Pénuries de médicaments, concurrence de la vente en ligne, heures supplémentaires... Les pharmacies de garde sont en grève ce week-end en Bretagne, comme partout en France. Mais alors, en cas de blessure ou de maladie, sera-t-il compliqué de se faire soigner ?
5 pharmacies de garde en grève la nuit en Ille-et-Vilaine, en ce week-end de Pentecôte. Et des chiffres comparables dans les départements voisins. Mais alors, en cas de blessure ou de maladie, sera-t-il compliqué de se faire soigner ?
Non...
Car les pharmacies déclarées en grève seront réquisitionnées.
"Il n'est pas question d'avoir des patients en otage, le service sera assuré" explique Noëlle Davoust, coprésidente de l’Union des Syndicats de pharmaciens d'officine pour la Bretagne.
Mais...
La mobilisation va, pour elle, bien au-delà du symbole.
Par cette grève - une première depuis dix ans - les pharmaciens souhaitent mettre en évidence les situations critiques qui mettent à mal leurs conditions de travail et le service de soin aux patients.
Pénurie de médicaments et conditions de travail dégradées
Des tiroirs anormalement vides... et des colis avec un tiers seulement de la quantité commandée. Émilie Marie, pharmacienne rennaise, ne connaît que trop bien cette situation.
Depuis deux ans, elle passe chaque semaine une dizaine d'heures supplémentaires à chercher où passer commande d'antibiotiques "classiques" ou de médicaments contre la tension.
"J'ai commandé 988 boîtes de cette référence. J'en ai reçu 377. De nombreuses références sont en rupture"
Une pénurie qui pénalise directement les patients... Et un des motifs de la grève.
Réquisitionnée ce lundi de Pentecôte, Émilie Marie ne baissera pas son rideau, mais informe les patients de l'existence d'une pétition qui résume leurs revendications.
"La maison pharmacie brûle"
Heures supplémentaires pour tenter de trouver des solutions à la pénurie, inflation galopante, missions élargies, concurrence de la vente en ligne : les pharmaciens dénoncent des conditions de travail dégradées.
Si on nous donne pas les moyens d'assumer nos missions, le risque c'est la fermeture des officines de proximité et un service à la population en détresse
Noëlle Davoust, Pharmacienne et coprésidente de l’USPO Bretagne
Pour Noëlle Davoust, "la maison pharmacie brûle".
L'Union des Syndicats de pharmaciens d'officine souhaite porter auprès de l'Assurance maladie ces revendications et ouvrir des négociations sur les rémunérations.
Mobilisation nationale le jeudi 30 mai
Cette grève des pharmacies de garde est une première étape avant la journée du jeudi 30 mai, journée de mobilisation nationale. Une action qui s'annonce très suivie d'après les syndicats.
L'accès au soin sera à nouveau assuré par des pharmacies réquisitionnées, mais elles ne seront qu'un minimum par secteur. De quoi frapper plus fort en assurant cette fois le service d'un dimanche... en pleine semaine.
