée avant. Ce qui n'a pas été le cas un mois plus tôt, en juin. L'ascenseur est alors resté hors service plusieurs semaines, le temps que le sous-sol soit entièrement vidangé. Une situation "invivable" pour Nadia Maroudi qui se déplace en fauteuil roulant et ne pouvait plus accéder à son garage.

Nadia Maroudi
Nadia Maroudi © Radio France - Valentin BERTRAND

Dans son appartement, au rez-de-chaussée, rien d'anormal au premier abord. C'est en poussant la porte qui donne sur la salle de bains, qu'une odeur désagréable apparaît. Des relents de canalisations permanents, dit-elle. Et lorsque la pompe se bouche, des eaux usées sont même remontées jusque dans sa baignoire. Résultat, elle a déserté sa chambre, adjacente aux sanitaires.

"Je ne peux pas utiliser cette chambre parce que j'étouffe à chaque fois que j'y rentre. Et c'est de pire en pire." - Nadia Maroudi

Elle dort donc dans son salon. Des conditions qui rendent amère cette mère de deux enfants, qui pensait avoir trouvé la perle rare en entrant dans cet appartement en septembre 2019. Un logement moderne d'une centaine de mètres carrés pour lequel elle verse un loyer de 700 euros.

Même désillusion, à l'étage du dessus, dans le T2 où vivent Ilhame Abderrahmane et son mari : 

"On vit avec les odeurs des égouts. Ce sont les odeurs du sous-sol qui remontent par la douche. C'est dégueulasse." - Ilhame Abderrahmane

Enceinte de huit mois, Ilhame Abderrahmane est partie vivre chez sa mère depuis mars pour ne plus subir cette gêne olfactive entêtante : "Ça me fait peur de vivre-là avec un enfant. Ce n'est pas normal."

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Un dialogue de sourds

Après avoir alerté le bailleur pendant plus d'un an, plusieurs résidents se sont alliés. Ensemble, ils ont payé le déplacement d'un huissier de justice. Première étape avant de porter l'affaire en justice. 

De son côté, le bailleur social (Promologis) reconnaît "le préjudice" enduré par ses locataires. Mais Pierre Clergue, le directeur "proximité clients" de la société, rejette la faute sur le syndicat de copropriété, en charge des parties communes : 

"On partage le mécontentement de nos locataires. Aujourd'hui, la gestion et l'entretien réalisés par le syndic ne sont pas acceptables." - Pierre Clergue

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Depuis un an, des améliorations ont tout de même été apportées au système d'évacuation. Une cuve de rétention a ainsi été ajoutée, ce qui a permis de faire diminuer la fréquence des débordements, sans les éradiquer pour autant.

Pierre Clergue reconnaît qu'un "problème de conception" existe depuis la livraison du bâtiment, il pointe néanmoins le "manque de réactivité" de Stéa Fit (l'entreprise exerçant le rôle d'un syndicat de copropriété) lorsque qu'un bouchon survient dans l'installation. Tout comme le nettoyage "insatisfaisant" du sous-sol après les incidents de pompe. L'huissier de justice a notamment relevé la présence de "nombreux cadavres de vers" laissés à même le sol.

Chez Stéa Fit, on dénonce en revanche la négligence voire la _"_dégradation volontaire" de certains habitants. Des serpillères et des lingettes ont par exemple été retrouvées dans le système d'évacuation.

Un constat qui n'explique pas tout, selon Pierre Clergue, représentant de Promologis, qui estime qu'une surveillance et un nettoyage accrus de la pompe de relevage auraient permis d'éviter plusieurs débordements. Promologis vient d'ailleurs d'adresser deux mises en demeure successives à l'entreprise Stéa Fit. Pour accroître la fréquence des contrôles et procéder à de nouveaux travaux.

Lors de la prochaine assemblée générale de copropriété, la question de l'avenir du syndic sera également sur la table, annonce Pierre Clergue :

"En septembre, on envisage également de changer de syndic." - Pierre Clergue

Malgré ce durcissement de ton entre le bailleur et son syndic, 12 locataires désabusés (sur 15) ont saisi un cabinet d'avocat montpelliérain pour porter l'affaire en justice.

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