La bonne gouvernance d'une entreprise a toujours joué un rôle important dans la façon dont les investisseurs et les autres parties prenantes perçoivent les organisations. Ces dernières années, l'importance des questions environnementales et sociales s'est accrue, sous l'effet du changement climatique, de la dégradation de l'environnement et de l'accroissement des inégalités sociales.

Ces trois domaines sont collectivement regroupés sous l'appellation ESG et représentent le point de référence pour les marchés financiers en ce qui concerne les activités de développement durable des entreprises. Pour ces dernières, les rapports ESG présentent un certain nombre d'avantages, notamment la réduction du coût du capital, la capacité d'attirer des actionnaires sur le long terme et le positionnement des entreprises en tant qu'employeurs responsables auprès des futurs talents.  

La CSRD, une directive qui change la donne dans le domaine des rapports ESG

La directive européenne sur les rapports d'entreprise sur le développement durable (CSRD), qui succède à la directive sur les rapports non financiers (NFRD), entrée en vigueur le 1er janvier 2024, rendra obligatoire l'établissement de rapports sur le développement durable pour environ 50 000 entreprises européennes, ce qui représente plus de 75 % du chiffre d'affaires total des entreprises européennes et des grandes entreprises extracommunautaires ayant une présence significative dans l'UE.

Par le biais de cette directive, la Commission européenne exige des entreprises qu'elles publient des informations sur les risques et les opportunités liés aux questions sociales et environnementales, ainsi que sur l'impact de leurs activités sur les personnes et l'environnement. La directive encourage le passage à la neutralité carbone et à l'utilisation efficace des ressources, conformément au Green Deal de l'UE, en exigeant des rapports d'avancement sur ces questions.

Les normes de rapport du CSRD sont très exhaustives. L'objectif est de couvrir tous les aspects essentiels du reporting et de garantir la comparabilité. En outre, le processus de production d'un rapport CSRD peut varier en fonction de plusieurs facteurs, tels que la structure organisationnelle d'une entreprise et sa maturité en termes de finance durable. Cependant, cinq étapes fondamentales s'appliquent à la plupart des organisations qui s'engagent dans la voie de la conformité à la directive CSRD.  

Les données : Le nerf de la guerre

Le principal défi du CSRD n'est pas la production du rapport, mais la collecte et la consolidation des données nécessaires. Cela représente un défi pour les entreprises, et ce pour plusieurs raisons. Plus précisément, la propriété des données dans les entreprises n'est généralement pas entre les mains d'une seule personne et les différents domaines concernés relèvent généralement de la responsabilité de différents départements. Les entreprises doivent donc impliquer ces différents services, identifier les responsabilités correspondantes et établir une structure de gouvernance solide pour mener à bien le projet de conformité à la CSRD.

Même dans le cas rare d’une entreprise mono-produit et qui dispose d'un seul site d'exploitation, le rapport CSRD est très complexe en raison du grand nombre de sujets et de points de données à collecter. Dans le cas de grands groupes opérant à l'échelle mondiale, les données à collecter peuvent facilement augmenter de façon exponentielle. En outre, les données qui doivent être collectées et analysées doivent aussi inclure aussi celles venant des filiales ou des sites d'exploitation situés à l'extérieur du pays de référence.

La CSRD exige également que les organisations divulguent leurs émissions de gaz à effet de serre et l'impact sur le développement durable de leurs chaînes de valeur, y compris de de leurs fournisseurs et de leurs partenaires. Ce sujet est un point sensible pour les entreprises. Si les données relatives à la chaîne de valeur ne sont pas disponibles, les entreprises doivent, dans le cadre de la directive CSRD, expliquer les efforts déployés pour collecter les données, les raisons pour lesquelles elles n'ont pas pu collecter les données, et leurs stratégies pour pouvoir collecter ces données à l'avenir.

La collecte et le reporting des données CSRD sont donc extrêmement complexes. Des enjeux importants pour une entreprise peuvent ne pas l'être du tout pour une autre. En outre, la CSRD ne repose pas uniquement sur des données quantitatives, elle implique aussi et surtout le suivi des pratiques, des initiatives et des actions mises en œuvre par l'entreprise en relation avec sa gouvernance et sa stratégie.  

L’outil indispensable pour effectuer son rapport de durabilité

Une solution logicielle SaaS peut permettre aux entreprises de relever les défis précédemment évoqués. Ce type de plateforme permet la collecte et la consolidation ciblées des données tout en respectant des exigences qualitatives et quantitatives. Par exemple, des KPIs spécifiques peuvent être collectés en un seul clic à partir de différents sites tout en contactant les différentes parties prenantes au sein de l'entreprise.

En outre, les PME en particulier, qui sont indirectement touchées en tant que fournisseurs, manquent souvent des structures nécessaires ainsi que des ressources humaines et financières pour fournir les informations pertinentes dans le cadre de la directive CSRD. Celles-ci peuvent également bénéficier de plateformes dotées d'outils de veille stratégique et de traçage du CO2, qui facilitent la collecte et l'évaluation des données, rendent les workflows plus transparents et optimisent les processus.

Maîtriser les complexités de la CSRD peut être une tâche ardue pour toute entreprise. Cependant, relever ce défi ne signifie pas seulement se conformer à de nouvelles lois mais également de démontrer l’engagement en faveur d'un avenir durable, acquérir un avantage concurrentiel, améliorer son image de marque et attirer les investisseurs qui accordent de l'importance à la question du développement durable et de responsabilité sociale.

Enfin, il est important de souligner le fait que la CSRD est qu’une étape dans le long parcours ESG que les entreprises vont devoir suivre. En mars dernier, après de longues négociations, la Commission européenne a finalement réussi à s’accorder sur un nouveau texte imposant aux entreprises un devoir de vigilance en matière de durabilité. Il s’agit de la CSDDD et qui impose aux entreprises de s’attaquer à leurs impacts négatifs sur l’environnement comme sur les droits humains, y compris dans leurs chaînes de valeur à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Europe.

L’objectif de cette directive est de renforcer la transparence des entreprises européennes sur leurs impacts en matière de droits humains et d'environnement. La proposition de la CSDDD a été adoptée le 24 avril 2024 au Parlement européen et l'adoption formelle sera finalisée après les élections européennes et ensuite elle devra être transposée en loi nationale par les différents États membres d'ici à 2026.

Par Vincent Canu, Country Manager d’osapiens France