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Urbanisme et intempéries à Ajaccio : Les bassins de rétention suffiront-ils ?

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Un mois après les inondations historiques qui ont touché les quartiers de Pietralba et des Salines, la crainte d'une "deuxième vague" pèse sur la population. D'autres infrastructures sont prévues. Elles ne suffiront pas, selon un ingénieur.

Vue du complexe immobilier du groupe Rocca, sur Budiccioni. D'aucun lui imputent une part de la responsabilité des dernières inondations. Vue du complexe immobilier du groupe Rocca, sur Budiccioni. D'aucun lui imputent une part de la responsabilité des dernières inondations.
Vue du complexe immobilier du groupe Rocca, sur Budiccioni. D'aucun lui imputent une part de la responsabilité des dernières inondations. © Radio France - Olivier Castel

En termes de bassins de rétention, il y a les privés, ceux prévus dans les projets, et les publics, ceux prévus dans les plans locaux d'urbanisme et les plans de prévention de risques inondation (PPRI). Le bassin de rétention des eaux pluviales de la Madunuccia, inauguré en 2009 avenue Noël Franchini, peut contenir jusqu'à 15 000 m3 d'eau. Mais l'orage intense ( jusqu'à 130 millimètres de pluie relevés en deux heures, sur une zone de quelques kilomètres carrés, selon les services de Météo France) a eu raison de sa capacité. Le bassin a été entièrement submergé par le torrent d'eaux et de boues qui a dévalé depuis Suartellu et le Stilettu (Mezzavia) jusqu'aux quartiers des Salini. 

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Les abords du basisns de rétention de la Madunnuccia, avec des traces encore visibles et des dégâts importants
Les abords du basisns de rétention de la Madunnuccia, avec des traces encore visibles et des dégâts importants © Radio France - Olivier Castel

Mais ces réalisations, prévues pour se multiplier dans le secteur en expansion de la rocade, suffiront-elles à régler le problème des eaux de pluie lors des gros orages ? Contacté, un ingénieur spécialiste du sujet, qui a tenu à garder l'anonymat, nous a donné son avis sur la question : 

"Le problème ne vient pas des bassins, me semble-t-il, mais des réseaux alentours, qui sont partiellement bouchés*, et aussi des très nombreuses constructions, aux alentours, et en amont. Elles imperméabilisent les sols à tout-va, sans toujours réaliser leur propre bassin de rétention. Elles (les sociétés de promotion, ndlr) sont pourtant dans l'obligation de le faire, pour les grosses opérations", précise notre source, avant d'avancer des idées selon elle plus judicieuses pour retenir les eaux de pluies. "Il faudrait supprimer tous les parkings en enrobé (mélange bitumineux utilisé aussi pour les routes, ndlr) pour privilégier les structures perméables, faire des toitures végétalisées... Il y a plein de solutions, mais on a vingt ans de retard, et cela ne gêne personne !". 

La Fédération départementale du BTP favorable à une nouvelle réflexion

En effet, il faut un bassin de rétention pour valider un dossier de permis de construire, par exemple, pour un programme immobilier tel que celui du Groupe Rocca, en amont de l'avenue. 800 logements - pour partie terminés - avec parkings sous-terrains, entre la Rocade et la Madunuccia. Nos demandes d’entretien à Patrick Rocca, promoteur, sont restées lettre morte. Le président de de la fédération du BTP de Corse-Du-Sud François Perrino, a bien voulu nous répondre. Il avance une hypothèse : "Ce phénomène de pluie est arrivé en cours de chantier, et peut-être que les bassins prévus au permis de construire pour ces résidences n'étaient pas encore réalisés..."

Et pour ce qui est des bassins à la charge des collectivités publiques, en l’occurrence, la municipalité, l’adjointe au maire en charge de l’urbanisme, Nicole Ottavy, explique que cinq bassins de rétention restent à construire.

"Celui de Pietralba, celui de l'hôpital du Sitlettu (dont la livraison accuse un retard de 5 ans), celui de la rue Martin Borgomano, et les deux d'ALzo Di Leva. [...] Les sols sont imperméabilisés par des constructions anciennes, qui ne prévoyaient pas de bassins de rétention. Aujourd'hui, on court derrière, on remonte le fil de l'eau !

C’est à dire derrière les permis délivrés sous l’ancien plan Local d'urbanisme. Le nouveau P.L.U, voté en 2019, est censé être plus strict, et limiter les zones à construire. De plus, il est désormais prévu que l'urbanisation ne se fasse plus terrain constructible par terrain constructible, mais zone par zone. Une réflexion à laquelle François Perrino s'est dit favorable. 

Sollicités, les services de l'Etat (Direction départementale des territoires et de la mer) n'étaient pas disponibles pour nous répondre.

*Suite aux inondations, le maire Laurent Marcangeli a annoncé le lancement d'un audit des réseaux d'écoulement des eaux de pluie, notamment ceux construits aux Salini, dans le cadre des travaux de rénovation urbaine du programme ANRU, réalisés ces dernières années, et qui précisément devaient limiter ces risques d'inondations.

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