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Disparition des abeilles : sommes-nous en danger de mort ?

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Les abeilles subissent de plein fouet l'utilisation de pesticides, les attaques des frelons asiatiques, mais aussi le dérèglement climatique. Il est néanmoins possible de les aider au jardin.

Les abeilles sont fragilisées par l'utilisation de pesticides et le dérèglement climatique.
Les abeilles sont fragilisées par l'utilisation de pesticides et le dérèglement climatique. © Getty - Jacques Julien

"S'il n'y a pas d'abeilles, il n'y a pas de pollinisation, donc il n'y aura pas de fruits. Il faut faire très attention. C'est qu'on fait avec des bandes enherbées." Éric Gargouil est producteur de pommes à Charroux. Il est en mesure de constater concrètement comment se portent les abeilles. Dans la démarche d'un verger écoresponsable, il fait venir les ruches d'un apiculteur pour assurer une bonne pollinisation.

Jean-Marie n'y va pas par quatre chemins : "pour moi, la solution existe, il faut attaquer le mal à la racine, supprimer les pesticides, qui non seulement portent un préjudice lourd aux abeilles, mais aussi aux utilisateurs et au public". En cause : les néonicotinoïdes, ces insecticides les plus utilisés au monde, hautement toxiques, car ils pénètrent dans toute la plante. Ces produits ralentissement le développement des abeilles, elles perdent le sens de l'orientation et ne retrouvent plus la ruche, ne reconnaissent plus les fleurs, voient leurs défenses immunitaires diminuer. Les betteraviers français bénéficient d'une dérogation du gouvernement, annoncée en avril 2024, pour pouvoir utiliser un insecticide pour lutter contre les pucerons. Jean-marie fait un constat amer "il y a de moins en moins d'hirondelles, de moineaux. Il n'y a pas que les abeilles, il y a les insectes aussi. Il y a 30 ou 40 ans, quand on circulait en voiture, il y avait une quantité incroyable d'insectes qui s'écrasaient sur le parebrise".

Pour favoriser les pollinisateurs, abeilles, guêpes, bourdons, il faut leur offrir un espace riche en biodiversité et faire comme Jean-Marie qui n'utilise aucun produits chimique dans son jardin. Eliane a observé que son jardin attire les abeilles grâce à une grande diversité de plantes, comme la bourrache, le trèfle blanc, les pâquerettes, toutes fleurs très mellifères. Fin mai, c'est la période où les abeilles viennent dans nos jardins "parce qu'il n'y a plus rien dans les champs en ce moment" constate Thierry Gargot président de l’association d’apiculteurs L’Abeille de la Vienne.

Piéger les frelons asiatiques

Les abeilles domestiques vivent en colonie dans les ruches, contrairement aux abeilles sauvages qui doivent fabriquer leur nid. "Chez les abeilles solitaires, toutes les ouvrières meurent, seule la reine qui hiberne passe l'hiver. Après, elle pond et redémarre. C'est la même chose chez les frelons asiatiques" explique Thierry Gargot, Pour les abeilles domestiques, le scénario est tout autre. "En fin d'été, au mois de septembre, la reine pond des œufs. Des abeilles vont naître, on les appelle les abeilles d'hiver. Elles vont vivre jusqu'en février-mars. Elles vont maintenir la chaleur pour maintenir la vie dans la ruche et nourrir les larves qui naissent encore."
Le frelon asiatique est un vrai problème, car il s'attaque aux ruches et décime les colonies d'abeilles. Dès le mois de mars, il faut installer des pièges : "on met du vin blanc, du sirop de fruit pour que ce soit bien sucré et un peu d'alcool, puisque les abeilles ne sont pas attirées par l'alcool".

"Les colonies sont faibles et on sera peut-être même obligé de les nourrir"

Une disparition programmée des abeilles ? Thierry Gargot est sceptique. "J'ai du mal à y croire. Mais quand même, les abeilles pollinisent 80 % des plantes à fleurs. C'est vrai que si elles disparaissent, notre alimentation pourrait changer." Inquiétant quand on sait que 90% de la vitamine C que nous consommons vient de la pollinisation. Faute de butineurs, Christine a été obligée il y a trois ans de polliniser elle-même ses fleurs de courgette... Les abeilles subissent les longues sécheresses, les températures caniculaires, le gel tardif, les orages de grêles, les vents violents… Les conditions climatiques du printemps 2024 ne sont pas très encourageantes. Par rapport à l'année dernière, Thierry Gargot a divisé par cinq sa production. "Les colonies sont faibles et on sera peut-être même obligé de les nourrir avant la prochaine récolte." Il faut dire que les apiculteurs essaient de tirer le maximum de production de leurs ruches. "Avant, on récoltait une fois à l'année, vers le 15 août, maintenant, on fait trois quatre récoltes."

Du "miel" avec du... sirop de sucre

Le miel est réputé depuis des millénaires pour sa qualité nutritive, Mais attention, au miel qui n'est pas du miel. Il représente environ 30% des miels vendus en grande surface. La provenance du miel est une vraie question. La Commission européenne a publié, en mars 2023, une enquête sur 320 échantillons de miels importés. Dans 46% des cas, ils étaient fortement suspectés de déroger aux règles de l'Union européenne. En cause ? L'ajout de sirop de sucre destiné à faire baisser le prix du produit. Car oui, le prix du miel a bien augmenté ces dernières années. Mais c'est le prix d'une production française de qualité. Acheter du miel auprès d'un apiculteur local est un bon moyen de soutenir une filière qui souffre.

Si vous constatez la présence d'un essaim près de chez vous, il faut réagir très vite, dans les 24h, pour le récupérer. L’Abeille de la Vienne propose sur son site internet les coordonnées d'apiculteurs susceptibles d'intervenir pour récupérer l'essaim d'abeilles. Dans certains cas, il faut se résigner à détruire l'essaim, si celui-ci peut s'avérer dangereux, car trop près d'une habitation.

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