Une virée à Gerbéviller, au café-quincaillerie et chez le pompiste

Gerbéviller, on connait surtout pour son histoire très liée à la Première Guerre mondiale. On parlait alors de "Gerbéviller la martyre" quasi intégralement ravagée et visitée à cette occasion par de nombreuses grandes personnalités de l'époque, venues rendre hommage à la population : Maurice Barrès, Aristide Briand, René Viviani, Raymond Poincaré ou Paul Deschanel. On connaît aussi Gerbéviller pour son patrimoine assez exceptionnel, le château et la formidable chapelle Palatine qui date du XVe siècle et avait été réaménagée au XVIIIe siècle pour être offerte comme asile au pape alors menacé d'expulsion (voir à ce propos l'histoire de l'unification de l’Italie). 

Tout ça, c'est très beau, mais connaissez vous le café-quincaillerie de Béatrice et le pompiste André ? Pour une commune de 1 300 habitants, on trouve encore pas mal de commerces, moins qu'avant, certes, moins qu'il y a 50 ans comme le raconte André de façon marrante : "il y a cinquante ans, il y avait ici 17 bistrots et vous pouviez très bien partir de chez vous tout nu et rentré tout habillé après un tour en ville", André expliquant ainsi qu'il y avait de tout, magasins de  vêtements, de chaussures, peut-être même de chapeaux... André et Lucette Blosse, son épouse, ont une particularité et c'est rarissime en France. Ils servent eux-mêmes à la pompe. Aujourd'hui, c'est surtout André (81 ans) et son fils qui font le service. Donc, pas de changement depuis plus d'un demi-siècle, pas de self-service. 

Encore plus rarissime, à quelques centaines de mètres de la station service d'André, près de la gare, Béatrice Bertrand tient un café-quincaillerie. Elle vend également des aliments pour bétail. A l'origine, c'était un bistrot tenu par la famille depuis quatre générations et au fil du temps de nouvelles activités sont venues se greffer au café. Béatrice a même ajouté, dans la salle du bistrot, la vente de vêtements d'occasion. Quant à la quincaillerie, elle est très bien achalandée et (précisons-le, c'est important) elle vend à l'unité... quand on a besoin de trois clous, on n'achète pas une boîte de 100 clous ! Chez Béatrice, on trouve aussi des bonbons madeleines de Proust (plus de cinquante ans, sortez les mouchoirs, ça va vous rappeler des bons souvenirs). 

Allez, un petit coup de gueule pour finir cette chronique (et cette saison) : Il n'y a pas foule dans son café-quincaillerie. Pensons-y pendant les vacances et après : quand les petits commerces indépendants disparaissent de nos villages ou de nos quartiers de ville, on pleure et on râle contre internet, contre les grandes zones commerciales, contre Amazon, contre les réglementations... et on a raison de râler, mais il faut commencer par le commencement et fréquenter ces commerces. Pour finir votre balade dans ce très beau secteur rural de la Meurthe-et-Moselle, je vous conseille aussi le bistrot associatif de Moyen, le village d'à côté. Ca se passe dans l'ancien presbytère. Ambiance joyeuse et terrasse dans le jardin. C'est divin. Horaires sur facebook.com/barassounpeudepiment/