Vitesse - Femme au volant : sécurité au tournant

La Sécurité routière a choisi cette période de départ en vacances pour lancer une nouvelle campagne contre la vitesse. "On peut tout perdre en accélérant" : c'est le slogan qui a été retenu pour cette campagne. On ne regrette de rouler trop vite que lorsqu'il est trop tard, tous touchés, tous concernés, tous responsables. Ces notions sont destinées à sensibiliser les automobilistes qui roulent trop vite.

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La Sécurité routière rappelle que la vitesse excessive ou inadaptée "est présente dans un accident sur trois en 2015". Les comportements se relâchent, estime la Sécurité routière. L'Observatoire des vitesses remarque que la vitesse moyenne a augmenté de 4km/h sur les autoroutes limitées à 130km/h et de 2km/h sur celles qui sont limitées à 110km/h. "Rouler entre Paris et Lille (221km) à 10km/h au-dessus de la vitesse autorisée permet seulement de gagner 7 minutes", souligne la Sécurité routière.

En 2015, la mortalité a augmenté de 23,1% sur autoroute. Près d'un Français sur trois avoue dépasser les vitesses autorisées, indique un sondage BVA réalisé en mai 2016. Parmi eux, 6,8% le font souvent et 22% de temps en temps.

La nouvelle campagne de sensibilisation de la Sécurité routière s'articule autour d'un film intitulé "L’autoroute du soleil" à voir à la télévision et sur les réseaux sociaux. Le film raconte comment la vie d'une famille est brisée par un accident à cause d'une vitesse excessive.

Les femmes plus prudentes que les hommes au volant

La Sécurité routière indique que 83 % des auteurs présumés d’accidents mortels sont des hommes. "Ce n’est pas seulement une question de kilomètres parcourus", indique Marie-Axelle Granié, docteur en psychologie sociale du développement, "mais aussi une question de comportements sur la route. Les femmes en général, conduisent moins vite et commettent moins d’infractions. Elles sont plus prudentes que les hommes. Les hommes sont, plus que les femmes, dans la recherche de sensations à cause du niveau de testostérone élevé. Il y a aussi des facteurs culturels et sociaux. La prise de risque, la compétition, la domination, l’indépendance face aux règles, participent grandement à ce qui définit le masculin dans nos sociétés. Beaucoup d’hommes vont chercher à prouver leur virilité en se conformant à ces attentes sociales, en prenant des risques, en allant vite, en transgressant les règles".

Une question d'éducation

"Au contraire de l’homme, l’adage "femmes au volant, mort au tournant" associe le féminin avec l’incompétence au volant. Un signe de cette incompétence présumée serait leur lenteur au volant, comme elle est attribuée aux conducteurs âgés. Aller vite, c’est être un conducteur compétent, aller lentement, c’est être un conducteur incompétent. On éduque dès l’enfance les filles à l’idée qu’elles doivent prendre en compte les autres, s’occuper des autres, se soumettre à la volonté des adultes, obéir et éviter les risques, qui relèvent, eux, du masculin, parce qu’est véhiculée aussi l’idée que la fille est vulnérable, fragile. Cette plus grande prudence et conformité ne sont pas liées au sexe biologique, mais aux attentes sociales liées à la féminité.

La vitesse provoque une sensation de plaisir et de domination

"Le plaisir qu'on peut éprouver quand on roule vite est lié aux sensations associées à l’accélération qui colle au siège, à la route qui défile, mais également au sentiment de puissance qui, lui, est lié au fait de contrôler une machine puissante et de dépasser les autres, explique Marie-Axelle Granié. C’est aller vite, mais aussi aller plus vite que les autres qui engendre un sentiment de domination : domination de la machine et domination des autres".

Certaines situations favorisent aussi l'excès de vitesse. Plus la route est belle, moins le conducteur perçoit le risque de ses comportements. Quand la météo est bonne, quand le trafic est fluide, on roule plus vite.

Affirmer qu'on est bien un homme

"Dès la prime enfance, souligne Marie-Axelle Granié, les jouets à roues sont associés au garçon. La croyance selon laquelle conduire est une activité masculine est encore largement répandue dans nos sociétés. Dans ce cadre, les hommes seraient naturellement compétents. La prise de risque est d’ailleurs perçue, dès la pré-adolescence, comme un signe de compétence pour la conduite. Dans ces conditions, "rouler" vite signifie que l’on maîtrise la conduite, et maîtriser la conduite c’est affirmer qu’on est bien un homme".

Pourquoi certains roulent trop vite

Selon Marie-Axelle Granié, pour respecter les limitations de vitesse, il faut "trouver en soi des raisons d'accepter ce contrôle qu'on s'impose à soi-même" mais il faut aussi résister à la pression des autres. Il faut comprendre l'utilité de la règle et les conséquences potentielles de son comportement pour soi et les autres dans leur ensemble et pas seulement les personnes qui nous sont chères explique le docteur en psychologie sociale du développement.

Les conducteurs qui voient une contrainte dans la limitation de vitesse ne perçoivent pas leur comportement comme un comportement à risque. Ils trouvent tout un tas de raisons pour ne pas respecter la règle. Par exemple, ils estiment qu'il n'y pas de raison de ne pas rouler vite la nuit quand il n'y a personnes, selon eux, sur la route. Ce sont les mêmes qui freinent brusquement aux abords des radars pour accélérer après.