CHRONOLOGIE - Le GCO à Strasbourg : des décennies de polémique
Le grand contournement ouest de Strasbourg pourrait voir le jour au début des années 2020, après le coup d'envoi donné aux travaux fin août 2018. Ce serait l'aboutissement d'un projet aussi ancien que décrié.
Sur la table depuis les années 1970, relancé à la fin des années 1990, le projet de grand contournement ouest de Strasbourg est une autoroute à péage de 24 km destinée à contourner l'agglomération strasbourgeoise pour délester l'autoroute A35, toujours saturée.
Années 90 : premiers débats
Si l'idée d’un contournement routier de Strasbourg est évoquée dès les années 70, c'est dans les années 90 qu'elle se concrétise. Des études préliminaires sont menées sur le projet.
- Octobre 1999 : ces études débouchent sur le lancement d’un grand débat, dit “débat Bianco”. Au Palais des congrès de Strasbourg, sept réunions sont organisées avec des acteurs politiques, socio-économiques et associatifs.
- Juillet 2000, le ministre des transports Jean-Claude Gayssot approuve les conclusions du débat public et donne son accord pour lancer les études correspondantes
Années 2000 : naissance d’un projet et de sa contestation
- 2003 : c'est la naissance du collectif GCO non merci qui réunit des agriculteurs, des maires des communes à l'ouest de Strasbourg et des écologistes. Les agriculteurs dénoncent les pertes de terres agricoles, les écologistes rejettent une solution "100% routière" et les élus s'insurgent contre contre les nuisances que va générer la nouvelle route.
- 2003 : le GCO est retenu dans une liste de 50 projets prioritaires par le Comité interministériel d'aménagement du territoire
- 2005 : manifestation anti-GCO. 250 tracteurs se déploient sur le tracé du projet.
- 2005 toujours : une expertise est commandée au cabinet allemand TTK par GCO Non merci. Le collectif demande que le projet soit confronté à d’autres solutions : la priorité absolue aux transports en commun sans investissements routiers et un scénario multimodal combinant des investissements routiers alternatifs associés au développement des transports en commun. L’expertise est défavorable au projet.
Enquête et déclaration d'utilité publique
- Juin et juillet 2006 : c'est l’enquête publique relative à la construction du GCO. Les opposants mènent campagne, mais aussi les partisans que sont la CCI et la Chambre de métiers : les représentants de l’industrie, du commerce et de l’artisanat voient dans le GCO une solution aux bouchons qui causent d’importants retards aux entreprises.
- Juin 2006 : 2000 manifestants contre le GCO. Roland Ries, futur maire de Strasbourg, alors dans l'opposition municipale, voit dans le GCO “la mauvaise réponse à la question posée”.
- 2008 : adoption de la déclaration d'utilité publique (DUP). GCO non merci dépose de multiples recours en annulation.
- 2010 : un nouveau décret confirme la DUP. En juin, 2000 personnes descendent à nouveau dans la rue contre le GCO.
2012 - 2014 accélération, coup de frein puis ça redémarre
- Janvier 2012 : le groupe de BTP Vinci est désigné “seul concessionnaire pressenti”. Le décret permettant la signature du contrat est transmis au Conseil d’Etat. Les élus socialistes et écologistes au conseil régional d’Alsace accusent le gouvernement Fillon de vouloir passer en force avant la présidentielle (avril et mai 2012).
- Juin 2012 : Vinci se voit retirer le projet. Des opposants -dont la municipalité strasbourgeoise socialiste, affirment que le groupe de BTP n’avait pas réussi à réunir le financement nécessaire. Vinci affirme de son côté que le dossier aurait pu être bouclé dans les délais.
- Octobre 2012 : contre-offensive de la CCI et de la Chambre de métiers qui commandent un sondage à TNS Sofres. Dans cette étude, réalisée auprès d’un millier de dirigeants économiques bas-rhinois, 81 % des personnes interrogées approuvent le GCO. Ils considèrent à 71 % que l'activité économique souffre de l'engorgement de l'A35. La CCI lance l'initiative GCO 2016-Tous gagnants.
- Novembre 2012 : une nouvelle expertise est demandée au Conseil général de l'environnement et du développement durable. Dix mois plus tard, le CGEDD préconise une relance du projet, légèrement amendé
.
2014-2018 : dans le vif du sujet
- Février 2014 : le gouvernement de Jean-Marc Ayrault relance le GCO. Le projet “reconfiguré” est présenté comme “ plus modeste”. Il a le soutien de la communauté urbaine et de la mairie de Strasbourg, du conseil général du Bas-Rhin et du conseil régional d'Alsace.
- Juin 2014 : la première cabane anti-GCO est installée sur le tracé.
- Octobre 2015 : Vinci (via la filiale Arcos) est à nouveau choisi pour construire, puis exploiter le GCO sur 54 ans.
- Courant 2016 : de nouvelles cabanes voient le jour. Les opposants organisent la première "fête du Bishnoï". On parle de ZAD par allusion à la zone d'aménagement différé, devenue "zone à défendre" à Notre-Dame-des-Landes.
- Septembre 2016 : début des travaux préparatoires. Des opposants les bloquent à Kolbsheim.
- Octobre 2016 : près de 2000 manifestants à Strasbourg.
- Mars 2017 : le tribunal administratif rejette le recours d’Alsace nature contre le GCO.
- Octobre 2017 : le gouvernement suspend les opérations de déboisement, en attendant un nouvel avis du Conseil national de protection de la nature (CNPN) qui s'était prononcé contre en juillet.
- Janvier 2018 : l'Etat donne son feu vert au GCO et prolonge la DUP. Il passe donc outre l'avis du CNPN, mais promet des mesures suffisantes pour compenser l'impact de l'autoroute sur les zones naturelles.
Septembre 2018 : le lancement du chantier
- Au cours du premier semestre 2018, le projet est agité de soubresauts : en juin, par exemple, la commission d'enquête publique rend un avis défavorable pour des questions environnementales. D'autres instances, comme l'Agence française pour la biodiversité se sont prononcés contre.
- Pour les adversaires du GCO, lancer le chantier est un déni de démocratie. Le préfet donne pourtant son feu vert au début du chantier le 31 août, affirmant que le projet respctera "des prescriptions environnementales inédites et particulièrement exigeantes".
- Le 10 septembre, les forces de l'ordre interviennent pour évacuer la ZAD de Kolbsheim. Plus de 500 gendarmes sont mobilisés. Une députée européennes est blessée par les gaz lacrymogènes reçus en plein visage.
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