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Immeubles effondrés rue de la Rousselle à Bordeaux : pourquoi le déblaiement commence quatre mois plus tard ?

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Plus de quatre mois après les effondrements de deux immeubles de la rue de la Rousselle à Bordeaux, le déblaiement des gravats commence à partir de ce mardi 2 novembre. Ces opérations doivent durer quatre semaines. En attendant, les habitants de la rue restent traumatisés.

Les opérations de déblaiement doivent débuter ce mardi et pour une durée de quatre semaines dans la rue de la Rousselle, à Bordeaux. Les opérations de déblaiement doivent débuter ce mardi et pour une durée de quatre semaines dans la rue de la Rousselle, à Bordeaux.
Les opérations de déblaiement doivent débuter ce mardi et pour une durée de quatre semaines dans la rue de la Rousselle, à Bordeaux. © Radio France - Yvan Plantey

Depuis les effondrements de la rue de la Rousselle, l'été a eu le temps de passer mais pas le traumatisme. Les pierres et gravats jonchent toujours le sol devant le 19 et le 21 qui s'intègrent désormais dans l'histoire de cette rue qui était, jusque-là, connue pour avoir abrité la famille d'un certain Michel de Montaigne. En cette nuit orageuse du dimanche 20 au lundi 21 juin, ces deux immeubles se sont effondrés et ont déraciné 130 habitants de cette rue. À partir de ce mardi 2 novembre, la municipalité va pouvoir engager le déblaiement de la voie.

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Ces opérations doivent durer au bas mot quatre semaines, "jusqu'à la fin novembre, voire début décembre", élargit l'adjoint au maire de Bordeaux en charge du logement et de l'habitat, Stéphane Pfeiffer. Les gravats doivent être retirés avec précaution car certains pourraient soutenir des pierres plus lourdes. "Il faut faire attention à cela pour les ouvriers, afin qu'il n'y ait aucun risque", prévient l'élu. Tout ce travail va être filmé et modélisé en 3D pour les besoins de l'enquête. Pour le moment, il assure que l'origine n'a toujours pas été déterminée.

Qui veut payer l'expert ?

Quatre mois après, les opérations débutent après avoir tardé pour plusieurs raisons. Une information judiciaire a été ouverte trois semaines après les faits et une juge d'instruction saisie sur le dossier. Pour autant, quelques jours après les effondrements, deux copropriétés (15 et 25), aidées par Me Marcilly, ont mandaté un expert à leurs frais pour pouvoir, un jour, déterminer les responsabilités de chacun. "Ça pourrait nous coûter, à terme, entre 100 000 et 200 000 euros", glisse l'un des habitants. Problème : certaines copropriétés ne veulent pas payer car elles estiment qu'elles sont moins concernées.

Ça pourrait nous coûter, à terme, entre 100 000 et 200 000 euros - un habitant d'une copropriété de la rue de la Rousselle

"On ne peut pas se substituer car c'est une procédure civile", rappelle Stéphane Pfeiffer. En clair : la ville ne peut pas couvrir des dépenses engagées par les habitants tels qu'ils les ont engagées. La municipalité a donc fait appel à un autre expert qui fait doublon mais qui a permis de décanter la situation.

Ce contretemps a largement retardé l'avancement de la "phase deux" prévue par la Ville. À titre de comparaison, le déblaiement a été bien plus rapide dans le cas de l'effondrement de l'immeuble de la rue Planterose, dans le quartier Saint-Michel, survenu une quinzaine de jours avant ceux de la rue de la Rousselle. Il a fallu attendre un mois et demi avant de voir les gravats disparaître contre plus de quatre longs mois pour celle qui est l'une des plus anciennes rues de la ville.

Une plaie encore à vif

Durant ces quatre semaines, les victimes et sinistrés vont éviter le secteur par peur de remuer des souvenirs douloureux. Anne-Laure se souvient encore des discussions qu'elle avait ce soir-là. "Avec une amie, on parlait justement des effondrements dans la rue Planterose quelques jours avant et on se demandait ce qu'on ferait. Une demi-heure après, on était dehors à chercher des victimes sous les gravats", raconte-t-elle avant d'être emportée par l'émotion. "C'est très traumatisant. Moi je ne veux plus retourner dans cet appartement", lâche-t-elle. À l'époque, le lieutenant-colonel Esselin parlait d'un "bilan presque miraculeux" à propos du fait que personne ne soit décédé. 

C'est très traumatisant. Moi je ne veux plus retourner dans cet appartement - Anne-Laure, habitante de la rue de la Rousselle

Une quarantaine de propriétaires et locataires se sont réunis, ce lundi midi, pour créer un collectif et porter une seule et même voix auprès de la municipalité. Dans la salle, Elena prend la parole un court instant pour signifier sa présence. Cette Espagnole, habitante de Séville, était dans l'immeuble au quatrième étage en train de danser avec des amis quand le sol et le plafond se sont subitement dérobés. "C'est encore bouleversant d'en parler", se contente-t-elle de nous répondre, presque gênée par sa pudeur.

Les propriétaires et locataires de la rue de la Rousselle se sont réunis au Frog & Rosbif ce lundi matin.
Les propriétaires et locataires de la rue de la Rousselle se sont réunis au Frog & Rosbif ce lundi matin. © Radio France - Yvan Plantey

Thomas Drouffe est à l'initiative de cette Association des Victimes et Sinistrés de la Rousselle. Il est désormais le "voisin de relogement d'Elena". Il raconte son quotidien : "Je découvre la profondeur de son traumatisme. Elle panique dès qu'il y a un bruit dans l'immeuble et vient taper à la porte pour demande ce qu'il se passe. C'est la seule personne qui a osé en parler. Les autres sont terrorisés." Il demande à ce que l'Agence régionale de santé (ARS) intervienne et crée un Collectif local d'aide aux victimes pour ce drame.

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